Mais comme il était parfois presque consternant, presqu'humiliant, de se sentir ébranlé par Rosie Carpe qui avait tout - dénuement, enfants sans père, certaine rougeur de la peau du visage, l'oeil lavé comme déteint - d'une pauvre fille, d'une espèce misérable irrémédiable, fastidieuse, lassante (...).
Car il était essentiel, se disait Rosie intraitablement, qu'un jour Titi pût demander des comptes, exiger d'obtenir un peu plus de l'existence, une forme de dédommagement,et alors il pointerait du doigt son visage flou,blême,pâteux,à jamais profané,ressassait-elle,par quelque-chose d'invisible et d'impérissable,et il réclamerait son dû et beaucoup plus que cela.
Titi n'avait pas bougé (...) il s’accrochait, obstinément, dans une résistance furtive mais infatigable aux desseins conçus pour lui ...
Mais les frères reviennent toujours.Ils croient pouvoir supporter d'être oubliés et en fait ils ne le supportent pas et ils reviennent pour voir s'ils sont oubliés et le reprocher à tout le monde si c'est le cas.
Une fille qui vous est devenue étrangère,reprit Carpe,si elle revient vous voir après des années et vous demande de l'aider ou je ne sais quoi,vous ne lui devez rien,je pense.