AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Souvenirs souvenirs... (39)

Au fond, il n'avait pas vu grandir celui qui, déférent et timide, l'avait rejoint en 1944, un peu comme les parents regardent, surpris, leur enfant devenir un homme et pousser le père dehors. le hiatus des générations! Grandir, c'est dire non. Une rébellion toujours perçue par le père comme une trahison.
Commenter  J’apprécie          60
Elle tapait elle-même son édito. Cela pouvait durer plusieurs heures. Rarement contente d'elle-même, elle jetait la page entamée et recommençait. Dix fois, vingt fois parfois. Ceux qui lisaient ses éditoriaux si fluides et pertinents n'imaginaient pas la somme d'heures et de réflexion qu'ils lui avaient demandée. Tant d'efforts et de temps pour une petite colonne! Le génie est une longue patience.

(Elle: F. Giroud)
Commenter  J’apprécie          180
Son admiration n'a pas été pour rien dans mon intérêt pour les hommes politiques. Comment ils peuvent changer le destin d'un pays. Décrire aussi comment ils s'abîment ou se subliment au pouvoir.
Commenter  J’apprécie          180
Au fait, pourquoi choisir ce métier? Par goût de l'écriture? Pour partir en reportage et raconter le monde? Pour défendre une cause? Rien de tout cela, je l'avoue. Non, être libre, comme elle, mon inconnue du train. Ma réflexion n'allait pas plus loin.
Commenter  J’apprécie          160
J'aimais beaucoup Pierre Maurois. Il était le contraire d 'un ayatollah marxiste. Cet homme chaleureux croyait depuis son enfance en terre ouvrière du Nord, que le socialisme rimait avec affectivité et bonheur: "Mon fils, lève ta casquette devant l'ouvrier qui passe" lui conseillait son instituteur de père qui l'autorisa à adhérer aux jeunesses socialistes en récompense de son succès au baccalauréat .Dans les congrès son discours était attendu comme un monument de lyrisme, avec à la clef références historiques et mobilisation des bons sentiments : une grande polka dans la tradition ouvriériste .
Ah ! La libération de l'homme par la machine, combien a-t'-elle scandé les envolées finales de ce Pierrot du Nord !
Commenter  J’apprécie          11
A Matignon, lui aussi impose un style neuf. Il travaille en bras de chemise, les pieds sur la table. Quand la faim le tenaille, il se fait porter de robustes casse-croûte qu'il engloutit avec bonheur, sans jamais oublier de convier ses visiteurs à partager ses agapes. Il se murmure que chaque jour à midi, il court rejoindre sa fille Laurence, pour partager le repas avec elle. Etudiante en médecine, elle est devenue anorexique après avoir contracté une méningite. Il va s'assurer que sa fille mange. Après quoi, il revient à Matignon pour déjeuner.

(p.262 - Chirac en Premier Ministre débutant de Giscard).
Commenter  J’apprécie          70
Son savoir-faire était inimitable pour manipuler les hommes : il cajolait les uns, moquait les autres, faisait miroiter à tous un avenir radieux... Le 16 juin 1971 Mitterand devenait premier secrétaire du Parti Socialiste, alors qu'il 'avait jamais eu la carte du parti dans sa poche.... Guy Mollet avait grommelé dans son coin : "Mitterand n'est pas devenu socialiste, il a appris à parler socialiste, nuance !".


D'emblée, il était devenu le patron. Le centre impérieux d'un cercle qui ne devait exister que par et pour lui, ou plutôt de plusieurs cercles étrangers les uns aux autres. Personne dans son entourage n'a jamais mis en question sa primauté... Mitterand faisait aussitôt de tout désaccord une querelle personnelle....Comme l'électricité sous l'orage, la communication était brusquement coupée. Elle pouvait se rétablir, plus ou moins tard, ou alors jamais. On le craignait. Pire, on en avait peur. ..


Cet homme, tellement pressé d'abattre le mur d'argent n'entendait point se soucier non plus des contingences vulgaires. Des sous, Mitterand n'en avait jamais sur lui, ce qui ne l'empêchait pas de convier généreusement maints familiers au restaurant. Ils devaient seulement savoir que l'addition serait pour eux." Payez, on s'arrangera..." lançait rituellement le maître avant de s'esquiver. En général, c'était tout arrangé. Michèle Cotta m'avait confié qu'il lui manquait toujours 10 francs pour prendre un café ou 20 francs pour prendre un taxi: " il m'a couté un argent fou !"

(pp.357-358).
Commenter  J’apprécie          30
Ainsi, leur différence de caractère aidant, très vite un dialogue de sourds s'est installé entre eux. Giscard croit son Premier Ministre assez souple et maniable pour lui être indéfectiblement soumis, et Chirac croit le Président assez malléable et fragile pour lui imposer à la longue ses volontés... Chacun croit entraîner l'autre...

(p.282)
( Je t'aime- moi non plus - Tu veux ou tu veux pas ? ... ).
Commenter  J’apprécie          80
....George Pompidou était assez bluffé par les numéros de virtuosité du ministre... Giscard récitait de mémoire trois cents chiffres comme on récite des vers. Evidemment, ses admirables démonstrations n'étaient pas destinées qu'aux 487 députés, mais au pays tout entier, qu'en toute modestie, il voulait convaincre de son mérite exceptionnel...Parfois un de ses collègues - Joseph Fontanet en particulier - osait lever la main pour souligner que les faits s'étaient permis de donner tort à ses belles prédictions. Le ministre en question se cabrait et, le regard noir, submergeait le fâcheux de calculs et de taux qui le laissaient coi jusqu'à la sortie du conseil ou il maugréait devant quelques journalistes " Giscard est infaillible dans l'érreur".

Autre spécialité du même Grand Argentier: se faire apporter par l'huissier en pleine séance un thé et des petits gâteaux secs sans jamais en proposer à ses collaborateurs.... Jacques Chirac, son secrétaire d'état, n'était pas mieux traité qu'eux.

(p.207 et 208)


(Portrait d'un joueur d'accordéon, amateur d'oefs brouillés, premier de la classe en tout, qui, du fond de la salle Jupiter - écrin de la défense nationale - n'a su renifler la mare aux canards qui allait le faire sortir à pied.)
Commenter  J’apprécie          110
Pierre Juillet met en scène ses propres mystères, s'enroule dans des capes de bure, s'appuie sur une canne à pommeau d'argent car il claudique légèrement (séquelle d'un accident de voiture)... Gaulliste, il s'est donné corps et âme au RPF, mais sans être un intime de l'homme du 18 juin. Il n'a jamais fait partie des barons. ...une blessure qui ne s'est jamais cicatrisée.

(p.177)

La vraie nature de Marie-France Garaud est d'être impitoyable pour les médiocres.Comme Pierre Juillet, elle abhorre les idées molles, déteste l'esprit centriste...Ils voulaient repérer les sujets d'avenir qui pourraient faire pièce aux barons et faire progresser leurs propres carrières, puisqu'on leur devrait, à eux deux, une reconnaissance éternelle.

(p.180)
Commenter  J’apprécie          70






    Lecteurs (229) Voir plus




    {* *}