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Critique de lebelier


Après sa rupture avec George Sand en Italie alors qu'elle s'est acoquinée avec le médecin qui le soignait, Musset entreprend d'écrire un roman qui lui ressemble.
Octave, jeune homme issu de l'aristocratie provinciale se trouve à Paris avec une maîtresse dont il est épris et ne comprend pas qu'elle puisse un instant lui en préférer un autre. Il réagira d'abord par le cynisme sous les conseils « éclairés » de son ami Desgenay puis, rattrapé par le destin, comme tout héros romantique se rendra à la campagne auprès de son père mourant.
L'arrivé en campagne – qui, à l'opposé de Paris est conventionnellement le lieu où l'on se ressource et où l'on a l'impression de moins ressentir la corruption inhérente à la capitale – fait de lui un être repentant, un mystique déchu et un amoureux transi. Se sentant loin du libertinage parisien, Octave s'entiche de Brigitte, jeune veuve solaire, connue pour ses actions charitables dans le village.
Cependant, le bonheur éphémère de leur amour (que Brigitte mettra un certain temps à avouer et à consommer) est vite rattrapé par le passé de Brigitte. Un hobereau de passage au village a tenté de la séduire. Lorsqu'ils se rendent à Paris en vue d'un voyage en Suisse, Brigitte y retrouve un certain Smith, un de ses (nombreux ?) amoureux qui semble en harmonie avec elle plus qu'Octave.
Octave sentant qu'il ne pourra que la rendre malheureuse, refuse de partir et la préfère heureuse dans les bras d'un autre après un débat houleux dans sa propre conscience.
Le problème du narrateur de cette histoire est qu'il est absolu. S'il aime il doit être aimé en exclusivité et ne supporte aucune ombre au tableau. S'il le faut il ira la dénicher ou la supprimer. A Paris, il se bat en duel, en province il choque par son comportement de libertin, il fait « parler » dans les chaumières. Héros romantique par excellence, à l'instar d'un Hernani, il « porte malheur à tout ce qui l'entoure » et semble poursuivi par la poisse amoureuse.
Musset veut montrer aussi, à travers ce qu'il a vécu, que le bonheur n'existe pas en amour ou alors il est de très courte durée. Très vite les éléments extérieurs viennent le contrarier, qu'ils soient temporels ou spatiaux. Devenu une sorte de mystique révolté, Octave s'en prend au destin et surtout à Dieu qui mène les hommes comme un jeu de marionnettes, se riant d'eux et de leur destin funeste:
"Des comptes rendus après la mort, à qui servirait
la leçon ? Il faudrait bien que le ciel fût désert
pour que l'homme fût puni d'avoir vécu, car c'est
assez qu'il ait à vivre, et je ne sais qui l'a
demandé, sinon Voltaire au lit de mort ; digne et
dernier cri d'impuissance d'un vieil athée
désespéré."
D'un autre temps, d'un autre siècle, le roman se lit bien à la faveur du style De Musset à la fois suranné et un peu ampoulé lorsque le héros se débat avec ses démons intérieurs qui l'empêchent de voir le jour dans ses amours vouées à l'échec.


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