Une lecture étrange, douce-amère sur la fuite ou la perte d'un amour (une femme) et la rencontre fortuite (ou pas) d'une jeune femme étrangère (finlandaise) qui ressemble étonnamment à la disparue, plus jeune et plus dure (au regard perçant comme
les mouettes).
Un roman qui pourrait tout aussi bien être un conte, presque fantastique, un conte car nourri des réflexions philosophiques sur certes l'amour, mais surtout la vie et l'humanité et son devenir.
Sandor Marai, à travers les deux femmes, l'une morte tragiquement, et l'autre dure mais pleine de vie, nous donne à lire la disparition de son ancien monde (la société et la culture magyares) et l'émergence d'un monde nouveau, européen, vorace, déshumanisé, matérialiste, égoïste.
Il est important de se rappeler que le roman a été écrit en 1942 ou 1943, donc pendant la seconde guerre mondiale et avant l'invasion de la Hongrie par l'armée allemande puis avant l'occupation (la
libération) par les Soviétiques.
J'ai beaucoup aimé la tonalité du livre, et la bivalence, douceur et dureté, amour et cruauté, nostalgie et projet, repli et envol. Cependant, l'amertume semble tout recouvrir.
Une lecture plaisante car l'écriture de
Sandor Marai est tellement nette, claire, mais qui m'a laissé un goût de tristesse.