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Critique de berni_29


Des hommes sans femmes est un recueil de sept nouvelles d'Haruki Murakami qui nous invite à entrer dans l'univers d'hommes solitaires.
Sept histoires, sept destins, des histoires presque ordinaires.
Le ton doux-amer, parfois ironique, parfois onirique, ne doit pas cacher la douleur sourde qui se terre dans le coeur de ces hommes.
Sept nouvelles au ton intimiste où la mélancolie se faufile comme un chat sur ses pattes de velours, frôlant les objets immuables du quotidien.
Des hommes sans femmes est un livre dont les différentes voix, celles des hommes mais celles des femmes aussi qui ne sont pas absentes, m'ont touché au coeur.
Ce sont des hommes qui ont aimé, ce sont des hommes qui ont peut-être aimé, mais qui ont été trahis, abandonnés, blessés... Peut-être abîmés à jamais... Ce sont peut-être d'autres hommes qui aimeront, qui craignent d'aimer... Peut-être d'être aimés, qui sait...
Le désespoir n'est jamais loin, la mort non plus. Parfois c'est la mort d'une femme aimée qui peut plonger des hommes dans une solitude abyssale.
Des femmes, d'autres femmes ne sont jamais éloignées d'eux, mais c'est comme si elles effleuraient la surface d'une onde où reposent en profondeur des feux secrets qui ne sont pas encore éteints, des souvenirs qu'on croyait à jamais endormis...
Oui, des femmes sont là aussi qui écoutent, parlent, font l'amour, soignent, réparent des coeurs d'hommes blessés. Parfois elles aussi sont fragiles, portent en elles des histoires qu'elles veulent délivrer, comme s'alléger d'un fardeau. Parfois raconter leurs histoires les apaisent aussi, ce sont des amitiés consolatrices...
Sept nouvelles où l'on rencontre tour à tour un étudiant, un comédien de théâtre, un chirurgien plasticien, un barman... Qu'ont-ils donc tous en commun ? de porter une histoire qu'ils ont envie de confesser, et quoi de mieux que de confier ce poids à des femmes, d'autres femmes qui n'entreront jamais dans leurs vies. Mais en sont-ils si sûrs ? Lorsqu'une femme entrouvre la porte d'une âme blessée, celle d'un homme, n'est-elle pas déjà là, présente, cheminant en silence où tout peut encore se passer...
Parfois une femme raconte une histoire à un homme juste après qu'ils ont fait l'amour, son histoire, une histoire ancienne, sans jamais la finir, en remettant la suite au lendemain, en promettant ainsi chaque jour qu'elle reviendra... Forcément on pense à Shéhérazade, d'ailleurs c'est le titre de cette nouvelle qui demeure ma préférée. J'ai été envoûté par Shéhérazade...
Ces hommes parfois dévastés pleurent en silence, ne font pas de bruit, marchent sur la pointe des pieds, continuent de vivre, peut-être plus forts, peut-être plus fragiles, lorsque les femmes qu'ils ont croisées dans leur chagrin se retirent à leur tour sur la pointe des pieds...
Parfois ces nouvelles semblent inachevées, nous rappelant que la vie sait être cela aussi...
Sept nouvelles, sept histoires, sept îles formant un archipel qui couture l'ensemble, où la musique du coeur n'est jamais loin.
J'ai comme l'impression que Des hommes sans femmes est un livre qui ressemble à l'auteur, qu'il y a mis un peu de son âme, mais que les traits de son oeuvre multiple s'y cachent dans les plis de ces histoires. Il y a toujours un côté presque absurde, un climat envoûtant, un soupçon de réalisme magique...
Murakami nous raconte des histoires d'hommes et de femmes qui se racontent des histoires. Allez, on ne va pas se raconter des histoires, c'est un plaisir de les lire et d'écouter dans cette bande-son magnifique la voix nostalgique et déchirée de Billie Holiday...

Merci à toi Gaëlle (@Sachka) qui m'a donné l'occasion d'aller vers ce livre...
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