Citations sur Avant toi (516)
Je n’avais encore jamais compris que la musique avait cette faculté de faire sauter des verrous chez ceux qui l’écoutaient, de les transporter dans des lieux auxquels le compositeur lui-même n’avait pas songé. La musique laisse comme une vibration dans l’air, une rémanence que l’on emporte avec soi.
- […] Écoutez, Clark. Si vous portez une robe comme celle-ci, il faut le faire avec confiance. Vous devez vous glisser dedans et l’habiter à la fois physiquement et psychiquement.
- Bien sûr, Will Traynor, il n’y a que vous qui puissiez expliquer à une femme comment elle doit porter sa robe.
Mais j’ai enlevé l’écharpe.
Nathan est parti préparer le sac de Will. J’en étais encore à chercher ce que je pourrais bien lui dire au sujet de sa condescendance, quand je me suis retournée et que j’ai vu qu’il ne m’avait pas quittée des yeux.
- Vous êtes superbe, Clark, a-t-il dit d’un ton posé. Vraiment.
- Je veillerai sur lui, ai-je dit. Et je vous informerai à l’avance de tout ce que nous envisageons de faire.
Ses mâchoires étaient si contractées qu’un petit muscle saillait au bas de sa joue. Je me suis demandé si elle me haïssait.
- Moi aussi, je veux que Will ait envie de vivre.
Je me suis contentée de m’allonger sur le lit et de penser à Will. J’ai pensé à sa colère et à sa tristesse. J’ai pensé à ce que sa mère m’avait dit - que j’étais la seule et unique personne capable de communiquer avec lui. Je me suis souvenue du moment où il essayait de ne pas rire pendant que je lui interprétais la « Chanson du Molahonkey », par une nuit où les flocons de neige tombaient devant la fenêtre, éclaboussés de lumière dorée. J’ai pensé à la peau douce, aux cheveux soyeux et aux mains d’un homme vivant, d’un homme bien plus drôle et intelligent que je ne le serais jamais, un homme qui n’envisageait pourtant pas de meilleur avenir pour lui-même que de se supprimer.
- Je vous ai trouvée joyeuse, lumineuse et différente. Vous n’aviez pas l’air d’une infirmière. Vous ne vous comportiez pas… comme tous les autres. Je me suis dit que… que vous pourriez lui redonner le moral. Et c’est le cas. Vous lui redonnez le sourire, Louisa. En le voyant sous son horrible barbe, hier… Vous êtes l’une des rares personnes capables de communiquer avec lui.
- Vous savez, on n’est d’aucune utilité à quelqu’un qui ne veut pas être aidé.
- Vos collants de bourdon ?
- À rayures noires et jaunes.
- Superbe…
- Ça, c’est un peu rude comme remarque.
- C’est pourtant vrai. Ils devaient être ignobles.
- Ils peuvent vous sembler ignobles, mais aussi étonnant que cela puisse paraître, Will Traynor, toutes les filles ne s’habillent pas dans l’unique but de plaire aux hommes.
- Je ne sais pas très bien où j’en suis, ai-je repris. Ce dont je suis sûre, c’est que, la plupart du temps, je préférerais être avec lui plutôt que n’importe qui d’autre.
- Y compris Patrick.
Et voilà. La grande question. La vérité que je parvenais à peine à m’avouer.
J’ai senti mes joues s’empourprer.
- Oui, ai-je répondu, la bouche contre la couette. Parfois, oui.
- Merde, a-t-elle dit au bout d’une minute. Et dire que je croyais être celle qui aime se compliquer l’existence !
Certains jours, Clark, tu es plus ou moins l’unique chose qui me donne la force de me lever.
J’avais cru que son fauteuil constituerait une barrière ; que son invalidité s’opposerait à toute forme de sensualité. Or, bizarrement, ça n’a pas fonctionné comme ça.