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Critique de lalahat


On connait Vladimir Nabokov pour sa sulfureuse Lolita, moins pour ses nouvelles. Si l'on doit n'en lire que deux, ce seront évidemment Un coup d'aile et La Vénitienne.

J'ai retrouvé la puissance de son écriture dans Un coup d'aile. A Zermatt, tout est prévu pour se divertir, au grand air sur les pistes comme dans les salles de bal du bel hôtel où vient séjourner Kern, jeune veuf de 35 ans. Pourtant, sa mélancolie subsiste malgré la rencontre d'Isabelle, sa voisine de chambre. Entre ciel et terre, il traîne son amertume et ses angoisses. Vladimir Nabokov parvient à narrer comment un ange se fait coincer une aile dans la porte d'une armoire, pourchassé par Kern, sans s'attirer la moindre moquerie de son lecteur. Telle est la magie de son écriture. Comme dans Lolita, il a réellement l'art d'inspirer l'empathie alors que tout devrait mettre en avant le ridicule de la scène ou du personnage. le texte de Nabokov est une plongée dans le romantisme et le fantastique. Son personnage se débat dans les affres de son chagrin. Il se révolte contre sa destinée trop pesante. Il est dans la fuite, mais semble rattrapé par le cours des évènements comme un héros de tragédie.

Particulièrement bien construite, La Vénitienne s'ouvre sur une partie de tennis qui réunit les protagonistes. Tout est inscrit dans cette sorte de préambule et la suite de la nouvelle en constitue le développement. Sur le cours, quatre joueurs : le colonel, amateur d'art et riche propriétaire du château, Franck, son fils, étudiant en vacances d'été, Simpson, un camarade naïf et timoré, et Maureen Magor, invitée du colonel avec son époux, restaurateur de tableaux, qui lui se tient hors champ et ne participe qu'en spectateur. La figure centrale est Franck, superbe, qui mène le jeu, et fait équipe avec Maureen. L'intrigue s'articule autour du tableau de la Vénitienne de Sebastiano del Piombo, peintre italien de la renaissance. Simpson a remarqué une ressemblance troublante entre le portrait et Mme Magor. Mais cela semble échapper à M. Magor qui exprime, lui, une préférence pour les Madones de Bernardino Luini. La chute de la nouvelle est assez magistrale et met en avant le caractère insolent et facécieux de Franck.

Le recueil compte aussi deux pépites : Bruits et Bonté.

Bruits est l'histoire d'une rupture. L'originalité du court récit tient à l'accord entre sentiments et monde extérieur. La nature et le narrateur fusionnent, dans un esprit très romantique. La rupture inopinée ne semble pas affecter les personnages. Nabokov relate même les faits par le truchement de son personnage comme un "jour heureux", dès le début de la nouvelle. Et celle-ci s'achève sur un grand éclat de rire.

La nouvelle, Bonté, est écrite sur le thème de l'absence et de l'attente déçue. Comme pour Un coup d'aile, l'issue n'en est pas moins joyeuse. Bien qu'elle marque la fin de sa relation amoureuse, le narrateur se remet en mouvement pour rejoindre son atelier où il reprendra, on le suppose, son activité d'artiste, source d'épanouissement bien plus sùre que l'amour de sa maîtresse.
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