C'est le plus beau jour de ma vie, déclara-t-il quand Kléber lui eut retrouvé le deuxième ski Playmobil sous un meuble.
Si, à ce moment-là, on avait proposé à Kléber d'échanger son frère contre quelqu'un de normal, il aurait refusé.
— Tu vas encore me crever les œils ?
— Faut pas que tu voies ça.
— Oui, mais je fais comment pour pleurer ? demanda monsieur Pinpin.
Simple réfléchit un moment en jouant avec ses ciseaux. C'était une bonne question.
Les deux frères arrivèrent en retard à la messe et se glissèrent dans les derniers rangs. Pendant quelques minutes, Simple distribua au hasard un certain nombre d'amen et de "vas-y Luia".
Simple était dans la salle de bains. En face de lui, suspendue au fil à linge par les oreilles, il y avait une peluche en loques, tailladée, recousue, tachée de feutre et de rouge à lèvres.
-T'es sec ?
-J'ai les pieds mouillés de l'eau encore, répondit monsieur Pinpin.
-C'est Béatrice qui t'a jeté dans le vide-ordure ?
-Non, c'est moi. Je voulais voir la poubelle.
Simple fit un grand geste du bras pour consulter la montre à son poignet. La petite aiguille trottait,trottait, toute la journée elle avait trotté. C'était toujours la même question qui revenait, lui creusant un sillon dans la tête, et maintenant, il fallait la poser :
-Dis, est-ce que tu vas être mort, un jour ?
-Non, répondit monsieur Pinpin, c'est pas obligé.
"Il avait des yeux sombres nourris d'un feu intérieur et l'autre des yeux clairs qui semblaient des fenêtres ouvertes sur le ciel. On s'attendait à y voir passer des étourneaux." - Description de Kléber et de Simple
-Ça va? lui demanda son frère au retour d'une longueur crawlée.
-Ça va. J'ai fait pipi.
-Hein? Pas dans l'eau, quand même?
-Ah, si.
Il avait l'air content de lui.
-Sors de l'eau. Dépêche-toi! le houspilla Kléber. Allez, vite!
-Y a des requins?
-Oui, sors!
Kléber chercha Corentin des yeux. Il soufflait, accroché au bord.
-Viens, lui dit-il. On s'en va.
Quoi? Mais j'ai encore vingt longueurs à faire!
-Viens. Je t'expliquerai.
Les trois garçons se retrouvèrent sur le trottoir. Corentin étaient furieux.
-Mais on ne peut jamais rien faire normalement!
Kléber marchait à côté de lui, tête baissée.
-Moi, j'y vais plus dans cette sipine, dit Simple. Y'a trop de requins.
« C'était un jeune homme frêle, avec des cheveux désordonnés et des yeux comme des lanternes magiques où passent des princes et des pirates, des licornes et des farfadets. » (p. 81)
- Il faut s'imposer, martela monsieur Villededieu. Vous lui dites que vos ne supportez pas la vie sans elle, enfin, les bêtises habituelles... et vous l'embrassez et vous...
Il étreignit sa canne. Enzo restait dubitatif.
- Qu'est-ce que vous risquez ? lui demanda le vieil homme.
- Une claque.
- Etre frappé par la femme qu'on aime, c'est un souvenir pour les vieux jours.
- Vous avez des arguments frappants, monsieur Villededieu.
Kléber commença à déballer les cadeaux qui s'entassaient près du buffet. Béatrice lui avait offert un caleçon avec une poche pour le préservatif.
-Merci, dit Kléber en l'enroulant à la hâte dans le papier.
Zahra avait trouvé un joli porte-photo.
-Il faudrait ta photo dedans, suggéra Kléber.
Béatrice comprit à ce moment-là qu'elle avait perdu la partie.
"Kléber reconnut soudain la rue qui montait. C'était là au 45 de la rue Cardinal-Lemoine
-Ah non, dit Simple devant la porte d'entrée.
-Quoi encore ?
-Je veux pas, c'est chez la viève dame.
-Ecoute, c'est notre grande-tante, c'est la soeur de la mère de...
-Elle est moche.
-Elle n'est pas très belle.
-Elle pue."