Le froid n'existe pas

Je me demande si j'ai la ficelle du tampon qui dépasse. Je n'ose pas regarder. Je serre les cuisses le plus possible, au cas où. En plus, je porte une culotte moche.
Je fais partie de ces gens qui gardent les vêtements qui ont déjà bien vécu, pour leur donner une seconde vie, un peu moins noble, un peu plus tout terrain. Un vieux jean un peu large qui sera parfait pour bricoler, un sweat qui porte la trace indélébile d'un sorbet fruits rouges avalé goulûment (trop, visiblement) un soir de déprime et qui fera une tenue idéale pour un autre soir de déprime, voire un week-end de déprime. Ou une culotte moche, un peu foutue, qui n'aura rien à craindre d'un jour de règles. Un jour comme aujourd'hui. Parce qu'il y a les autres gens, vous savez. Ceux qui portent des vêtements confortables mais dignes. Des gens qui portent le dimanche, non pas un vieux legging déformé aux genoux, mais un « pantalon d'intérieur », acheté neuf, spécialement pour l'usage qu'on lui réserve. Si, si, ça existe. Ceux qui portent le raffinement à son comble et qui ne tremblent ni de peur ni de honte quand quelqu'un sonne à leur porte à l'improviste le dimanche. Ah oui, c'est encore une autre sorte de gens ça, ceux qui viennent sonner chez vous sans s'être annoncés par, je ne sais pas moi, un coup de fil, un SMS, un pigeon voyageur, n'importe quoi.