Comme "Caravage est venu au monde pour détruire la peinture", selon les propres termes de Poussin, le travail de Martin Barré est d'accélérer la décomposition de la peinture, de la délabrer, ou de l'effondrer jusqu'à son degré zéro et atteindre cette monochromie presque totale du tableau (...) où il faut véritablement mettre l’œil sur le morceau de peinture pour y percevoir les rapports des blancs et des gris.
les énigmes que cette peinture construit sont à rebonds multiples, mais toujours s'y abolit, en dernièe instance, l'illusion qu'aura pu avoir le critique, le spectateur , de savoir le fin mot de l'histoire.
En fin de compte, la question n'est sans doute pas d'aimer ou de ne pas aimer la peinture de Martin Barré, le choix ( l'alternative) est ailleurs: venir l'habiter ou pas. En allant à l'essentiel, il nous confronte immédiatement à l'essentiel de nos rapports possibles à l’œuvre d'art, à sa raison d'être. Ni didactique, ni abscons,il ouvre pour nous , par de multiples adminicules retenues, l'espace de la peinture dans sa relation dynamique à notre espace réel, et ce faisant , ne nous oblige à rien sinon à une subtile et passionnante interrogation sur ce qui, en peinture et hors la peinture, nous a amenés là.