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Critique de mariecesttout


Si on me demandait comment "classer" ce livre, je n'aurais aucune réponse, j'ai beaucoup de mal à le résumer, et même à en parler!
Ce n'est pas un roman, mais il contient de la fiction.
Ce ne sont pas des nouvelles, je ne le pense pas, bien qu'il soit constitué de dix-sept chapitres retraçant chacun une histoire différente, mais les personnages de ces histoires peuvent, ou non, se retrouver dans une autre....
Ce n'est pas un récit bien qu'il retrace des destins historiques.
Ce serait peut être plus simple de faire un dessin ? Et, sur une feuille blanche, au centre, je mettrais un gros point, très noir. Ce point, c'est Joseph K. qui, à aucun moment, n'a été accusé de quoi que ce soit, si ce n'est d'être coupable. Passage du statut d'innocent à celui de coupable, sans bien sûr savoir de quoi on peut bien être coupable.
Relié au point noir Joseph K., je dessinerais un point gris, l'auteur, en lisant ceci :


"Je suis très doué pour éprouver cette espèce d'angoisse, pour manquer le sommeil en m'imaginant que toi et moi sommes dans ce train. Je suis terrifié par les papiers, les passeports et les certificats qu'on peut perdre, les portes que je n'arrive pas à ouvrir, les frontières, l'expression indéchiffrable ou menaçante d'un policier, de quelqu'un qui porte un uniforme et brandit face à moi une quelconque autorité. J'ai peur de la fragilité des choses, de l'ordre et de la tranquillité de notre vie toujours précaire et suspendue à un fil qui peut casser, de la réalité quotidienne si assurée et familière qui peut se briser dans la catastrophe d'un malheur."

Du point gris de l'auteur partiraient des lignes, plus ou moins sécantes, quelquefois parallèles, s'entrelaçant, se croisant , bref une espèce de toile d'araignée, mais toutes ces lignes bien sûr finiraient par rejoindre le point noir central. Ces lignes correspondraient à cette simple phrase :"Il n'y a pas de limite aux histoires inimaginables qu'on peut entendre à condition de faire un peu attention, aux romans qu'on découvre soudain dans la vie de n'importe qui."

Elles représenteraient soit des destins connus de tous comme ceux de Primo Levi, Milena Jesenska, Evguénia Guinzgourg, Margarete Buber-Neumann, personnages que l'on retrouve dans la plupart des chapitres, mais aussi les récits d'autres vies, fiction ou non. le seul point commun chez ces personnages étant bien sûr le fait de se retrouver un jour coupables et de ne pas comprendre pourquoi.

C'est sûr que comme dessin, ce ne serait pas génial, mais il correspond à ma vision de ce livre !
Dans les critiques que j'ai lues à son sujet, on évoque en permanence le thème de l'exil.
Ce thème est certes très présent ; les coupables fuient par tous les moyens possibles (un des plus beaux chapitre est, pour moi, "Dis moi ton nom" qui évoque l'exil de musiciens d'Amérique latine d'abord vers l'Argentine puis vers l'Espagne).
Et le titre du livre "Séfarade" est un hommage rendu à la mémoire des juifs expulsés en 1492.
Mais la douleur de l'exil n'est pas le thème dominant. le thème dominant , pour moi, est l'éternelle question : pourquoi ai-je été déclaré coupable, pourquoi tout à coup suis-je obligé de perdre mon identité pour adopter celle qu'on m'attribue ?

Dans le chapitre "Tu es" :
"Tu crois savoir qui tu es et en fait tu es soudain transformé en ce que les autres voient en toi, et , peu à peu, tu deviens plus étranger à toi même, et même ton ombre est ton espion qui te suit pas à pas, et de tes yeux tu vois le regard de ceux qui t'accusent, qui changent de trottoir pour ne pas te dire bonjour..."

Bon, je crois que finalement, il vaut mieux que je ne fasse pas de dessin...
Très beau livre!

En " citation", la postface, les livres utilisés par l'auteur. .





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