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Critique de kielosa



Drôle de mélange de personnages historiques réels présentés dans une narration fictive par un auteur égyptien avec trame de fond la fondation d'un État juif.

Le récit démarre avec la liquidation, en 2018, dans l'ambassade de France à Tel Aviv d'un singulier personnage : Mordekhaï Monco, surnommé Moka et né en 1930 à Gdansk (Danzig) en Pologne, comme fils d'un rabbin hassidique, arrêté par les nazis et expédié aux camps de Bergen-Belsen et Neuengamme (près d'Hambourg), où, en tant que gosse, il était devenu un prostitué homosexuel. Libéré en 1945 par la Croix-Rouge et placé dans un orphelinat au fond de l'Aveyron, il réussira à s'échapper et de se retrouver en Israël, où il a mené des activités obscures. Maintenant, c'est un vieux monsieur misérable qui raconte sa vie mouvementée pour une bouchée de pain à des touristes sur les terrasses de Tel Aviv.

Dans les cafés les habitués connaissent tous Moka, ou du moins s'imaginent le connaître, car le bonhomme dispose d'un stock de secrets en nombre assez important pour remplir une collection de la Pléiade, s'il avait des ambitions et qualités littéraires nécessaires.

Une page sombre dans ce passé noir a trait à son éventuel rapport avec la mort mystérieuse du dignitaire sioniste Haïm Arlozoroff le 16 juin 1933, à Jaffa en Palestine.

Contrairement à Moka, Arlozoroff est un personnage authentique. Né en 1899 à Romny (230 km à l'est de Kiev ou Kyiv), il est devenu un haut responsable du mouvement ouvrier de l'organisation sioniste de Palestine (la Histadrout). Peu avant son assassinat, il négociait à Berlin avec des chefs nazis les modalités concrètes du départ des Juifs d'Allemagne vers la Palestine, la Terre promise.

Le roman prend une allure romantique lorsque est relaté l'amourette entre celui qui se prénommait encore Victor Arlozoroff et une beauté blonde teutonne du nom de Maria Magdalena Behrend, née à Berlin le 11 novembre 1901 comme enfant illégitime et qui deviendra la première dame du troisième Reich en tant qu'épouse du ministre de propagande d'Hitler, le sinistre Joseph Goebbels !
Le 1er mai 1945 ce charmant couple se suicidera par coups de revolver, comme leur "Führer" la veille, mais après que Magda Goebbels aura tué ses 6 enfants - 5 filles et 1 garçon entre 4 et 12 ans. le fils de son premier mariage avec un riche industriel allemand, Harald Quandt par contre a survécu et est mort en 1967, à l'âge de 46 ans dans un accident avec son avion privé.

La question à 1000 balles de l'histoire est tout simplement celle du titre : Qui a tué Arlozoroff ?

Les candidats de cet assassinat ou leurs commanditaires sont multiples :
- Est-ce que ce serait un jaloux Joseph Goebbels qui a donné l'ordre à un sous-fifre de la Gestapo de supprimer son rival juif ?
- Ou s'agit-il par contre d'un règlement de comptes entre fractions sionistes rivales et la liquidation d'un "traître" qui a osé négocier un arrangement avec le pire ennemi du peuple juif ?
- Ou est-il tombé victime d'une autre ténébreuse et diabolique machination ?

Et question subsidiaire : que vient faire le pittoresque Moka, plus de trois quarts de siècle après, dans cette exécution sensationnelle sur une plage de Tel Aviv ?

Tobie Nathan, un auteur prolifique originaire du Caire, répondra en l'espace de 31 chapitres et 410 pages à toutes vos questions.
L'auteur connaît bien la région et l'histoire de ce coin du globe, et réussit à rendre son récit à la fois instructif et captivant.

En somme, il n'y a que Magda Behrend-Quandt-Goebbels et ses histoires d'amour qui m'ont irrité, surtout sa liaison équivoque avec l'horrible nabot Joseph Goebbels.
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