AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Syl


Antoinette a quatorze ans et se retrouve toujours confinée à la nursery. Elle grandit, vite, elle a des envies, ceux d'une jeune adolescente qui s'éveille, elle a des espérances, des attentes... dont celle de participer au bal que vont donner ses parents.

A peine l'idée est émise par Mme Kampf, qu'un émerveillement s'épanouit dans le coeur d'Antoinette. Un bal... cela sous entend préparatifs, robe longue, coiffure, fleur au corsage, euphorie, peut-être un peu de rose sur les lèvres, une petite coupe de champagne, une danse, deux danses, un cavalier, son début dans le monde, devenir une personne...
Mais à la seconde où Antoinette envisage ce mirage, tout disparaît dans une terrible humiliation. Avec distance et froideur, Mme Kampf renvoie la jeune fille dans son rôle d'enfant. de plus, sa chambre sera réquisitionnée pour servir de vestiaire. Antoinette et Miss Betty, sa gouvernante, devront passer leur soirée dans la lingerie.

Mme Kampf a toujours vu ce bal comme un songe inaccessible. D'origine modeste, secrétaire, elle a épousé un gratte-papier, un petit banquier. Tout un cortège de fantasmes l'a alors accompagné durant sa vie, jusqu'au jour, deux ans plus tôt, où Mr. Kampf gagne une fortune en spéculant à la bourse.
Parée de fierté, dans l'expectative de sa nouvelle existence, Mme Kampf souhaite concrétiser ce conte et vivre pleinement cette seconde destinée, sans valise... famille, mari, fille.

Deux cents invitations sont à envoyées. Une liste qui s'étire et qui s'illustre de titres, baron, comte, marquis, acceptant pour la parade les petits gigolos aux toilettes sophistiquées. Indispensable... il faut aussi quelques membres de la famille qui attesteront auprès des autres de leur réussite... Ce bal sera leur introduction, leur première marche.

Antoinette bouillonne. Rabaissée, reléguée dans un autre monde, presque reniée, elle perçoit l'offense comme un abandon ou une exécution. La tragédie s'infiltre dans ses pores et cherche vengeance. Elle se sent adulte dans son chagrin, elle se sent mûre pour imaginer une sentence et enrayer l'ascension de sa mère. Si elle se tuait, il n'y aurait plus de bal !

Puis... une autre forme de justice, bien moins radicale, s'offre à elle...

J'ai trouvé cette nouvelle très plaisante à lire malgré l'histoire impitoyable et grinçante.
Les tourments qu'endurent mère et fille sont très différents mais soulignent leur profonde solitude et l'ivresse d'être reconnue. Une satyre, une fable, l'épilogue conduit à un ricanement sinistre, sans morale, avec une conscience affûtée et pernicieuse. J'en suis ressortie troublée. Si au début j'ai pu avoir de la compassion pour Antoinette, si j'ai souri à ses transports passionnés et dramatiques, je l'ai trouvé par la suite trop calculatrice et sans bonté. Et la mère ? Mérite-t-elle ce dénouement ?... D'une certaine manière je dirai oui, si elle en tire les conséquences et si elle retrouve ses dignes priorités. Mais je doute ! Cette femme, très antipathique, n'est ni mère ni épouse.
En une centaine de pages, l'auteur a su créer une atmosphère, des personnages, une intrigue et une conclusion, dans une cadence fluide, très active et sans répit pour le lecteur.
Un livre que je recommanderai.
Commenter  J’apprécie          313



Ont apprécié cette critique (16)voir plus




{* *}