Citations sur Les sept Mitterrand ou les métamorphoses d'un septennat (3)
La gauche connaît trop ses classiques pour ignorer que l'Histoire repasse toujours les plats.
Un chef charismatique doit aussi savoir inspirer à son entourage une crainte quasi physique. Jadis, Georges Pompidou – en privé, la cordialité même – savait à l’occasion décocher un terrible regard qui pétrifiait le coupable ou l’importun. Les mercredis de grande ire, les ministres se tassaient sur leur siège comme des élèves pris en faute. Valéry Giscard d’Estaing, lui, manifestait son déplaisir par un brusque rétrécissement de la pupille. C’est l’œil tout entier qui rentrait dans l’orbite, comme pour signifier qu’il ne voulait plus voir l’intrus. Il signait ainsi les décrets de son mépris.
Mais en ce mois de mars 1986, la pâleur de François Mitterrand n’a rien de dominateur ni de volontaire. Un de ses lieutenants les plus proches le décrit « vidé de son pouvoir comme un organisme de son sang. ».
[Péripéties de la cohabitation – Luttes d’influence entre François Mitterrand et Jacques Chirac] (...) Car François Mitterrand s’est inventé un nouveau rôle : il se présente comme le rempart des Français contre les excès d’un gouvernement trop pressé de tout bouleverser. Il ajoute, bien entendu, qu’ « il ne veut pas empêcher le gouvernement d’agir », parce qu’il respecte, comme il se doit, le choix exprimé le 16 mars par les Français. Si bien que ceux-ci, peu à peu, vont s’habituer à ces admonestations patelines et apparemment marquées au coin du bon sens ; juger normal qu’il jauge, critique, à tout propos, le gouvernement.