Citations sur La sirène et la licorne (30)
Jusque-là j'étais bizarre, mais tant que je restais dans mon coin et que je me faisais pas remarquer, j'étais plus ou moins tolérée. Ce jour-là, j'ai franchi une ligne, j'ai bafoué une loi non écrite. Dans la nuit tout à basculé. Parce que j'avais embrassé une fille.
Les vagues…Depuis le sommet de la dune, elles me paraissent gigantesques, des rouleaux d’eau verte et grise plus hauts qu’un homme, qui enflent et se chargent d’écume avant de crever sur la plage. Le fracas du ressac m’emplit les oreilles, les embruns se mêlent à la pluie. Je frémis malgré moi. Mon coeur bat la chamade. Je m’emplis les yeux d’océan.
Chaque matin, le soleil balaye mes angoisses. Le jour, je vis dans un monde enchanté où les sirènes parlent aux licornes. La semaine passe comme dans un rêve.
Lentement, délibérément, Cris me prend la main et entremêle mes doigts aux siens. C'est à la fois l'un des plus beaux moments et l'un des plus intimidants de ma vie. Parce que Cris n'a pas honte de nous, pas peur d'être avec moi. Au contraire, elle fait face à ses parents pour nous deux. Elle pourrait faire face au monde entier. Je serre ses doigts en signe de soutien.
Les livres, les films et la vraie vie sont remplis de grandes épreuves : participer aux Hunger Games, affronter Voldemort, survivre une nuit complète dans la Maison de l'Horreur... et déjeuner chez les parents de Cris. Avec les parents de Cris. Et son frère. Et Julien, le mono de l'école de voile, ne me demandez pas pourquoi.
Je veux t'embrasser un jour où je serai très heureuse.
- J'ai eu peur. Et j'ai eu peur de te parler ensuite.La dernière fois que j'ai embrassé une fille… la seule fille avant toi... ça s'est très mal fini.
- Je suis pas l'autre fille, rétorque Cris, avec une force qui ébranle mes peurs et mes incertitudes. Je veux t'embrasser, mais pas ici, précise-t-elle.
Je m'efforce de sourire:
- Oui, il y a un peu trop de public.
- Je m'en fous du public. C'est juste que…
Elle renifle à nouveau, précise:
- C'est juste que je suis en vrac aujourd'hui, et je veux t'embrasser un jour où je serai heureuse. Et je t’emmènerai naviguer.
Ces baisers interrompus flottent dans l'air entre nous. Une sorte de promesse, ou de menace. Je sais, c'est ridicule, vu qu'on passe nos journées collées l'une contre l'autre... Mais justement, plus on se rapproche et plus j'ai peur... peur de perdre cette amitié à nouveau.
avec ma famille, j'ai l'habitude. J'ai dû faire mon coming out au moins cinq fois, et même après l'histoire de Sonia ma mère attend que je ramène un petit ami.
- Le vélo, t'es pas trop fan, j'ai l'impression, remarque-t-elle.
- Hey, je réponds en dégoulinant de sueur, je suis super forte en transports en commun, d'accord ? Chacun son truc, moi je prends le bus, le métro et le RER comme personne...