Les revêtements de motifs floraux dont se parent ses portraits s'adressent à l'inconscient, produisent un riche effet immédiat et valent à l'artiste une vogue renouvelée. Les nouveaux riches se disputent la faveur d'un portrait féminin signé Klimt. Etre immortalisées par le maître, les belles Viennoises en rêvent la nuit...
Rien dans l'expérience humaine n'est trop insignifiant ou trop humble pour offrir un sujet à l'artiste...Il n'y a progrès de la culture que si un projet artistique féconde d'une manière continue et progressive la vie en tant que totalité.
Tout cela, qui n'est pas rien et qui aura en art de multiples prolongements transparaît dans un commentaire pour unautoportrait qui n'exste pas qu'il écrivit avec modestie : Je peux peindre et je peux dessiner. Je le crois, et d'autres disent aussi qu'ils le croient. Mais je ne suis pas certain que sce soit vrai. Seules deux choses me paraissent certaines :
1. Il n'existe pas d'autoportrait de moi; Je ne m'intéresse pas à ma propre personne en tant qu'objet du tableau, je m'intéresse plutôt aux autres personnes, surtout féminines et davantage encore à d'autres phénomènes. Je suis convaincu qu'en tant qu'être humain je ne suis pas une personne très intéressante. Il n'y a rien d'extraordinaire à voir en moi; Je suis peintre et je peins tous les jours du matin au soir. Des figures humaines, des payzages, plus raement des portraits.
2. Le mot parlé comme le mot écrit ne me sont pas familiers, même pas pour m'exprimer par rapport à mon travail où à moi-même. Lorsque je dois écrire ne fût-ce qu'une lettre simple, j'éprouve un sentiment de peur, comme un mal de mer.
C'est pourquoi il faudra renoncer à l'idée d'un quelconque autoportrait pictural ou littéraire de moi. Ce qu'il n'y a d'ailleurs pas lieu de regretter. Si quelqu'un veut savoir quelque chose sur moi en tant que peintre ( ce qui est la seule chose qui vaille la peine d'être considérée ) qu'il regarde attentivement mes toiles et qu'il cherche à découvrir en elles ce que je suis et ce que je veux.
L'ornement de Klimt est une métaphore de la matière originale en mutation perpétuelle, sans fin, qui se développe, s'enroule, se replie en spirales, serpente, s'entortille, un tourbillon impétueux qui prend toutes les formes, zébrures d'éclairs et langue de serpents dardées, entrelacs de vignes, voiles ruisselants, filets tendus.
La couleur est un puissant moyen d'action, elle peut détruire un mur, elle peut l'orner, elle peut le faire reculer ou avancer, elle crée ce nouvel espace...Atteindre le beau parfait dans un équilibre de forces plastiques nouvelles... C'est ce que doit tenter de réaliser l'architecture moderne.
Léger
Quiconque veut apprendre quelque chose sur moi doit regarder attentivement mes toiles et chercher à y percevoir qui je suis et ce que je veux.
Pour Klimt la surcharge décorative enrichit le réel et fait entrer la vie inconsciente dans la vie consciente. La beauté des femmes permet de recréer la splendeur d'un paradis perdu dans lequel, l'homme, condamné à un épanouissement éphémère, peut connaître, de temps à autre, un instant d'intense félicité avant de disparaître dans le cycle éternel de la nature.
S'il est un artiste dont tout l'art, en effet, est érotique, c'est bien Gustav Klimt. La femme est son thème exclusif : il la saisit nue ou somptueusement parée, en mouvement, assise, debout, couchée, dans toutes les positions et dans toutes les attitudes même les plus secrètes...