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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Il y a des expressions auxquelles on est tellement habitué que l'on n'y prête même plus attention au point d'en oublier le sens. Tiens par exemple : "Tu devrais écouter ton corps". Plus rabâchée, on ne fait pas. Eh bien Julie Moulin a tout simplement décidé de s'y intéresser et de la prendre au pied de la lettre pour nous livrer un premier roman original, aussi drôle qu'émouvant. Et dont on ressort porteur d'une extrême tendresse pour les pièces qui composent notre corps et qui ont si peu droit à la parole...

Car ce sont elles les vedettes. Marguerite et Mirabelle les jambes, Brice et Boris les bras, Babette la paire de fesses et puis Camille le cerveau au prénom aussi masculin que féminin, chargé d'orchestrer toute cette machinerie qui permet de faire avancer A., jeune superwoman de trente ans qui court partout. Grâce à cette première partie hautement maîtrisée, à mille lieux du procédé gadget qu'elle aurait pu être, nous faisons connaissance avec A., par la voix de Marguerite, la jambe gauche, l'élément le plus fragile du corps de la jeune femme et peut-être le plus sensible. La rivalité de Brice et Boris dans l'apprentissage de l'écriture, les émois de Babette, les velléités de liberté de Mirabelle, la blessure de Marguerite, l'efficacité de Camille... Tout ceci est drôle, charmant et étonnamment juste. Jusqu'à ce que la machinerie se mette à coincer, faisant vaciller tout l'édifice lorsque Camille craque.

Agathe est à terre, son corps dit stop. Car le sujet est bien là : le burn out d'une héroïne ordinaire qui jongle avec ses différentes casquettes, veut tout assumer et surtout tout bien faire. Un petit soldat qui lutte au boulot pour ne pas être mise au placard après ses deux congés maternité, assume les charges ménagères pendant que son mari lit le journal, et se persuade que c'est normal. Il va donc lui falloir se réconcilier avec ce corps dont elle a trop ignoré les signaux d'alerte et qui la constitue, elle, Agathe, en tant que femme...

Le sujet a beau être sérieux, l'auteure ne se départit jamais de la légèreté qui lui permet de gagner la sympathie du lecteur. Il faut dire qu'on s'y est attaché à Mirabelle, Boris et à tous les autres. Au point, dans la seconde partie, lorsqu'il est mentionné qu'Agathe agite un bras ou une jambe, de lui attribuer tout de suite son prénom et de se demander ce qu'il ressent. Sacré talent !

Pas facile d'être une femme, pas facile de revendiquer de porter à la fois une jupe et un pantalon, pas facile de lâcher prise... Mais lire ce livre est un joyeux moment et peut-être aussi l'occasion de se résoudre, de temps en temps à écouter son corps.

Un premier roman étonnant, qui mérite vraiment d'être découvert !
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Quand on ouvre "Jupe et pantalon", le premier roman de Julie Moulin, tout d'abord il y a un instant de flottement, pendant quelques pages le lecteur s'interroge… Mais qui est Marguerite, mais qui est Mirabelle ? Qui sont Brice, Boris, Babette, et enfin qui est Camille ? Camille le bien nommé puisque ce prénom, aussi bien féminin que masculin, c'est le cerveau, celui qui commande, qui ordonne, qui hésite, et qui conjugue justement ce masculin et ce féminin qui sont en chacun de nous.
Ensuite il y a A., qui pendant toute la première partie du roman n'est pas nommée, mais que l'on suit à travers les aventures de chacun de ses membres, comme une équipe soudée (ou pas !) comme une fratrie, avec ses colères, ses désaccords, son entraide, sa solidarité… Car A. comme toute super businesswoman qui se respecte, se croit capable de tout concilier. Sa famille d‘abord, avec son mari et ses deux enfants, son travail ensuite, avec la rivalité entre collègues, ces hommes qui profiteraient bien d'un instant de faiblesse pour prendre sa place, avec Étienne, ce boss, qui sous couvert d'entre-aide placerait bien un autre à sa place, A. qui pense qu'elle va arriver à s'occuper d'elle aussi parfois.
Et cette vie, cette lassitude du couple, ce rythme effréné de chaque jour, nous sont racontés par chacun des membres du corps d'A., par Marguerite essentiellement, la jambe fragile, malade, blessée mais si vaillante… Qu'il est étrange de voir la vie par ce prisme, de changer de point de vue, pour mieux comprendre, arriver à s'identifier à une paire de jambes, à une paire de fesses et pourquoi pas à un cerveau tellement sollicité, poussé à bout et si fatigué qu'il tarde à se réveiller. Tout ce stress va faire disjoncter la jolie machine qu'est le "corps composé" d'Agathe… Elle s'évanouit à l'aéroport, au moment où elle doit partir pour un rendez-vous clients important, rentre chez elle dans un semi brouillard, et réalise enfin que sa vie va exploser devant elle. Elle qui n'a rien vu venir !
Julie Moulin nous parle à travers elle de ces femmes modernes qui veulent gagner un combat pour l'égalité souvent perdu d'avance… Car comment lutter quand on rentre de congés maternité et qu'on vous fait comprendre que "Vous n'étiez pas là alors que le collègue lui … " ! Comment y arriver quand en rentrant il faut préparer le repas, coucher les enfants, préparer les cartables, faire la vaisselle, pendant que Paul est devant la télé ou lit son journal ? Comment jongler avec la nounou malade, avec l'école qui appelle pour le petit qu'il faut venir chercher de toute urgence alors qu'on est en pleine présentation stratégique avec le client, le seul, l'unique qu'il faut absolument chouchouter pour ne pas le perdre, avec les rendez-vous chez le médecin, les activités extra scolaires, et tout le reste, sans s'épuiser, s'oublier, se perdre ? Comment exister quand le poids sur vos épaules est de plus en plus lourd, les missions que vous vous assignez vous-même de plus en plus complexes, la solitude à deux de plus en plus présente pour affronter le quotidien ?
Eh bien, c'est tout simple, on ne peut pas ! Julie Moulin nous le démontre avec beaucoup d'humour pour un sujet grave traité tout en finesse. Il y a un rythme fou dans toute la première partie, comme cette vie intrépide qu'A. essaie de mener, malgré ce corps qui crie à l'aide et qu'elle oublie d'écouter… J'ai aimé justement cet intéressant parti pris dans l'écriture : dans toute la première partie, les différents membres de ce corps prennent vie et prénom pour s'exprimer, exister à la place d'A., puis Agathe apparait enfin, ses membres redeviennent des jambes, des fesses, un sexe, et elle s'éveille alors à une vie nouvelle, plus responsable, plus intime, plus évidente : elle existe, s'écoute et se révèle. Nous montrant sans doute que pour bien vivre avec les autres il faut d'abord mieux vivre avec soi-même. C'est à la fois signifiant et drôle, empreint d'humour et de réflexion, un véritable régal de lecture. A lire puis à conseiller d'urgence à toutes les copines qui tentent désespérément de se prouver qu'elles vont y arriver, avant qu'elles ne se perdent !

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Jupe et pantalon devrait plutôt, si cela sonnait bien, avoir pour titre Pantalon et jupe pour respecter l'ordre des deux parties du roman, aussi différentes que complémentaires l'une à l'autre. Dans la première, ce sont Marguerite et Mirabelle qui prennent la parole, qui interpellent Brice et Boris, ou Babette, ou Camille. Qui sont-ils ? Que font-elles ? Marguerite et Mirabelle, depuis la petite enfance, soutiennent A., la guident dans ses déplacements, la portent, subissent blessures et lésions… Ce sont en effet les jambes de A., et les autres personnages sont ses bras, ses fesses et son cerveau. Mais arrive un moment dans la vie de cette jeune femme pressée, débordée, où ses membres se rebellent et refusent de répondre à ses sollicitations.
La deuxième partie se place alors du point de vue d'Agathe, victime de stress professionnel et familial : un mari, deux jeunes enfants, une maison, un travail prenant, mais un moment arrive où être à la hauteur partout devient trop lourd à porter. Et son corps se révolte, et elle se voit obligée de « l'écouter », comme le le sens commun le conseille bien souvent !
Chaque lecteur aura sans doute une légère préférence pour une partie ou une autre du roman, je les ai pour ma part trouvé bien complémentaires. L'auteure a donné la parole à Agathe juste lorsque je commençais à sentir un peu les limites de la première partie. L'humour s'allie à l'originalité, la finesse de l'observation à l'inventivité pour faire de ce roman une très agréable lecture, qui sort des sentiers battus, et parlera à toutes et tous, wonderwomen ou non ! Sous des abords plaisants, ce texte montre, sans démontrer, que le féminisme a encore bien des combats à mener, que ce soit dans le monde du travail, dans la ville ou dans l'espace domestique. Et qu'il ne faut pas attendre que son corps déclare forfait pour souffler un peu !
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Jupe et pantalon de Julie MOULIN

Marguerite et Mirabelle sont les deux jambes de A. Babette est sa paire de fesses, Camille, son cerveau, Boris et Brice ses bras. Tout ce petit monde doit suivre la vie trépignante de A. Elle est mère de deux enfants, cadre dans une entreprise et passe son temps à courir. Elle va faire une chute dans un aéroport et son mari va la quitter. C'est là début d'une crise et puis, tout va de mal en pire, et toutes la parties de son corps essaient, chacun à leur façon de l'aider. Mais Agathe, je découvre son prénom à la 152 ème page, va-t-elle écouter son corps et réagir ?

Un livre tout en légèreté, ou dans la première partie, j'ai suivi les échanges, très drôles, des différentes parties de ce corps malmené par la vie d'une mère de famille active qui s'oublie quelque peu, et de cette paire de jambes qui nous raconte leur vie.
La première partie, justement, est drôle et plaisante. Ces jambes qui se racontent, est un bon moment de sourires et de rires. Mais, j'ai moins aimé la partie ou Agathe se raconte et part dans ses crises. Mirabelle et Marguerite, m'ont manqué, quoiqu'elles sont encore un peu présentes, dans cette deuxième partie, mais elles ne se racontent plus. Agathe est beaucoup moins drôle !

Un bon premier roman, cependant, sur la recherche de soit même, avec la prise de conscience de tout ce que peut engendrer un surmenage. L'écriture est très agréable à lire, et le livre original et distrayant.



Extraits :

Nos deux premières années de vie furent fastidieuses. Si je puis me permettre de donner mon opinion - de jambe -, les capacités d'un être humain se développent anormalement. Nous existions d'un point de vue physiques, certes, mais sans raison d'être, sans grâce ! Nous étions deux extrémités potelées et ridées en attente, seulement à se plier et se tendre, désaccordées aux cris de l'enfant.

A retire son pantalon. Nous sommes livides, victimes d'un combat qui nous dépasse. A nous frotte vigoureusement. Comme si nous avions froid ! Les poils noirs et drus se dressent sur notre peau blanche, leurs pointes hérissés se préparent à l'affrontement. C'est leur ultime résistance, car sur le champ de bataille ne resteront bientôt que deux jambes nues.

Ah, Babette ! Babette, le pilier, la matrone de ce corps ! On l'imagine dodue, elle est à peine potelée, rebondie à la bonne mesure, Babette est fermé et drôle, fantasque, susceptible et généreuse. Babette a monté un fonds de commerce en hémorroïdes. Sa marchandise lui interdit un port de string quotidien et nous évite une station assise prolongée. Babette n'a peur de rien, se sacrifie quand il le faut. Babette est altruiste. Elle en a vu de toutes les couleurs, de toutes les tailles. Fut un temps où nos partagions ses ébats, l'Ensemble à nouveau, un tout remué de plaisir. Ah, Babette ! Elle est plus grande qu'une paire de fesses, plus qu'un sexe. C'est une gardienne de l'humanité.

Une jambe aussi à le droit de parler ! Tu te donnes un genre, Brice, parce que tu es un bras, mais tu n'es pas si différent de moi. Tu appartiens au corps de la même femme. Un corps qui l'oblige et qu'elle refuse. Avis nous sommes plus qu'un corps. A n'est pas seulement cette femme, c'est un être humain, un concert de voix, qui toutes ont un sens. J'ai du sens en tant que jambe. On n'était pas si mal Ensemble…

La maternité est sans doute une épreuve, dit-elle. Les enfants nous font pourtant un cadeau très précieux : celui de nous faire revivre notre propre enfance. Parfois cela rouvre des blessures, des cicatrices que l'on croyait refermées. (L'eau, de nouveau, brûle.) Mais le plus souvent, c'est une renaissance, un émerveillement devant la vie, de beaux souvenirs qui remontent. La vie prend une couleur nouvelle. Tout redevient étonnement.



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Un vrai moment de plaisir que la lecture de ce livre !
La première partie est vive et humoristique, avec un point de vue très original sur la vie trépidante d'une femme moderne, qui essaie de concilier vie familiale, affective et professionnelle. La seconde partie est plus classique, elle décrit la nécessaire remise en question de cette femme au bord de la crise de nerfs.
Un bon premier roman, de lecture facile et agréable, avec une pointe de féminisme qui ne me déplaît pas, je recommande !
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Ce roman au thème assez rebattu mais très originalement traité pourrait s'intituler le "journal d'un corps" !

Marguerite, la narratrice, nous raconte sa naissance avec Mirabelle, sa "jumelle", son inséparable (quoique...) sa plus proche et les péripéties de l'enfance. Les découvertes, les craintes, les essais, les incidents et accidents qui mènent à une autonomie très contrôlée et limitée par Camille, le chef, le guide, la tour de contrôle en quelque sorte. Babette, Brice et Boris et bien sûr Mirabelle participent de plus ou moins bonne grâce, plus ou moins adroitement, à tous ces moments émouvants, cocasses, vrais, qui emmènent A. de l'enfance à l'âge adulte. A. c'est l'Ensemble, c'est le personnage étrangement absent et complètement présent dans la première partie de ce roman atypique... et Marguerite, Mirabelle, Babette, Brice et Boris sont ses jambes, ses fesses et ses bras. Adopter le point de vue d'une jambe pour tracer le portrait d'un personnage, avouez que ça n'est pas banal ! Et ça marche (si je puis employer cette expression !) ! On l'imagine, on y croit, on s'amuse de ce ton parfois malicieux, parfois ironique, qui donne une identité à une jambe !
Mais rien ne va plus lorsque A. devient Agathe. Agathe qui s'épuise entre ses ambitions professionnelles, ses enfants et la volonté d'être parfaite partout. Agathe qui continue d'avancer malgré son corps, contre son corps, sans l'écouter, sans le dorloter, sans y prêter attention. Alors Camille, le cerveau, déconnecte tout, ne contrôle plus rien et c'est l'effondrement... Considérée comme le membre inférieur d'une société, Agathe oublie Marguerite et Mirabelle ses propres membres inférieurs.
Sous ses airs légers et frivoles, ce roman raconte plein de choses de la vie d'une femme aujourd'hui, de cette nécessité de rester debout toujours, quitte à imposer à son corps des combats qui l'épuisent et qui anéantissent l'expression des émotions et des sensations. Alerte et nuancée, l'écriture court, ralentit, virevolte à l'image d'une vie d'aujourd'hui. Il y a bien quelques longueurs, quelques considérations superflues, mais on les oublie vite pour suivre Agathe dans la reconquête de son être. Un très, très chouette premier roman découvert grâce aux 68 Premières fois !
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"Je me prénomme Marguerite" , ainsi commence ce livre où l'auteur donne le parole aux différentes parties du corps de A. Marguerite et Mirabelle sont les jambes, Camille le cerveau, Boris et Brice les bras et Bavette les fesses de cette jeune femme.

A. est une cadre stressée qui doit se battre pour prouver ses compétences, pour ne pas être mise sur la touche dans son entreprise car, jeune mère de famille de retour de son deuxième congé maternité, on l'imagine forcément moins performante et moins motivée.

A. est une femme qui prend tout à bras-le-corps maison, enfants, carrière, relations, elle "veut tout, le travail et les enfants, la jupe et le pantalon". Mais elle s'épuise d'autant plus que son compagnon Paul ne partage pas les tâches ménagères et s'occupe peu des enfants, il ne partage pas la responsabilité des enfants de façon générale.

A. parvient à mener une carrière brillante, à être une mère accomplie mais "elle a rendu son tablier de femme" , elle n'a plus la tête à ça...

Tiraillée entre son travail et ses jeunes enfants , A. n'écoute pas les signaux d'alerte que lui donne son corps. le jour où la pression au travail est trop forte et où Paul la quitte, elle finit par vaciller et tombe littéralement dans tous les sens du terme, elle fait un burn-out.

La deuxième partie du livre voit A. devenir Agathe.... Elle tente de se réapproprier son corps, part marcher dans les rues avec une canne et un livre... et passe par de multiples sentiments, la culpabilité, la peur de la solitude mais elle va "prendre le temps de faire une chose après l'autre".

Le traitement de la fin de l'histoire est un point sur lequel je juge souvent les livres, ici l'auteure conclut d'une jolie façon sans aucune mièvrerie.

Insolite, déroutant au départ par le parti pris de l'auteur de faire parler les différentes parties du corps d'A. j'ai rapidement trouvé la lecture assez jouissive avec des passages hilarants en particulier quant les fesses Babette s'en mêlent pour déclencher un déhanchement provocateur par exemple...

Mais ce livre n'est pas que drôle car il traite de façon originale et décalée d'un sujet de société sérieux : la difficulté des femmes à tout mener de front, réussite professionnelle, vie de mère et vie de femme. Il donne aussi une vision réaliste de la vie d'entreprise, de l'inégalité des hommes et des femmes dans le monde du travail et montre bien les liens entre le corps et l'esprit.

L'intérêt de ce livre, aux accents autobiographiques si on se fie à l'autoportrait inséré à la fin, réside dans le traitement original du burn out et de la remise en question qui s'ensuit.

Encore une belle découverte grâce aux 68 premières fois, car sans cette opération je ne serai certainement pas allée vers cet incroyable roman.



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Ce roman ne commence pas comme les autres. On fait connaissait de notre première héroïne au jour de sa naissance. En effet, Marguerite est l'aînée d'une paire de jambes. Elle est notre narratrice et nous raconte. Elle nous raconte la vie de A., une petite fille qu'on verra grandir du point de vu de sa jambe. Il y a également Mirabelle, sa jumelle, avec qui elles font peu à peu connaissance avec les autres parties du corps de la petite demoiselle, Boris et Brice qui sont les bras, Babette la paire de fesses et Camille le cerveau qui dirige le tout.

On suit l'évolution et les pensées de ces parties du corps de A. On découvre comment chaque partie du corps agit seul mais aussi leur obligation à essayer de travailler ensemble. C'est un point de vu original et très amusant. Chaque partie du corps a une personnalité bien à elle et c'est vraiment drôle à lire, on veut toujours en savoir plus, en lire plus, c'est comme si l'histoire toutefois assez banal de A. devient très excitante. Rien n'est pareil, nous n'avons pas une petite fille qui apprend à marcher mais des jambes qui veulent montrer qu'elles sont là et qui veulent prendre leur indépendance vis à vis de ces mains qui leur tripotent les orteils.

Mais la vie n'est pas toute rose pour cette paire de jambes, on rencontrera des difficultés et on arrivera à la partie de femme adulte de A. le stresse, la fatigue, le travail. A. est une femme des temps moderne et tient à bout de bras sa vie de famille et sa carrière, c'est une femme qui frise le burn out et qui en dépassera même le stade.

Même si on trouve ça un peu décevant d'abandonner cette narration pour au milieu du livre retrouver un ensemble plus réaliste de la vie de A. Il est intéressant de voir comme cette femme grandira et changera en quelques jours. Sa vie est bouleversée et elle se rend bien compte qu'elle ne peut pas continuer comme elle le fait, son corps lâche mais pas seulement, on sent que la rupture arrive et lorsqu'elle est là on est soulagé pour A.

Nous avons ici un roman qui commence avec beaucoup d'originalité mais le réalisme que l'on retrouve ensuite est tout autant intéressant, on rentre dans le livre avec beaucoup de facilité et les réflexions nous font nous interroger. C'est avec talent que l'auteur reprend des problèmes que l'on retrouve facilement dans la vie réelle mais qu'elle arrive à en faire une histoire entraînante et passionnante.

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Lu dans le cadre des 68 premières fois

Un vrai premier roman, à la fois inventif et profond.

La première partie raconte avec drôlerie la vie d'A., jeune femme pleine d'avenir, de sa naissance à sa défaillance, Drôle, car ce sont les jambes, les bras, les fesses et le cerveau d'A., chacun personnifié, qui nous racontent ses déboires. Dans ce corps, chacun s'acquitte du mieux qu'il peut de sa tâche, pour faire tenir debout et garder la cohérence de cette mère de famille débordée-cadre dynamique épuisée-amante délaissée.

La deuxième partie est plus classique dans son style. Agathe reprend la parole. Victime d'un surmenage, elle a craqué.
Comment concilier enfants, travail et vie de couple, sans rien sacrifier, et surtout pas la personne qu'on est à l'intérieur ? On assiste au cheminement d'Agathe, à sa quête de sens. Quelle nouvelle femme naitra de cette recherche ?

La question du corps est au centre du roman et des problématiques sociétales : le corps contraint, nié, vêtu, maltraité et pourtant essentiel, au sens propre comme au figuré.
C'est un roman plein de sensibilité qui, sous des dehors légers, interpelle sur la place et la représentation actuelles de la femme en France.

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