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EAN : 9782246751311
432 pages
Grasset (12/05/2010)
3.91/5   51 notes
Résumé :
Cette expression, à priori énigmatique («Qui a tué Arlozoroff ? ») est un des plus fameux «Mantra» en Israël, et sert à dire, à propos de n’importe quelle question, qu’il n’y a pas de réponse. Qui était donc cet Arlozoroff ? C’était un personnage politique de premier plan dans la Palestine d’avant la création de l’État d’Israël. De gauche, ennemi de la droite sioniste d’un Jabotinski ou d’un Begin, il avait joué un rôle majeur, avant-guerre, lorsqu’il s’était agi de... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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Drôle de mélange de personnages historiques réels présentés dans une narration fictive par un auteur égyptien avec trame de fond la fondation d'un État juif.

Le récit démarre avec la liquidation, en 2018, dans l'ambassade de France à Tel Aviv d'un singulier personnage : Mordekhaï Monco, surnommé Moka et né en 1930 à Gdansk (Danzig) en Pologne, comme fils d'un rabbin hassidique, arrêté par les nazis et expédié aux camps de Bergen-Belsen et Neuengamme (près d'Hambourg), où, en tant que gosse, il était devenu un prostitué homosexuel. Libéré en 1945 par la Croix-Rouge et placé dans un orphelinat au fond de l'Aveyron, il réussira à s'échapper et de se retrouver en Israël, où il a mené des activités obscures. Maintenant, c'est un vieux monsieur misérable qui raconte sa vie mouvementée pour une bouchée de pain à des touristes sur les terrasses de Tel Aviv.

Dans les cafés les habitués connaissent tous Moka, ou du moins s'imaginent le connaître, car le bonhomme dispose d'un stock de secrets en nombre assez important pour remplir une collection de la Pléiade, s'il avait des ambitions et qualités littéraires nécessaires.

Une page sombre dans ce passé noir a trait à son éventuel rapport avec la mort mystérieuse du dignitaire sioniste Haïm Arlozoroff le 16 juin 1933, à Jaffa en Palestine.

Contrairement à Moka, Arlozoroff est un personnage authentique. Né en 1899 à Romny (230 km à l'est de Kiev ou Kyiv), il est devenu un haut responsable du mouvement ouvrier de l'organisation sioniste de Palestine (la Histadrout). Peu avant son assassinat, il négociait à Berlin avec des chefs nazis les modalités concrètes du départ des Juifs d'Allemagne vers la Palestine, la Terre promise.

Le roman prend une allure romantique lorsque est relaté l'amourette entre celui qui se prénommait encore Victor Arlozoroff et une beauté blonde teutonne du nom de Maria Magdalena Behrend, née à Berlin le 11 novembre 1901 comme enfant illégitime et qui deviendra la première dame du troisième Reich en tant qu'épouse du ministre de propagande d'Hitler, le sinistre Joseph Goebbels !
Le 1er mai 1945 ce charmant couple se suicidera par coups de revolver, comme leur "Führer" la veille, mais après que Magda Goebbels aura tué ses 6 enfants - 5 filles et 1 garçon entre 4 et 12 ans. le fils de son premier mariage avec un riche industriel allemand, Harald Quandt par contre a survécu et est mort en 1967, à l'âge de 46 ans dans un accident avec son avion privé.

La question à 1000 balles de l'histoire est tout simplement celle du titre : Qui a tué Arlozoroff ?

Les candidats de cet assassinat ou leurs commanditaires sont multiples :
- Est-ce que ce serait un jaloux Joseph Goebbels qui a donné l'ordre à un sous-fifre de la Gestapo de supprimer son rival juif ?
- Ou s'agit-il par contre d'un règlement de comptes entre fractions sionistes rivales et la liquidation d'un "traître" qui a osé négocier un arrangement avec le pire ennemi du peuple juif ?
- Ou est-il tombé victime d'une autre ténébreuse et diabolique machination ?

Et question subsidiaire : que vient faire le pittoresque Moka, plus de trois quarts de siècle après, dans cette exécution sensationnelle sur une plage de Tel Aviv ?

Tobie Nathan, un auteur prolifique originaire du Caire, répondra en l'espace de 31 chapitres et 410 pages à toutes vos questions.
L'auteur connaît bien la région et l'histoire de ce coin du globe, et réussit à rendre son récit à la fois instructif et captivant.

En somme, il n'y a que Magda Behrend-Quandt-Goebbels et ses histoires d'amour qui m'ont irrité, surtout sa liaison équivoque avec l'horrible nabot Joseph Goebbels.
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Haïm Arlozoroff, figure de la gauche sioniste, diplomate négociant avec les autorités nazies pour faire sortir les juifs de l'Allemagne, est assassiné sur une plage de Tel-Aviv en 1933. Qui l'a tué ? Cette question n'a jamais été élucidée. Tobie Nathan nous apporte une réponse romancée à cette mystérieuse énigme. Sa supposée relation d'amour de jeunesse avec Magda Goebbels a-t-elle causé sa perte ? La Première dame du Troisième Reich, femme du ministre de la propagande, a-t-elle sacrifié son amant aux nazis ? Un écrit captivant sur une affaire méconnue et non résolue de l'histoire politique israélienne.
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Ainsi donc Victor Arlozoroff, l'un des principaux dirigeants du mouvement sioniste des années 20 était l'amant de la future Mme Goebbels, l'archétype de la femme aryenne telle que la fantasmait Hitler et les nazis.
Le fait semble clairement avéré et le roman, car il s'agit bien d'un roman, offre une réponse plausible, sinon certaine à la question que pose le titre : qui l'a assassiné ? Et pourquoi ?
Au-delà de la réponse apportée, c'est surtout la personnalité de Magda Friedländer, puis Quandt et enfin Goebbels, qui semble avoir passionné l'auteur dont il faut se souvenir qu'il est ethnopsychiatre.
Comment une très jeune fille amoureuse d'un jeune juif devient-elle successivement la séductrice d'un très riche homme mûr, nageant dans l'opulence et la luxure, adulée de nombreux admirateurs et amants pour finir par, adoubée par Hitler, épouser son grand maître de la propagande ?
Comment passe-t-on de l'amour au choix assumé de la haine, puis au refus de toute pitié et enfin à la cruauté la plus abominable ? Sans doute, pour cette veuve noire, par un narcissisme forcené.
La thèse de l'auteur assimilant le nazisme à du cannibalisme mérite d'être entendue de même que l'analyse psychologique des méthodes employées par les nazis avant leur prise de pouvoir. Cela fait toujours aussi froid dans le dos…
« L'injure est l'âme de la provocation, son noyau. Par l'injure, on renvoie à l'ennemi sa propre image rabaissée, lui signifiant qu'on dispose d'une avance sur lui. S'il est possible de le penser chien, porc, excrément ou maladie malfaisante, c'est que l'on a déjà procédé au travail mental permettant de le tuer…La force de l'injure ne réside en aucune manière dans son contenu mais dans le processus qu'elle suppose déjà réalisé dans l'esprit de l'énonciateur. Qui t'injurie est capable de te tuer…Nous allons vous tuer ! Nous y sommes préparés ! »
On peut également lire, en creux, la dangereuse fascination qu'exercent le pouvoir et les hommes qui s'en emparent. C'est, pour les électeurs de nos démocraties bien malades, une raison supplémentaire de ne pas renoncer au seul pouvoir qu'ils détiennent : celui de sortir les sortants.
C'est très bien écrit avec une intrigue qui s'apparente vraiment à un thriller. C'est tout le talent de cet excellent roman outre le fait d'avoir remis en lumière ce Victor ou Vitaly ou Haïm Arlozoroff dont je n'avais jamais entendu parler et dont le principal mérite aura été de négocier les accords ayant permis à près de cinquante mille juifs allemands de quitter leur pays avant qu'il ne soit trop tard.
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Dès les premières pages, le roman s'ouvre sur le meurtre de Haïm Arlozoroff, leader sioniste d'extrême gauche assassiné sur la plage de Tel Aviv le 16 juin 1933.Un grand reporter français, Ezra Morena est envoyé par son journal pour enquêter sur un deuxième meurtre, commis de nos jours à l'ambassade de France à Tel Aviv. Il s'agit d 'un ancien agent du Mossad, Mordekhaï Monco. Sa rencontre avec une universitaire spécialisée dans l'histoire du Mossad le conduira à relier cette dernière affaire avec le meurtre non élucidé d'Arlozroff. Voilà pour le cadre de ce roman.
Au-delà des querelles partisanes, et des interrogations qui subsistent encore aujourd'hui sur l'assassinat d'Arlozoroff, l'auteur dévoile un autre volet de la vie du jeune diplomate juif: sa rencontre, vingt ans plus tôt avec une camarade de classe de sa soeur et qui n'est autre que la jeune Magda Friedländer.
Fascinée par lui, elle épousera rapidement les rêves sionistes qu'il défend. La passion que l'auteur leur prête et qu'ils entretiendront malgré les voyages d'Arlozoroff en Palestine, le premier mariage de Magda et même après, lorsqu'elle deviendra l'épouse de Goebbels sont le fil conducteur de ce roman étonnant par le regard que l'auteur porte sur l'histoire.
Derrière l'ambition de cette femme, son ascension, la place qu'elle occupe auprès d'Hitler, la jalousie qu'elle éveille chez Goebbels, il y a l'ambivalence de ses sentiments vis à vis d'Arlozoroff .Entre haine et amour, il n'y a qu'un pas.
Le meurtre d'e Haïm Arlozoroff a t-il été commandité par l'extrême droite israélienne, par des partisans communistes avec lesquels il se trouvait en désaccord, ou par des nazis prompts à effacer la liaison que leur "déesse" entretenait avec un juif ?
Les nouvelles hypothèses que propose l'auteur, dépoussièrent L Histoire. On se prête volontiers à ses spéculations.
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Roman historique très intéressant. Sa construction est assez classique, un homme aujourd'hui enquête sur un meurtre du passé, sa propre histoire se percute à celle du disparu (amour, foi, sionisme, Allemagne, identité, Israel, etc.). le suspense n'est pas obsédant, mais la lecture est très agréable.
Pour ma part, j'ai préféré d'autres romans de Tobie Nathan (comme l'excellent "Dieu-Dope") mais dans celui-ci, il sait nous faire découvrir un personnage féminin (Magda Goebbels) avec beaucoup de talent.
Enfin les pages sur la théorie des cannibales sont passionnantes.
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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
Il avait découvert en une seule soirée que la foule était sa maîtresse. Et cela, il ne l'oublierait jamais ! Il avait compris qu'on devait la traiter comme une gueuse. Il regardait d'abord la foule de loin, quelquefois tapi derrière le rideau du théâtre. Puis, il l'approchait lentement, l'excitait, faisait mine de l'abandonner, revenait, l'assaillait d'un côté, de l'autre, l'injuriait puis la caressait. Il savait qu'il fallait la battre, la fouetter de paroles cinglantes, la terroriser de mots de violence et de mort avant de la soumettre. Entre ses mains, la masse devenait une catin nymphomane. Il lui révélait ses penchants les plus bas, la persuadant qu'ils étaient sa nature. Il lui aboyait des ordres et lui susurrait des folies amoureuses. Son visage se tendait vers elle, les yeux de feu, les mains en supplication. Il était tout entier érection ; et la foule se faisait femelle humide l'absorbant en un baiser de rage.
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Vous me demandez ce que fais de mes jours, de mes soirées, de mes nuits... J'écris ! Et pour passer le temps entre les longs moments qui séparent deux manifestations d'une idée, je prends des notes pour écrire. J'écris, pour écrire... Le monde n'existe qu'écrit et il est si difficile de le créer.
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-Trouves-tu encore le temps de peindre, demanda Arlozoroff voulant se concilier l'humeur de son ami.
- Peindre ? s'étonna Nahum, parfois je n'arrive même pas à trouver le temps de manger... Et toi ? Trouves-tu le temps d'écrire des poésies, toi qui autrefois en écrivais au moins une par jour ? Non, n'est-ce pas ? Tu vois ? C'est pareil ! Lorsqu'on bâtit un pays, on évite de perdre du temps.
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- Nahon ! s'exclame-t-il, "c'est vrai" ! Pourquoi dit-on qu'on pense ? C'est sûr qu'on ne pense pas... Ce sont les idées qui viennent, on ne sait pas vraiment d'où, des mots qu'on saisit ça et là, de quelqu'un qui vous les souffle, parfois. Est-ce qu'il existe une seule personne qui a déjà pensé par elle-même ? Ne fait-on pas toujours que répéter ce qu'on a entendu ?
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L'injure est l'âme de la provocation, son noyau. Par l'injure, on renvoie à l'ennemi sa propre image rabaissée, lui signifiant que l'on dispose d'une avance sur lui. S'il est possible de le penser chien, porc, excrément ou maladie malfaisante, c'est que l'on a déjà procédé au travail mental permettant de le tuer. C'est pourquoi les armées de l'antiquité précédaient leur assaut par un rituel d'injures hurlées en direction de l'ennemi. L'injure provoque la rage impuissante de la victime. Il est vain de la consoler en lui expliquant que son contenu est sans fondement. La force de l'injure ne réside en aucune manière dans son contenu, mais dans le processus qu'elle suppose déjà réalisé dans l'esprit de l'énonciateur. Qui t'injurie est capable de te tuer.
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Tobie Nathan vous présente son ouvrage "Et si c'était une nuit" aux éditions Stock. Rentrée littéraire 2023.
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