Citations sur Sépulcre (26)
Non, Meredith ne comprenait pas qu'on puisse considérer que l'avenir était d'une certaine façon déjà écrit. C'était absurde, et bien trop fataliste à son goût. Une manière de ne pas assumer pleinement sa propre vie, de s'en remettre à une instance supérieure, et non à soi-même, pour mener sa barque.
Ce que nous appelons civilisation est juste une façon pour l'homme d'essayer d'imposer au monde naturel ses propres valeurs. Les livres, la musique, la peinture, toutes ces constructions qui ont tant occupé nos compagnons de ce soir cherchent à capturer l'âme de ce qui nous entoure. Une façon de donner du sens, d'ordonner nos expériences humaines en quelque chose de mesurable, de maîtrisable.
- Je ne la juge pas, répliqua Léonie, piquée au vif. C'est juste que... je n'ai pas envie de mener ce genre de vie.
- L'amour, le véritable amour, est une chose infiniment précieuse, Léonie, continua Isolde. Il est douloureux, inconfortable, il nous fait faire des folies, mais c'est lui qui donne couleur et sens à l'existence. Oui, l'amour est la seule chose qui puisse nous tirer de notre morne condition pour nous amener à une dimension plus haute, plus sublime.
(...) elle savait d'expérience que la vérité, aussi pénible fût-elle, valait toujours mieux que le doute ou l'ignorance, qui vous empêchaient de tirer un trait sur le passé et d'aller de l'avant.
L'histoire antique de la contrée s'ouvrait aux yeux émerveillés de Léonie telle les pages d'un livre. Et toujours , la présence complice de la rivière qui courait sous le soleil et sur les pierres , jouant à cache-cache avec eux , apparaissant , disparaissant , montrant le reflet doré de son eau entre les branches entremêlées des saules , les guidant de son chant vers leur destination.
P184
Cette fois, pas de doute. Il y avait un visage sous la surface de l'eau. Ce n'était pas un reflet, même si Meredith eut l'impression de deviner ses propres traits cachés derrière l'image, mais une jeune fille, dont les longs cheveux dénoués ondulaient dans le courant, telle une Ophélie moderne. Alors elle ouvrit lentement les yeux et son regard franc et clair soutint celui de Meredith. Des yeux d'un vert translucide, contenant en eux toutes les nuances changeantes de l'eau.
Ce qu'un siècle tient pour certain, un autre le considérera comme une hérésie.
(M. Baillard)
Ce que nous appelons civilisation est juste une façon pour l'homme d'essayer d'imposer au monde naturel ses propres valeurs. Les livres, la musique, la peinture, toutes ces constructions qui ont tant occupé nos compagnons de ce soir cherchent à capturer l'âme de ce qui nous entoure. Une façon de donner du sens, d'ordonner nos expériences humaines en quelque chose de mesurable, de maîtrisable.
Prisonnière d'un monde silencieux, enfermée entre les quatre murs de son esprit, elle vivait dans un temps suspendu, sans avoir aucune conscience des heures qui s'écoulaient, comme si chaque minute pouvait aussi bien, à elle seule, contenir l'expérience de toute une vie. Elle savait qu'il faisait jour ou nuit, que tantôt la fièvre la brûlait ou que le froid la glaçait, mais elle était piégée entre deux mondes, ensevelie sous un voile qu'elle ne pouvait repousser.
Des pensées insidieuses lui vinrent sur ce qui aurait pu se produire ce soir là. Le courage qui l'avait soutenue tout au long de la soirée se tarit soudain , la laissant effrayée et craintive. C'était comme si chacun de ses membres , de ses muscles , de ses sens était submergé par le souvenir des scènes dont elle avait été le témoin.
Du sang , de la violence , de la haine.
P62