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sur 663 notes
Lire une oeuvre de Haruki Murakami c'est pour moi comme regarder un film de David Lynch tant les deux hommes se ressemblent. Un univers fantasmagorique, une vision de la vie où le moindre écart nous renvoie sur une route parsemée de doutes et de folies.
Je connais Murakami à travers ses romans, Kafka, l'oiseau à ressort… je viens de finir son recueil de nouvelles « des hommes sans femmes « . comme toujours dans un recueil il y a des histoires qui nous ravissent plus que d'autres. Dans ces sept nouvelles nous partons à la rencontre d'hommes sans femmes. Des hommes solitaires, des hommes ordinaires, pas des mâles alphas bourrés de testostérone non des hommes comme vous et moi. Ces messieurs ont quelque chose de touchant comme Kafuku ce metteur en scène qui se laisse conduire par une femme dans « drive my car » et de fil en aiguille se confie sur ce que fût sa vie et sa rencontre avec l'amant de sa femme. Ou dans le bar de Kino, un bar qui ne paye pas de mine où l'on peut écouter un vieil air de jazz en sirotant une bière ou un whisky , un bar où traîne un chat et des clients mystérieux comme kamita ou la femme aux brûlures de cigarettes. Shéhérazade et ses histoires après avoir fait l'amour….voilà pour mes préférées. Et comme toujours il y a la bande son de Murakami les Beatles, des airs de jazz…
Et le recueil est fini il y a toujours des hommes sans femmes et il y en aura toujours.
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Un air des Beatles s'échappe de la voiture, une vieille cassette qui crachote encore quelques mélopée pop d'un autre temps. Drive my Car fredonne Paul McCartney. Elle conduit cette vieille voiture, fume cigarette sur cigarette, fenêtre ouverte. Lui, assis sur la banquette arrière, relit son texte, la pièce de théâtre qu'il est en train de jouer. Ça pourrait faire un grand film, avec en arrière-fond l'histoire de sa femme décédée il y a quelques années. Des années, des jours, peu importe, la perte n'a plus de temps, la vie s'est arrêtée.

Assis au comptoir d'un bar presque désert, de vieux disques de jazz tournent en boucle sur la platine. D'Art Tatum à Coleman Hawkins. J'enchaîne dans le noir enfumé, quelques bières, quelques whiskys, quelques romans. J'aime lire dans ces endroits-là, lire des histoires de bars et de silence. Et le bar de Kino me propose ce temps de recueillement, sur le souvenir des femmes perdues, celles qui vous quittent, volontairement ou pas. Parce que l'on ne se remet jamais du départ de l'évidence, cette femme qui occupe votre esprit jour et nuit. Alors, dans ce bar, où le jazz tourne, la vie s'arrête.

Des histoires d'hommes et de femmes, sous le regard des hommes sans femmes, mais des histoires où la femme est omniprésente, dans les pensées, dans les souvenirs, dans les fantômes, de ces hommes perdus au coeur déchiré, à l'âme brisée. Des femmes à la fois absentes et présentes. Et dans ces cas-là, un sentiment de solitude enivre le lecteur, dans le bar de Kino ou la profondeur du Kansaï, spleen et jazz, les mots se mêlent à la musique, la balade des maux, une bière.
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Sept nouvelles composent ce livre au thème commun d'un homme vivant sans femmes ; l'un après le décès de sa femme, actrice qui le trompait parfois avec ses partenaires, décide de vivre sans femmes mais, ayant une déchéance temporaire de son permis de conduire, engage une conductrice ; un autre a plusieurs maîtresses, dont une qui l'a particulièrement marquée, abusé et n'ayant plus le goût de vivre il se laisse mourir ... Mes préférées sont Drive my car, le bar de Kino et Samsa amoureux, c'est dans ces trois-là que j'ai le plus apprécié l'écriture magique de Haruki Murakami.

Extrait de la 4ème de couverture :
Neuf ans après Saules aveugles, femme endormie, le retour d'Haruki Murakami à la forme courte. Dans ce recueil comme un clin d'oeil à Hemingway, des hommes cherchent des femmes qui les abandonnent ou qui sont sur le point de le faire. Musique, solitude, rêve et mélancolie, le maître au sommet de son art.

C'est avec impatience que j'attends son prochain roman dont la parution, en français, par les éditions Belfond, est prévue en 2018.
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Des hommes sans femmes est un recueil de sept nouvelles d'Haruki Murakami qui nous invite à entrer dans l'univers d'hommes solitaires.
Sept histoires, sept destins, des histoires presque ordinaires.
Le ton doux-amer, parfois ironique, parfois onirique, ne doit pas cacher la douleur sourde qui se terre dans le coeur de ces hommes.
Sept nouvelles au ton intimiste où la mélancolie se faufile comme un chat sur ses pattes de velours, frôlant les objets immuables du quotidien.
Des hommes sans femmes est un livre dont les différentes voix, celles des hommes mais celles des femmes aussi qui ne sont pas absentes, m'ont touché au coeur.
Ce sont des hommes qui ont aimé, ce sont des hommes qui ont peut-être aimé, mais qui ont été trahis, abandonnés, blessés... Peut-être abîmés à jamais... Ce sont peut-être d'autres hommes qui aimeront, qui craignent d'aimer... Peut-être d'être aimés, qui sait...
Le désespoir n'est jamais loin, la mort non plus. Parfois c'est la mort d'une femme aimée qui peut plonger des hommes dans une solitude abyssale.
Des femmes, d'autres femmes ne sont jamais éloignées d'eux, mais c'est comme si elles effleuraient la surface d'une onde où reposent en profondeur des feux secrets qui ne sont pas encore éteints, des souvenirs qu'on croyait à jamais endormis...
Oui, des femmes sont là aussi qui écoutent, parlent, font l'amour, soignent, réparent des coeurs d'hommes blessés. Parfois elles aussi sont fragiles, portent en elles des histoires qu'elles veulent délivrer, comme s'alléger d'un fardeau. Parfois raconter leurs histoires les apaisent aussi, ce sont des amitiés consolatrices...
Sept nouvelles où l'on rencontre tour à tour un étudiant, un comédien de théâtre, un chirurgien plasticien, un barman... Qu'ont-ils donc tous en commun ? de porter une histoire qu'ils ont envie de confesser, et quoi de mieux que de confier ce poids à des femmes, d'autres femmes qui n'entreront jamais dans leurs vies. Mais en sont-ils si sûrs ? Lorsqu'une femme entrouvre la porte d'une âme blessée, celle d'un homme, n'est-elle pas déjà là, présente, cheminant en silence où tout peut encore se passer...
Parfois une femme raconte une histoire à un homme juste après qu'ils ont fait l'amour, son histoire, une histoire ancienne, sans jamais la finir, en remettant la suite au lendemain, en promettant ainsi chaque jour qu'elle reviendra... Forcément on pense à Shéhérazade, d'ailleurs c'est le titre de cette nouvelle qui demeure ma préférée. J'ai été envoûté par Shéhérazade...
Ces hommes parfois dévastés pleurent en silence, ne font pas de bruit, marchent sur la pointe des pieds, continuent de vivre, peut-être plus forts, peut-être plus fragiles, lorsque les femmes qu'ils ont croisées dans leur chagrin se retirent à leur tour sur la pointe des pieds...
Parfois ces nouvelles semblent inachevées, nous rappelant que la vie sait être cela aussi...
Sept nouvelles, sept histoires, sept îles formant un archipel qui couture l'ensemble, où la musique du coeur n'est jamais loin.
J'ai comme l'impression que Des hommes sans femmes est un livre qui ressemble à l'auteur, qu'il y a mis un peu de son âme, mais que les traits de son oeuvre multiple s'y cachent dans les plis de ces histoires. Il y a toujours un côté presque absurde, un climat envoûtant, un soupçon de réalisme magique...
Murakami nous raconte des histoires d'hommes et de femmes qui se racontent des histoires. Allez, on ne va pas se raconter des histoires, c'est un plaisir de les lire et d'écouter dans cette bande-son magnifique la voix nostalgique et déchirée de Billie Holiday...

Merci à toi Gaëlle (@Sachka) qui m'a donné l'occasion d'aller vers ce livre...
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Ce livre de nouvelles n'est pas le meilleur livre de Murakami même si on y retrouve sa plume, si fluide et brillante, son univers subtilement onirique. Il n'est pas comparable au prodigieux et inoubliable Kafka sur le rivage, au délicat La Balade de l'impossible, et au surprenant 1Q84. Entre autres. C'est vrai. Mais qu'il fut plaisant de retrouver cet auteur via ces nouvelles qui se lisent avec facilité et quasiment d'une traite. Une fois n'est pas coutume, les hommes sont mis à l'honneur. Des hommes sans femmes.

Dans ces sept nouvelles, les hommes sans femmes sont des êtres fragiles, délicats, se posant tout plein de questions, se cherchant, en proie à de multiples contradictions car « c'est difficile de trouver quand on ne sait pas exactement ce qu'on cherche. ». Les femmes aimées, au contraire, sont très pragmatiques, réalistes, fortes, décidées, audacieuses (comme la Shéhérazade de la 4ème nouvelle, celle que je préfère), voire profiteuses. Des femmes qui partent, soit pour un autre, soit en mourant. Des femmes aimées désormais absentes, portées aux nues mais souvent des femmes infidèles et menteuses. La 3ème nouvelle s'intitule d'ailleurs « un organe indépendant » et, selon le Dr Tokai, tombé si passionnément amoureux qu'il était devenu incapable d'absorber la moindre parcelle de nourriture jusqu'à s'annihiler puis mourir, toutes les femmes naissent avec une sorte d'organe indépendant, un organe spécial affecté au mensonge. « elles n'avaient pas la moindre hésitation à mentir pour les choses les plus graves. Ce faisant, la plupart d'entre elles restaient imperturbables et leur voix demeurait inchangée. Car ce n'étaient pas les femmes elles-mêmes qui agissaient, mais l'organe indépendant dont elles étaient pourvues qui intervenait alors à sa guise. Par conséquent, mentir ne troublait en rien leur conscience et ne les empêchait en rien de dormir paisiblement – sauf peut-être de manière exceptionnelle ».

En tout cas, la solitude pour ces hommes est vécue comme une épreuve difficile, presque nécessaire pour devenir plus fort, « Comme les arbres qui doivent survivre à des hivers rigoureux pour devenir plus gros et plus puissants. Quand le climat est toujours doux et clément, ils ne peuvent pas développer d'anneaux de croissance. »

Shéhérazade, la 4ème nouvelle, est ma préférée. Comme dans les autres nouvelles on y voit la rencontre avec l'amante aimée, l'embrasement des corps, les adieux et ensuite cette perte immense qu'on éprouve mais la femme est ici une conteuse. On ne sait pas toujours ce qui imaginé ou réel. Cette femme sans nom, appelée par Habara son amant, Shéhérazade du fait précisément des histoires qu'elle lui raconte à chaque rencontre, a été dans une vie antérieure une lamproie. La lamproie est-elle l'image de la femme selon Murakami ? Ce qui est plutôt effrayant car les lamproies « restent là, cachées, dans l'attente. Dès qu'une truite passe au-dessus d'elles, elles s'élancent et s'accrochent à son ventre. Grâce à leurs ventouses. Et, comme les sangsues, elles la parasitent. À l'intérieur de leur bouche ventouse, il y a des dents cornées, qui effectuent des mouvements circulaires, qui râpent la peau de leur proie et creusent une cavité dans son corps. Puis, peu à peu, elles absorbent sa chair »…Glaçant, n'est-ce pas ? Ce qui est certain est que la femme, dans ce livre tout du moins, n'est plus soumise au bon vouloir de l'homme qui la fantasme et la soumet à sa volonté.

Notons que la musique est très présente, rythmant plusieurs récits, en particulier la 4ème nouvelle "Le bar de Kino" truffée de titres précis, des titres de jazz, que je me suis amusée à écouter, en relisant cette belle nouvelle après coup. Quelques références cinématographiques, notamment une de Truffaut, une de Woody Allen, apportent également une certaine atmosphère à ces multiples solitudes masculines. Solitudes bien ancrées car "dès que vous êtes un homme sans femmes, les couleurs de la solitude vous pénètrent le corps. Comme du vin rouge renversé sur un tapis aux teintes claires. Si compétent que vous soyez en travaux ménagers, vous aurez un mal fou à enlever cette tache. Elle finira peut-être par pâlir avec le temps, mais au bout du compte elle demeurera là pour toujours, jusqu'à votre dernier souffle."



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Haruki MURAKAMI est un auteur qui a déjà prouvé son talent pour l'écriture en général et il le démontre notamment dans l'exercice très particulier des nouvelles. J'ai déjà eu l'occasion de le découvrir dans les deux très bons recueils de nouvelles, Saules aveugles, femme endormie et Après le tremblement de terre. C'est donc avec beaucoup d'attente que j'attendais la sortie de son dernier ouvrage Des hommes sans femmes.

Composé de sept nouvelles (cinquantaine de pages chacune), Haruki Murakami nous dresse le portrait de sept hommes japonais de tout âge et de tous les horizons. Leurs points communs ? Comme le titre le sous-entend très bien, ils ont été « abandonné » (voir le mot au sens large) par une femme. On retrouve diverses thématiques telles que le deuil, l'adultère, l'amour et bien plus profondément la solitude. Simple instant T dans la vie de ses personnages, Haruki Murakami nous prouve encore une fois son talent pour créer une ambiance particulière et pour décrire la nature profonde et le côté sombre de l'humain.

Des hommes sans femmes est un très bon recueil de nouvelle comme sait les faire Murakami. Bien que les nouvelles ne resteront certainement pas longtemps en mémoire, elles sont très agréables à lire. On retrouve tout ce qui fait Murakami et rien que cela, c'est un pur délice.
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Recueil de nouvelles ayant pour point commun des hommes…sans femme ou plutôt ayant une relation curieuse aux femmes.

Ça c'est pour justifier le propos du livre. Moi, j'ai surtout été sensible au côté décalé des propos, naviguant entre songe, rêve et illusion.
J'y ai ainsi retrouvé ce qui me plait dans la littérature nippone, du moins celle que je pratique. Mais peut-être est-ce ma façon curieuse d'y trouver ce que je cherche.

On plonge dans les méandres de l'esprit humain avec toutes ses variantes.
En première lecture, on pourrait penser que la femme n'en sort pas grandie, se révélant menteuse, infidèle, légère. Que l'homme non plus d'ailleurs, se révélant tour à tour benêt, manipulateur, et surtout macho.
Mais derrière ce paravent, en ombres « japonaises », se profile cette détresse des hommes sans femme que veut nous faire toucher du doigt Haruki Murakami.
Et il en occulte toute la souffrance que, peut-être, les femmes sans hommes éprouvent…

Certes cet ouvrage restera en ton mineur dans ma mémoire en comparaison avec d'autres de l'auteur qui m'ont emballé.
Mais j'ai rétrospectivement apprécié la prouesse de Ryūsuke Hamaguchi qui à réalisé le film « Drive my car » en adaptant plusieurs de ces nouvelles en une seule histoire confortant la cohérence de l'ouvrage de Murakami.

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Sept nouvelles qui nous présentent l'univers purement masculin. Un univers étonnant, que l'on soupçonne le moins, ce sont tous des hommes victimes de déception amoureuse, et ils préfèrent se cramponner dans la solitude. La tranche d'âge de nos héros varie d'une nouvelle à une autre, on se rend compte que l'amour peut briser un homme à n'importe quel moment de sa vie. On le voit avec le docteur Tokai, dans la nouvelle Un organe indépendant (la nouvelle que j'ai plus aimé), un célibataire endurci, un homme équilibré à qui le succès sourit dans tous les domaines. Mais tout va commencer à flancher en lui quand il tombera amoureux pour la première fois de sa vie, à l'âge de cinquante deux ans, jusqu'à l'entrainer dans une totale perdition. L'écriture de Haruki Murakami est directe, simple à lire, il nous livre cet univers apparemment inaccessible par de petites pensées qui font intervenir la part de la femme dans l'harmonie des choses quand bien même il présente la femme ici comme le bourreau de l'homme...
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Déception avec ces hommes sans femmes. Je n'ai pas retrouvé le Murakami inspiré et poète de « Saules aveugles, femme endormie ».

Les nouvelles parlent des relations hommes-femmes, et ce du point de vue masculin exclusivement. Deux nouvelles se démarquent dans cet ensemble lisse et fade : « le bar de Kino » tout en délicatesse et en mystères, et une variation originale sur Gregor Samsa, le héros de Kafka. Juste histoire de nous rappeler que Murakami est capable de grandes choses. Je lui pardonne. Je le trouve même touchant car, après tout, c'est un être humain comme moi, avec ses coups de mou et ses moments d'inspiration.

Dans le domaine des difficiles (devrais-je écrire impossibles ?) relations de couple, je préfère les nouvelles de Roald Dahl (je pense, par exemple, à « Coup de gigot » ou encore au sublime «Tous les chemins mènent au ciel »), que je devrais d'ailleurs relire …
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1er livre lu de cet auteur. Des petits morceaux de vie, comme s'ils étaient choisis au hasard. Des histoires d'hommes. Mais ils ne sont pas seuls, il y a toujours une femme, bien qu'elle soit souvent de passage. Je dirais plutôt que ce sont des hommes solitaires et que c'est cet aspect de leur personnalité qui fait qu'ils n'ont pas trouvé la femme de leur vie, peut-être; enfin, c'est comme ça que je l'ai ressenti.
Il y a une atmosphère de douceur dans certaines nouvelles, de fantastique dans d'autres, ou de surréalisme, enveloppées d'airs de jazz ou de musique classique. le sexe est omniprésent pour la plupart d'entre elles, mais amené avec naturel et sans tabou. Elles sont originales mais je ne peux pas dire que j'ai été transcendée par ces nouvelles.
J'attends de voir avec le livre Kafka sur le rivage, qui fera l'objet d'une prochaine lecture.
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