« Mais j'avais rencontré la maison comme on rencontre quelqu'un...pour faire connaissance... »
Il me semble que tout disparaît, que je ne me souviens plus de rien. Tu es celui par qui advient l'oubli. Celui par qui je cesse d'être celle que j'étais. Je ne suis plus faite de la même matière. Je ne suis déjà plus celle que tu as rencontrée. Cette nuit est un passage. Un pont vers un autre cercle.
Les gens ont peur de moi. Les femmes ne m'invitent pas. Je n'ai pas beaucoup d'amis. J'effraie les femmes seules, les femmes mariées, celle qui vont se marier, les divorcées, celles qui cherchent un homme. Je ne suis pas invitée parce que je suis sans généalogie, sans précédent, parce que je suis sans suite. Parce que je ne suis pas inscrite et que je ne le veux pas. Pour cette raison, elles n'ont pas fait de moi leur sœur.
"Un soir, j'ai vu avant lui le trésor d'une maison, au bord d'une plage courbe. Les promesses ont afflué immédiatement. Il était sept heures du soir et la maison racontait déjà les heures à venir, les soirées, les verres givrés de glaçons dans l'air chaud, la peau cramée, les matins tôt, les siestes et les départs, l'attente, les heures vides, le corps nu en pleine lumière..."
"J'ai souvent choisi le dédommagement par la colère. Personne ne comprenait d'où venait ce qui fermait ma bouche et durcissait mes traits. Je demeurais imperméable à l'enchantement. Rétive à tout ce que les êtres humains inventent pour rire du monde dans lequel ils vivent et le rendre plus léger."
"Juste avant de partir pour la Chine, il s'était passé une chose étrange. Sans rien m'expliquer, guidés par une intuition bizarre, des amis, des connaissances qui se fiaient à mon jeu sans rien voir de mon envie d'en finir, m'avaient dit Il te cherche. Qui? avais-je demandé. Vous me parlez d'un homme dont vous me dites qu'il me cherche mais je ne le connais pas..."
"Bon, c'est vrai, ceux qui écoutent mes théories n'aiment pas ça. Je m'en fous. Je me fous d'énoncer des pensées impopulaires. C'est ainsi que je masque la douleur pure jetée sur ma nuque parfois".