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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Lire Vidiadhar Surajprasad Naipaul (on comprend mieux l'utilisation des initiales V. S.), c'est forcément se confronter au monde. Né en Amérique (Trinidad), d'une famille originaire d'Asie (Inde), citoyen Européen (Royaume-Uni), c'est bien en Afrique qu'il nous conduit, dans cette courbe du fleuve.

Et quoi de mieux que ce citoyen du monde pour penser la décolonisation, les jeux de pouvoir et d'influence en un même lieu et sur quelques années des Arabes, des Européens, des Indiens et de ce peuple d'Afrique qui se cherche un avenir. Sans jamais porter de jugement définitif sur quiconque, l'auteur nous donne à voir les errements qui vont plonger ces régions dans les tourments les plus terribles. A part le voisinage avec l'Ouganda, nous ne saurons jamais quel pays est précisément évoqué, également parce que les destins funestes de nombre de ces pays d'Afrique Noire se sont malheureusement ressemblé.

La prouesse est surtout réalisée dans l'imbrication entre les différents destins internationaux, continentaux, nationaux, locaux... et jusqu'aux destins individuels des personnages. Tout se répond de manière tellement fluide qu'aucune frontière ne peut être tracée. On le voit notamment avec le narrateur : d'abord surtout observateur des évolutions qui l'entourent, il semble refuser de s'impliquer. Mais la vie et ses désirs vont l'obliger à prendre des risques qui vont lui créer des liens d'abord rassurants puis enfermants.

Le propos est riche et profond et on craint au début qu'il nuise à la narration, mais des évènements viennent sans cesse relancer l'intérêt. La galerie des personnages annexes est également essentielle, dans sa complexité foisonnante. Même l'esclavage est traité à travers le personnage de Metty, dans toutes ses ambiguïtés et avec un angle original qui fait ressortir une authenticité parfois dérangeante mais tellement intéressante dans la réflexion qu'elle amène.

Ce fleuve nous enserre totalement comme il enserre les personnages, protection et prison. On est tour à tour admiratifs et inquiets, comme les habitants face à ces jacinthes d'eau, "nouvelle chose du fleuve", qui l'orne et l'étouffe à la fois. Un Nobel méconnu qui gagne vraiment à être découvert.
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Une grande épopée. Celle de Salim, un Indien vivant avec sa famille sur une côte africaine. Il va tenter sa chance à la courbe du fleuve, là où il y avait un ancien village de colons, mis en fuite ou en déroute et où il va ouvrir un magasin.

Même en traduction, l'écriture de Naipaul est belle. Simple mais belle. de ces écritures qui vous donne envie de continuer sans désemparer, tout en vous procurant la joie de lire une belle littérature.

Très heureuse découverte.
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Un récit à la première personne, fait par Salim, dont la famille d'origine indienne est installé depuis un certain temps en Afrique. Mais l'Afrique change, et Salim le pressent, et décide de quitter la région côtière où sont installés les siens et va vivre dans un autre pays, à l'intérieur des terres. Il observe tous les soubresauts du continent, entre décolonisation, révolutions, dictatures, guerres ethniques. Il n'est qu'un observateur, qui subit, qui n'anticipe même pas vraiment ce qui arrive et qui nous livre un tableau assez catastrophique et dépourvu d'espoir du devenir du continent et au-delà de la nature humaine en général, et de la planète en cours de mondialisation. C'est sombre, pessimiste mais en même temps terriblement juste.

Un livre sans concessions, caractérisé par un style élégant, mais sans fioritures, dépouillé tout en restant subtil.
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Une vision de l'Afrique post coloniale dans laquelle tous les repères sont perdus laissant africains et étrangers pareillement désemparés. Même le passé et ce que chacun croit être ses racines perdent tout sens. Une belle écriture qui incite à la réflexion.
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Un très beau roman, magnifiquement écrit qui nous transporte sur le continent africain. A travers les yeux de Salim, né en Afrique (sur la côte est, le pays n'est jamais nommé explicitement) et d'origine indienne, l'auteur aborde des thèmes qui me sont chers : le déracinement, le manque d'attaches, grandir dans un environnement multiculturel, la perception des autres, l'exil...

C'est le premier livre de Naipaul que je lis et je me réjouis d'avoir découvert cet auteur. Un des grands bonheurs de la lecture est de découvrir un auteur et de savoir qu'il nous reste plusieurs livres de cet auteur à lire ! La promesse de retrouver un univers et une écriture qui nous touchent...
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VS Naipaul est prix Nobel de littérature et, étrangement, peu connu dans notre pays.
Comme tous ses autres livres, "A la courbe du fleuve" est extrêmement bien écrit.
Le thème est passionnant : il s'agit du Zaïre de Mobutu (qui ne sont jamais nommés), en plein "retour à la brousse", selon le mot de l'auteur, après la décolonisation.
Les différents personnages (Africains d'origine indienne, autochtones, Européens) sont eux aussi en pleine confusion, tiraillés entre toutes sortes de représentations et d'idéologies.
Au final, un très chef d'oeuvre.
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Tout d'abord, ce livre est très bien écrit et/ou traduit.
Ensuite, il raconte une histoire très originale, très réaliste, plausible dans un biotope qui ne nous est pas habituel : ces régions d'Afrique centrale auxquelles on accède après de jours de voyage vers l'Est en partant de la côte atlantique, ou après de jours de voyage vers l'Ouest en partant de la côte de l'océan indien, ces zones de forêt où aujourd'hui encore apparaissent parfois des bandes armées dont on ne sait d'où elles sortent, qui les a financées... ces zones de forêt parcourues de longs, larges, lents fleuves, où l'on a l'impression que rien ne bouge, dans la touffeur équatoriale.
Cela m'a rappelé ces bourgades comme Bitam, Mouila, dont on ne peut dire où commence la forêt et s'arrête la ville, ni le contraire.
Parce que la région théâtre du roman est plus proche de la côte est que de la côte ouest, les commerçants y sont des Indiens. Et c'est dans ce milieu qu'évolue ce roman.
Lien : https://www.edilivre.com/app..
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VS Naipaul est prix Nobel de littérature et, étrangement, peu connu dans notre pays.
Comme tous ses autres livres, "A la courbe du fleuve" est extrêmement bien écrit.
Le thème est passionnant : il s'agit du Zaïre de Mobutu (qui ne sont jamais nommés), en plein "retour à la brousse", selon le mot de l'auteur, après la décolonisation.
Les différents personnages (Africains d'origine indienne, autochtones, Européens) sont eux aussi en pleine confusion, tiraillés entre toutes sortes de représentations et d'idéologies.
Au final, un très grand livre.
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« A la courbe du fleuve (A Bend in the River) » - comme quoi il est difficile d'échapper à l'imagerie fluviale - est considéré comme un des chefs d'oeuvre du Prix Nobel de Littérature V.S. Naipaul, récemment décédé. C'est l'histoire d'un marchand d'origine indienne qui s'installe dans une petite ville du Zaïre au début de l'époque de Mobutu et commence à fréquenter et observer les milieux belges et zaïrois et leurs interactions. Il décrit un pays qui glisse doucement dans le désordre, la décrépitude et le culte du « grand homme ». Si Naipaul, né à Trinidad et d'origine indienne, peut, comme son narrateur, échapper à la dichotomie colonisateur/colonisé et offrir un angle nouveau, son regard pessimiste sur les années d'après l'Indépendance lui a été reproché.
Lien : http://www.lecturesdevoyage...
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