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EAN : 9782070357451
404 pages
Gallimard (05/06/2008)
3.31/5   100 notes
Résumé :
Nadia, la narratrice, est institutrice à Bordeaux dans la même école que son mari, Ange. Ils vivent leur profession comme un apostolat et en tirent une authentique félicité. Mais depuis quelques temps, le couple est l'objet d'une vindicte générale, harcelante et inexplicable...
Nadia tente de comprendre la nature du complot qui la broie, tandis qu'un brouillard épais ensevelit Bordeaux. Quelle faute a-t-elle commise, qui justifierait ses malheurs? Pourquoi so... >Voir plus
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Ce texte nous promène sous les pas pesants et perdus d'une institutrice cinquantenaire qui ne sait plus où elle habite.... ou qui le sait trop...
On se pose beaucoup de questions :
Qu'est ce qui lui arrive? Délire de persécution ? Victime d'exclusion ? les deux, sans doute. Réel ? Rêve ? Fantastique ? Délirium ?
Nous voilà plongés au coeur de la part d'ombre d'une femme qui souffre à un tournant de sa vie : ses cinquante ans?
Métaphore terrible, elle ne parle que de sa ménopause, d'autres y voient une grossesse, mais quelle grossesse... silence épouvanté, approche de l'immonde, de l'horreur absolue, délire encore dans lequel elle se glisse pour finalement accoucher en cachette de cette bête qu'elle portait en elle et qui la rongeait..Quelle bête? Cause de tous ses maux, de tous ses échecs, faute sans doute inavouable, tellement indicible qu'elle ne nous est pas dite...
La honte ? Honte sociale ?
La haine de soi et des autres, les jugements et le mépris qui détruisent les êtres et les relations, quelles qu'elles soient : amoureuses, filiales, sociales, amicales...Et tout cela dans un Bordeaux brumeux, tentaculaire,qui symbolise le parcours de vie de Nadia. Elle est née aux Aubiers, a renié son quartier, ses parents, ses origines, allant jusqu'à changer sa voix, son accent, ses gestes... elle s'est donc appliquée à paraître habitante digne de la rue Fondaudège avec son fils et son premier mari, électricien... mais, l'apogée de son accomplissement de femme aura été son mariage avec Ange, enseignant lui aussi et rédacteur d'articles sur la pédagogie, habitant cette fois, la rue Esprit des lois...
Et puis, un jour, le sale regard qu'elle même avait porté sur les siens, et tous ceux qui n'avaient pas fait les mêmes choix de vie qu'elle, s'est retourné contre elle...
Alors elle souffre, elle est perdue, elle ne comprend plus rien, le sol se dérobe sous elle en même temps que son corps se transforme en gonflant d'une chair débordante qu'elle ne reconnaît pas comme la sienne...
Un livre étrange, qui mélange description minutieuse d'une petite vie quotidienne petite bourgeoise bordelaise, au plus près, et irruption du fantastique dans ce trop réel pour être vrai, jusqu'à nous immerger dans des émotions fugaces : dégoût, peur, angoisse, malaise.... Une expérience de lecture rare...
Lien : http://sylvie-lectures.blogs..
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Rarement un livre m'aura laissé aussi perplexe. Sa lecture dont je ne saurais dire si elle m'a plu ou pas s'est étalée sur un temps élastique. D'abord lentement, péniblement tant il me mettait moi aussi le coeur à l'étroit, puis à l'abandon pendant de longs mois, attendant que je m'aguerrisse avec des lectures encore plus âpres ou que je sois capable de mettre la distance nécessaire entre lui et moi, je l'ai repris assez avidement, à mon grand étonnement. Mais ce qui n'en finit pas de me laisser perplexe, c'est que ce livre n'a jamais vraiment promis d'être agréable ou facile à lire. Il ne coule pas comme du miel. Sa lecture produit exactement l'effet recherché par son auteur dont le talent n'est plus à démontrer. Dès lors, il me semble que je ne peux pas reprocher à ce livre d'être loyal à son intention. Je trouve même assez courageux de la part de l'auteur de ne pas avoir cherché à écrire un livre plaisant.
Une lecture, donc, qui perturbe, intrigue et met mal à l'aise. On a du mal à saisir le sens de cette histoire tout en symboles. Nadia et son mari Ange, respectables instituteurs vivant leur métier comme un sacerdoce sont en proie à l'opprobre de toute la ville. Pourquoi un tel acharnement qui tourne à l'agression sur la personne d'Ange ? Ce que perçoit Nadia est-il réalité ou délire paranoïaque ? Rapidement, le couple est confiné dans son appartement bordelais, visité et soigné exclusivement par un voisin qui leur impose sa présence envahissante, les engraissant de mets toujours plus riches. Cependant, dans la succession des faits anormaux qui se produisent, c'est bien Nadia, la narratrice qui est en cause. Elle comprend qu'elle doit partir mais un épais brouillard envahit la ville et modifie tous les repères... Ceux du lecteur le sont également. Vaillamment, il doit tenter d'interpréter les signaux placés ici et là comme des fanaux dans l'étrangeté d'un texte rédigé d'une plume habile, façonnée au ciseau. Une lecture exigeante, sans confort, sans douceur, mais qui sait donner du grain à moudre, un matériau pour réfléchir et ressentir.


Lien : https://leschroniquesdepetit..
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Récit à une voix, récit angoissant d'une angoisse, déstabilisant parce que la vérité est fuyante, vérité que dit ne pas connaître Nadia, et notre doute, qui sourd même quand nous sommes emportés par la lecture, embarqués avec elle, doute: faut-il croire Nadia ? Est-ce que, consciemment ou inconsciemment elle ne tord pas les faits ?
Et puis, parfois, et de plus en plus - et c'est voulu par l'auteur ou par le personnage - une antipathie envers elle, quand elle méprise le vieil instituteur/écrivain, avant que tout se déclenche, et soupçon que cela expliquerait que le couple déplaise mais sans expliquer la haine qu'elle nous décrit. Envie de prendre son parti quand elle parle durement des filles, après, quand le drame s'est intensifié, parce que cela peut-être réaction d'animal perdu. Et, malgré notre résolution de ne pas appliquer de jugement de bien-pensant confortable, recul devant sa fuite de ce qu'elle a été, son comportement avec ses parents, avec le premier mari.
Nous sommes perdus, comme, avec, contre elle.
Dans la crainte de tout ce qu'elle affronte, dans l'étrange. Dans la reconquête de son moi, de l'amour qu'elle avait pour son premier mari, pour ses parents, amour nié avec violence pour être acceptée par la ville, par Ange tel qu'elle l'imagine. Une passion, épreuve, et le soulagement peut être un peu décevant de l'apaisement final.
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La lecture à la suite d'un deuxième roman de Marie NDiaye confirme mon admiration pour sa prose singulière, percutante et somptueuse. Elle allie ce que je préfère en littérature : des ambiances évocatrices étranges et des développements psychologiques de personnages décalés. NDiaye surprend et remue, comme peu d'auteurs contemporains français.

La narratrice Nadia, dans la cinquantaine, enseigne au primaire, tout comme son mari. Elle dévoue sa vie à son travail et à ses élèves et, méritante, elle est confortablement installée dans la bourgeoisie bordelaise. Elle inspire le respect, jusqu'au jour où tout bascule. Son mari et elle se transforment en parias, sans comprendre. On les évite, on les insulte, on les agresse même physiquement dans la rue. Pourquoi ?

NDiaye, maîtresse de l'ambiguïté, introduit des éléments fantastiques dans un univers hyperréaliste, ce qui accentue le trouble. Ses allégories soulèvent nombre de questions. À nous lecteurs d'y trouver des réponses. D'abord anxiogène, le récit de Nadia devient entêtant. Il me hante encore plusieurs jours après ma lecture.
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Nadia, la narratrice, partage le métier d'instituteur avec son mari à Bordeaux. Tout semblait aller pour le mieux pour eux, mais au début du récit, ils ont l'impression d'être rejetés, mis au ban de la société, pour une raison inconnue. Ce couple qui parait exemplaire est victime d'une relégation sociale inexpliquée.
Quelle faute ont-ils commise ? Sont-ils si exemplaires que cela ?
Nous nous enfonçons dans un brouillard opaque qui couvre la ville de Bordeaux. Nadia y perd ses repères, et nous aussi. Ses perceptions sont à la limite du délire paranoïaque.
Marie Ndiaye nous entraîne dans un conte mi-horrifique, mi-fantastique, dans une tragicomédie à l'atmosphère glauque et cauchemardesque.
Comme souvent dans ses livres, les relations entre les parents et les enfants sont difficiles, marquées par la honte et le manque d'amour.
Ce n'est pas le livre de Marie Ndiaye que j'ai préféré, même si beaucoup de choses m'ont plu comme cette litanie sur les états du coeur de Nadia qui traverse le livre. Peut-être a-t-elle voulu mettre trop de choses dans ce livre qui parait moins "resserré" que des romans ultérieurs, comme Ladivine qui en reprend certains thèmes.
A lire tout de même car l'univers de Marie Ndiaye est magique et entêtant.




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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
La rancune à l'égard de parents qui vous ont correctement traitée mais dont vous détestez le mode de vie, il ne pouvait la comprendre. Mon refus de m'approcher du quartier des Aubiers, où s'est déroulée mon enfance, de ses rues aux longues barres d'immeubles, aux trottoirs défoncés, il ne pouvait le comprendre non plus. Oui, mon ex-mari est resté, malgré mes efforts, une âme simple.
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Cependant, à l'instant où je pose la main sur la poignée de la porte, le tramway silencieux et rapide glisse devant la pharmacie avec, à son bord, Mme la directrice de notre école seule dans la première rame, le visage tourné vers la vitre, calme et austère visage très blanc que les fortes lampes du tram frappent de paralysie. Et c'est une expression de surprise horrifiée, d'aversion et de terreur qui dénoue soudain les traits de ce visage si figé et si blanc lorsque ses yeux croisent les miens à travers les deux parois de verre.
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Alors il ricane, il tente de m'imiter par dérision mais, trop affaibli, doit vite renoncer et se contenter d'un coup d'oeil presque haineux, qui m'épouvante. Qu'est devenu mon mari ? Celui que j'aimais, qui ne faisait qu'un avec moi, où a-t-il disparu ?
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Je souffle :
- Vous n'avez pas de rancune ?
Ils me regardent sans comprendre, souriant vaguement, le sens de ce mot ne leur est pas connu.
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J'espère que ce n'est pas ton enfant, la petite, dont nous nous régalons ainsi, aimerais-je dire à mon fils sur le ton de la plaisanterie.
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Videos de Marie NDiaye (30) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Marie NDiaye
Le réel, dans l'oeuvre de Marie NDiaye, est bien souvent teinté d'étrangeté. le fantastique y affleure dans des univers réalistes, parfois triviaux ; comme si ces effets de dissonance, en s'immisçant dans le quotidien, offraient une meilleure compréhension du monde et le rendaient plus intelligible. Explorant des lieux de marginalité, ses romans arpentent des territoires ambivalents, en tension, où les personnages pourtant ancrés dans l'ordinaire vacillent parfois vers la folie. Évoluant dans une atmosphère cruelle, sur le seuil d'univers heurtés où l'équivoque s'impose, ils ne cessent de questionner leur appartenance, se confrontent à la métamorphose, à l'étrangeté du lien familial et aux déplacements incessants. Dans ce grand entretien, l'autrice évoquera l'évolution de son écriture tout au long de son parcours d'écrivaine majeure de la littérature contemporaine, qui a également investi le théâtre comme lieu d'exploration de la cruauté et de l'ambivalence humaines.
Marie NDiaye est l'autrice d'une oeuvre prolifique depuis la parution, en 1985, de son premier roman à l'âge de dix-sept ans (Quant au riche avenir, Minuit). Elle a obtenu le prix Fémina en 2001 pour Rosie Carpe, et le prix Goncourt en 2009 pour Trois femmes puissantes. En 2012, elle se voit décerner le Grand Prix du théâtre de l'Académie française, après avoir écrit de nombreuses pièces de théâtre dont Papa doit manger, qui est entrée au répertoire de la Comédie-Française en 2003.
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