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Critique de Stefane59


Voici une critique comparative…
La Horde du contrevent de Damasio (LHC-700 pages) et La guerre du bruit (3 tomes - 1800 pages en tout) de Patrick Ness (LGDB).
Ces 2 récits lus successivement m'ont donné envie d'en parler dans un seul texte et voici pourquoi.
D'abord, les 50 premières pages des 2 ouvrages sont d'une approche un peu rébarbative. Pour des raisons différentes.
LHC déstabilise complètement dès les 1ères pages. de façon inédite. En 40 ans de lecture dédiées à la SF, j'ai pu lire des essais délirant ou abscons mais là j'ai senti un récit unique dans son genre qui mêle l'action à …la poésie : celle des images et des MOTS (français - quel plaisir)!
Une numérotation des pages à rebours (et on devine pourquoi…) et quelques mots d'esprit du troubadour nous tirent quelques sourires…
En lisant les 30 premières pages, je riais du culot de Damasio : j'étais certains que beaucoup détesteraient.
L'intrigue est extrêmement simple : un groupe de 23 personnes, la 34 ème horde remonte un vent de face sur des milliers de km. une course dans le but d'atteindre l'Extrême Aval (Inconnu). La planète reste peu décrite, le bestiaire extrêmement limité mais unique en son genre…
. . Et l'Auteur ,à partir de ces quelques éléments (probablement aidé par un groupe d'écriture vu l'intensité de certains passages dans des domaines tout-à-fait différents) développe.
On rentre immédiatement dans l'action sur un monde qu'on doit imaginer, et dont le vent est le principe vie-vent. Tout à fait inédit : le vent se décode et s'écrit. C'est une voie d'élévation et de courage.
Dans LGDB, tout à fait à l'opposé, on rentre pépère dans la vie agricole d'une planète colonisée depuis peu. L'action se fait attendre. On se demande où est la SF…
2 récits différents donc, qui se jouent de nous sur des registres presque opposés mais combien passionnants finalement…
J'ai plus aimé la fin de LGDB car la tension est montée jusqu'à être pratiquement insoutenable jusqu'à la dernière page. J'avais les mains qui tremblaient. J'étais en colère, triste, angoissé, révulsé, plein d'amour aussi…
Alors que dans la LHC j'ai « décroché » sur les 70 dernières pages un peu « exagérées »…mais là aussi de la colère et de l'amour pour l'humanité.
Pour LHDC quelques conseils avant la lecture (hyper marrant – sinon vous risquez de flancher) :
Pour les lecteurs qui sentent en eux l'envie de lire le livre mais qui sont complètement désorientés par son écriture : Marquer d'un repère (perso, j'ai écorné) les pages (édition Folio) a) qui tout au début donne la composition de la horde, b) page 672 : la position de chaque hordier dans la horde, c) lire page 646 (et 504 !) le descriptif des structures de vent, et 643 les mots du vent, et enfin de 608 à 594 : le descriptif des fonctions et qualités de chaque hordier…Cela n'enlèvera rien au plaisir de lire et vous le rendra plus accessible.
Quand vous êtes arrivé à la page 633 écornez (la façon d'écrire le vent) – amusant et utile pour les fans…
Voilà… vous êtes parés à lire le livre …
L'aventure démarre vraiment lorsque la horde est accueillie sur le « bâteau - char à voile ». Je vous invite à tenir jusque là, après tout va aller très vite…
Dans LGDB rien de tout cela. Si l'élément principal de LHC est le vent, pour LGDB c'est le Bruit.
Càd le son que rendent les pensées sur un monde qui pousse à la télépathie partielle. le Bruit et une tribu humanoïde sur une planète nouvellement colonisée. Une navette d'exploration en éclaireur du convoi suivant de colon, convoi destiné à arriver dans un délai de plusieurs mois, s'écrase sur la planète. Des 3 passagers, seule une ado, Viola, en sort vivante. Une relation d'amitié se noue avec un colon. Ado, agriculteur, et analphabète Todd. C'est plat à mourir.
Plutôt banal d'abord, un rien lent…mais j'ai ressenti comme un très léger sentiment de malaise qui m'a poussé à refermer le livre sans le lire. Puis je me suis dit : pourquoi ? Je n'avais jamais ressenti cela ! Comme pour la LHC : un sentiment curieux et inédit d'éviter de s'engager comme lecteur. le livre restant accessible par ailleurs, rien d'abscons. J'ai repris le livre et je me suis un peu forcé…
Pour LGDB : incompréhensible, mais cela a attiré suffisamment mon attention pour gérer ce malaise et persévérer. Comme pour LHDC, c'était comme si le livre prenait vie discrètement et qu'il me disait : « attends reste avec moi, je vais te raconter une histoire unique… »
Mais revenons à la horde qui est en chemin…pour la gloire ? sinon pourquoi ? Cette histoire va plaire probablement aux amoureux de la nature, du vent (véliplanchistes,…) et autres amateurs de randonnées…et aux fous d'exploits physiques. Ils auront un ouvrage qui va leur doper le moral… 😊
J'en ai assez dit sur cet ouvrage, je vous laisse le découvrir…
Tout à l'opposé, dans LGDB 1er tome la vie s'écoule gentiment et on découvre petit à petit les particularités de la vie agricole et ce qu'implique de vivre en entendant les voix de ceux qui vous entourent (sauf celles des femmes). 2 personnages au caractère moins sympathique apparaissent : un maire avide de pouvoir, un prêtre inquisiteur et violent, et on avance gentiment dans les stéréotypes. Peu d'humour. Linéaire. Mais … 😉
Le sentiment toujours inexplicable de malaise va crescendo au fur et à mesure que nous suivons les péripéties de nos 2 jeunes héros Viola et Todd qui affirment leurs convictions humanistes…et qui prennent position.
Et vers la fin du 1ertome, enfin, tout s'emballe et on se surprend à vouloir connaître la suite.
A partir du début du tome 2, l'intrigue et l'action reprennent immédiatement sans répit jusqu'au final…la guerre est latente ou déclarée entre personnes humaines rivales ou entre colons et peuple indigène. L'auteur nous fait vivre toute la bassesse dont l'humain est capable, tout l'héroïsme et l'amour aussi, dans un monde où les pensées peuvent être perçues et qui avec un minimum d'éthique…
Le final est magique et que croyez-vous qu'il arrivera à la fin du 3ème tome lorsque Todd et Viola seront amenés à participer de manière fondamentale aux négociations d'un traité de paix avec le peuple indigène. Certainement pas ce qu'on croit… 😊
L'auteur a développé au fil du temps le simple concept d'entendre les pensées de vos voisins. Il y a associé aussi bien l'héroïsme et la bassesse et la stupidité dont on peut faire preuve à tout moment de sa vie…
Si LHC associe une grande aventure humaine au vent, LGDB désigne le « Bruit » comme le noyau de tous les exploits et bassesses humaines.
En synthèse, 2 ouvrages-comètes dans le ciel de la SF, totalement atypique.
Un must même s'il faut s'accrocher pendant les 50 premières pages, pour des raisons opposées.
2 livres à découvrir l'un après l'autre… pour pouvoir jouir de la comparaison.
2 récits qui m'ont laissé vibrant sous le choc…
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