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Citations sur La Nuit du bûcher (37)

Les vieux confortateurs ne soulevèrent aucune contradiction. Ils étaient d'accord : le livre représentait un énorme danger car, pour beaucoup de gens, il était susceptible de provoquer la terrifiante possibilité d'une réflexion indépendante. D'accord également quand le padre, soufflant et transpirant, déclara que le seul moyen de lutter efficacement contre le danger était d'incarcérer tous les suspects. D'accord aussi pour dire que la méthode souveraine dans le combat contre l'hérésie était de réduire à néant tous les livres, auteurs et lecteurs louches parce qu'il n'y aurait pas d'ordre dans le monde tant que vivraient des hommes qui feraient l'expérience de penser par eux-mêmes. (p. 84)
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Je vis le visage de l'hérétique quelques instants.Ce n'était pas l'Enfer ou le Ciel qu'il fixait en regardant devant lui, non, ce qu'il regardait était le Néant, comme s'il avait compris que le Néant était la seule réalité et que le reste n'était qu'illusion. Et ce regard était plus terrifiant que s'il s'était lancé dans des malédictions. On aurait dit que cet homme savait qu'il n'existait aucun secours pour les humains. Il baissait les yeux sur la foule et à présent je peux le dire, en cet instant, le visage de l'homme attaché au poteau m'évoqua le visage torturé de Notre Seigneur Jésus Christ que, depuis un millénaire et demi, on a souvent sculpté dans la pierre, gravé dans le bois, peint sur les murs, la toile des tablettes, le visage de celui qui pardonne ce que les hommes font aux autres hommes mais qui demande en même temps à Dieu quelle est la raison pour laquelle il doit supporter tout ce qui se passe pour lui, être humain sur cette terre...
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Dans la pénombre du petit matin d'hiver, dans la ville d Rome, l'homme était nu comme si on ne l'avait pas seulement dépouillé de sa chemise mais également de sa chair. Della carne ancor vestita : j'avais lu ces mots dans un recueil de vers du sculpteur et il me revint à l'esprit car le corps de l'homme ligoté au bûcher semblait n'être qu'une feuille de vigne recouvrant l'autre nudité, celle qui se trouve sous la peau et qui transparaissait à présent comme transparaît la vérité sous le mensonge. Ce fut le moment où les divers bruits de la foule, glapissements, murmures et mastications cessèrent brusquement. [...]
L'homme nu attaché à un poteau sur le bûcher n'abaissait pas son regard sur les fidèles. Il ne regardait pas non plus les fenêtres aux étages des maisons. Et je dois ajouter, aussi attristant que cela puisse être, qu'il ne levait pas non plus les yeux vers le ciel.
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Tandis que j'attendais la mise à feu du bûcher au sein de cette foule impatiente du marché, je ne pus m'empêcher de penser à la bénédiction qu'était le christianisme qui avait canalisé les instincts sauvages de l'homme pour l'apprivoiser ainsi ! Oui, il n'existe plus trace ici à Rome des scènes qui, il y a un millénaire et demi, s'y déroulaient quotidiennement ! Par exemple, le repas des fauves sur la piste de cet abattoir nommé Colisée où l'on jetait des chrétiens à la gueule des lions, des ours et des chacals ! Ou au forum lorsque, au temps de la République de Rome et de Gracchus, on fourrait les opposants politiques dans des tonneaux bourrés de vipères ! (...) Comme tout est différent à présent ! Un simple bûcher installé au centre du Campo dei Fiori, un bûché élaboré avec savoir-faire dont quelqu'un comme moi, ayant assisté à quelques exécutions de ce genre, était à même de constater la qualité : le fagot était constitué de branche sèches (...), on pourrait être sûr que le bois prendrait vite, que tout serait fini rapidement et qu'ensuite nous pourrions aller dormir.
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2. « Je crois et je confesse aujourd'hui, en toute humilité, que la Créature est parfaite et que le Créateur a fait l'homme à son image. Mais je ne suis pas sûr que l'homme ressemble à ce que son Créateur voulait. Je ne suis pas sûr non plus qu'il soit tel que le diable l'a voulu. Je suis d'avis que, pour être un homme, un homme doit n'en faire qu'à sa tête. Qu'en sera-t-il alors de nous, pauvres et zélés inquisiteurs ? » (p. 252)
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1. « Nous avons parlé de Savoir. Il était têtu, il répétait que l'homme irait plus loin avec le Savoir qu'avec la Foi... Quand je lui ai asséné la sainte vérité selon laquelle le Savoir veut seulement comprendre mais que la Foi rédime... et que la rédemption vaut plus que la compréhension... le contenu profond de la Foi est une grande Idée, l'Esprit Saint..., il a haussé les épaules et il a dit que tout Esprit qui s'identifie au Pouvoir se corrompt et devient implacable. Je lui ai fait patiemment remarquer qu'un jour viendrait où le Savoir aussi s'identifierait au Pouvoir et alors, le Savoir aussi se corromprait et deviendrait implacable. Il n'a pas répondu et il est resté longtemps silencieux... » (pp. 176-177)
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Surgit alors le souvenir de la Pietà que j’allais contempler de temps à autre dans la basilique Saint-Pierre : l’artiste a représenté la Sainte Vierge tenant le cadavre de Jésus-Christ sur ses genoux et regardant le corps de l’homme détaché de la croix avec une profonde douleur. Avec douleur mais en même temps avec une douceur tellement céleste qu’elle est indicible… Le visage de la Vierge n’accuse pas, elle accepte la réalité terrestre comme quelqu’un qui croit que le Sacrifice a un certain sens.
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Pas une fenêtre qui s’ouvrît, pas même un chat qui miaulât dans la nuit, car à cette heure tardive de la nuit ou plutôt en cet instant plus proche de l’aube, le peuple romain dormait d’un sommeil profond et si quelqu’un entendait le martèlement des pas et la lamentation des litanies, personne ne se précipitait hors de son lit pour contempler le pieux défilé ; on se tournait plutôt sur le côté dans un soupir ensommeillé : tout le monde savait qui psalmodiait dans la nuit et pourquoi.
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Le véritable ennemi n'est pas celui qui possède les armes. Celui-là ne représente qu'un danger passager... En revanche, l'autre, celui qui n'a aucune armée, pas d'armes à feu ni d'armes blanches, pas de janissaires munis de poignards ni de mercenaires païens ou suisses non plus, est plus pernicieux... Car il dispose d'une presse à imprimer... Quand, quelque part, on imprime un livre, un pamphlet, sans l'autorisation et la surveillance du Saint-Office, il n'est plus possible de conclure un accord car la contamination se répand immédiatement.
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Cette pensée me fit frissonner. Le doute peut-il s'emparer de l'âme d'un croyant : se pourrait-il que Notre Seigneur Jésus-Christ sur sa croix n'ait pas pardonné à Dieu ? Il est vrai que ses dernières paroles furent "Que ta volonté soit faite..." -, mais cria-t-il ces mots avec humilité ou désespoir ? C'est péché mortel ne serait-ce que de penser ainsi. Et pourtant, quand je me rappelle l'expression de l'hérétique ligoté, je suis saisi d'un doute affolant : se produirait-il, dans les profondeurs obscures de l'âme humaine, un moment où l'être ne pardonne pas à Dieu ? Un tel moment doit être plus sinistre que tous les abysses de l'enfer.
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