Citations sur L'étrangère (20)
Celui qui vit avec la pitié au sein des hommes est perdu.
Le ciment qui soude une société humaine est un matériau particulièrement délicat et sensible à toute influence ; si on désagrège ce ciment avec des mains sales, l'ensemble se lézarde assez facilement.
"Les gens aiment trop la facilité" pensa t'il avec reproche "ils ont certaines idées toutes faites sur l'amitié, l'amour, le mariage, les aventures, les relations ; ils croient que la vie tient dans ces clichés ; eh bien non, elle n'y tient pas"
"Ca doit être pénible, en plein Sahara sans une goutte d'eau... Les primitifs australiens boivent leur sang dans ces moments-là", se rappela-t-il. A moitié endormi, presque vacillant, il réfléchissait, se laissant aller aux images floues que son imagination faisait défiler. Il s'arrêtait sur quelques mots, contemplait longuement leur forme comme s'ils étaient des images. "La soif" pensa-t-il, et ce mot lui plut tellement qu'il le traduisit en allemand, en anglais et en français, et compara la façon dont ils "sonnaient". Le plus beau est le hongrois, "szomjusag", avec au milieu ce "ù" long, traînant, désespéré..." décida-t-il.
L'atmosphère du bonheur le gênait surtout - il y avait là dedans quelque chose d'outrancier, de forcé, comme si chaque jour de la semaine, dès le matin, il lui fallait revêtir un frac et un haut-de-forme.
Ce qu’il vivait était sans doute le ‘bonheur’ mais parfois il le trouvait étrangement inconfortable, compliqué et, dans le fond, même pas agréable. L’atmosphère du bonheur le gênait surtout- il y avait là quelque chose d’outrancier, de forcé, comme si chaque jour de la semaine, y compris le matin, il lui fallait revêtir un frac et un haut-de-forme
À un certain moment ,au delà des frontières de son petit monde,son(Cas) jouit
d'une telle popularité qu'il n'aurait pas été surpris d'en trouver une trace dans les
journaux du matin,il lui fallut du temps pour comprendre que ce vibrant intérêt
Général envers une affaire privée plus pénible et triste que tapageuse et libertine
.en l'occurrence une relation charnelle illégitime comme la sienne,ne concernait
pas tant les personnes incriminées qu'un principe universel au nom duquel la
société civilisée déployait toute sa rigueur disciplinaire.
Il songea avec une satisfaction tranquille que dans l'ensemble il avait terminé son travail, accompli presque toutes ses obligations, vécu dans un premier temps selon les exigences de ses semblables et des circonstances, puis différemment par la suite, sondé les possibilités du corps — à présent il n'avait plus rien d'autres à faire qu'à découvrir pourquoi il avait souffert aussi ignominieusement toute sa vie (...)
La langue aussi est une matière inconnue, elle n'est que symbole, signalisation, comme les hiéroglyphes. Pour pouvoir dire quelque chose, il faudrait d'abord traduire la langue...
Il se rendit compte peu à peu que les "commérages" n'étaient pas seulement un penchant humain issu de haines réciproques, une tendance universelle, naturelle et grossière ; il comprit que les ragots étaient l'un des instruments éprouvés du dispositif de sécurité de la société, et que, bien qu'ils ne soient pas précisément distingués, on en a besoin, comme la police a besoin des confidences des maquereaux et des indics de la pègre, dans l'intérêt public.