AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Unchatpassantparmileslivres


Dans ce journal, tenu pendant quelques mois seulement, Véra Nabokov note au jour le jour la réception américaine de Lolita, roman écrit par son mari en 1955, mais qui ne paraît aux Etats-Unis qu'en1958. En effet, le puritanisme et la frilosité des éditeurs américains leur avaient fait refuser Lolita et ils n'ont accepté de publier ce livre que lorsqu'il l'a été à Paris et que le scandale soulevé à sa parution leur a fait espérer un succès éditorial...

Elle raconte donc ce succès qui arrive si tard dans la vie de V. Nabokov, à cause de son parcours personnel si atypique et compliqué, entre trois pays successifs et une écriture d'abord en russe, puis en anglais. Son emploi fréquent du «nous» montre à quel point le couple qu'elle forme avec Vladimir est soudé et son rôle de collaboratrice entièrement dévouée.

C'est tout d'abord le récit de leur voyage à Glacier Park, à la recherche de papillons (le hobby de Vladimir), en attendant la parution, prévue pour le mois d'août. Puis, leur retour à Ithaca, dans l'état de New York, où Vladimir Nabokov est professeur à l‘université de Cornell.
Dès lors, les événements se précipitent et les appels affluent de toutes parts, qu'elle filtre soigneusement. Elle évoque l'effervescence et les frétillements autour du succès, motivés par l'appât du gain ou la vanité ; propositions de toutes sortes qui fusent : traduction du roman en différentes langues, chansons, dessins humoristiques, droits cinématographiques, classement sur le Times dans les meilleures ventes, demandes d'interviews et de photos, de conférences, collègues de Cornell qui veulent profiter de cette notoriété nouvelle, etc.

Elle regrette le contresens généralisé sur le propos de l'auteur, qui dénonce la prédation pédophile de Humbert Humbert, alors que le grand public, comme bien des critiques, accusent le dévergondage de Lolita. «Tous passent à côté de l'évidence : «cette horrible petite gamine», Lolita, est pour l'essentiel très bonne – sinon, elle ne se serait pas redressée après avoir été si affreusement écrasée, pour trouver une vie décente avec ce pauvre Dick, une vie lui convenant mieux que les autres.» Et dès cette époque, le terme de "Lolita" va désigner une jeune adolescente aguicheuse. Ses notes montrent sa conscience aiguë du talent de son mari et son regret qu'on apprécie plus le côté sulfureux de l'oeuvre que ses qualités réelles à leur juste valeur : beauté, pathos et poésie.
A mon sens, l'intérêt de ce journal réside surtout, hors fan absolu de Nabokov, dans la peinture de l'Amérique des années 50 et dans la comédie humaine que suscite ce roman.
Commenter  J’apprécie          41



Ont apprécié cette critique (4)voir plus




{* *}