Citations sur Derniers jours (Le temple des derniers jours) (17)
- Tu sais, à l’aéroport, en venant, j’ai observé les gens autour de nous. (Kyle secoua la tête, allongé sur le sol, les yeux fixés sur les dalles du plafond en polystyrène.) Bon nombre d’entre eux pensaient avoir un public. Ils étaient en représentation. De nos jours, tout le monde croit avoir un rôle à jouer, dans le spectacle du grand « Je ». Facebook. Twitter. Twitter, mon cul. Les téléphones mobiles? Hein? Ils ne servent pas à communiquer, mais à diffuser le spectacle du grand « Je ». On est devenu le public du premier abruti venu équipé d’un iPhone. Impossible d’allumer la télé sans tomber sur une pétasse aux dents longues qui étale sa connerie.
De nos jours, tout le monde croit avoir un rôle à jouer, dans le spectacle du grand "Je". Facebook. Twitter. Twitter mon cul. Les téléphones mobiles ? Hein ? Ils ne servent pas à communiquer, mais à diffuser le spectacle du grand "Je". on est devenu le public du premier abruti venu équipé d'un IPhone. Impossible d'allumer la télé sans tomber sur une pétasse aux dents longues qui étale sa connerie.
- Qui veut être ordinaire ? Hein ? Personne. Tout le monde s'imagine danseur ou chanteur, ou essaie désespérément d'attirer l'attention. Pourquoi ? Où est la moindre once de talent dans tout ce bazar ? Est-ce que ça a du sens ? On ne réfléchit plus, tout est devenu éphémère.
(Kyle)
Se retournant, il accorda plus d’attention à la tête de lit. Il vit les vestiges d’un oreiller long et noir, se terminant par un pompon pâle à chaque extrémité. Une empreinte au milieu du rouleau semblait suggérer que quelqu’un y avait récemment dormi. Quand les couvertures et les draps commencèrent à bouger autour du creux laissé par son derrière sur le matelas, il retint sa respiration et serra les dents, ravalant le cri qui menaçait de sortir de sa gorge.
Il saisit le dessus-de-lit trempé, autrefois en satin ou en velours, il n’était plus que matière anonyme aujourd’hui, et le tira vers le haut afin de voir ce qui se tordait en dessous.
Rien, ni dans le bouquin de Levine ni dans les pleurnicheries exaltées de Susan ou le témoignage nerveux de Gabriel, n’aurait pu le préparer à la vision qui l’attendait.
— Et ces fameuses « présences » ? C’était ce qui intéressait tout particulièrement Max.
— Des conneries.
Kyle rit.
— Ça m’a plu. C’était bizarre. Vraiment bizarre.
— C’est quand même un ramassis de conneries. Je te parie qu’ils fumaient des joints de la taille de cigares cubains. Ils devaient aussi pas mal forcer sur les petites pilules euphorisantes à l’époque.
- Notre tragédie n'en est que plus grande par son caractère inévitable. Nous ne semblons vouloir à notre tête que les plus monstrueux de nos représentants. Les narcissiques malveillants. Nombreux sont ceux qui ne demandent qu'à remplacer un tyran déchu pour l'imiter. D'où nous vient ce manque de discernement, même quand nous pouvons réellement choisir nos dirigeants ? Nous sommes nous-mêmes incapables de nous comporter de façon rationnelle, humaine ou équitable, alors nous confions les rênes aux plus corrompus et aux plus égotistes d'entre nous, qui nous entrainent d'une guerre ou d'un holocauste à l'autre.
Elle avait résisté plus longtemps, tenu bon quand certains avaient renoncé.Elle se sentit soudain envahie par le regret, et le désespoir qui l’accompagnait. Elle s’était faite à l’idée de payer pour des actions commises à un âge où la raison et l’expérience n’ont pas leur mot à dire. Elle avait beau réexaminer son passé, formulant des hypothèses ou corrigeant certains détails, il demeurait immuable et promettait toujours de l’amener exactement là où elle se trouvait présentement, seule. Elle se sentait prête. Avalant sa salive, elle sortit le lourd calibre 38 de son sac à main. Et dire qu’elle était l’un de ceux qui avaient eu de la chance.
Max sourit, l'image même d'un magnat imperturbable, habitué à vivre dans l'opulence, un homme abonné au succès, pour qui la prospérité est un droit, et qui entend bien le montrer. Kyle, qui reconnaissait ces signes, éprouvait instinctivement de l'antipathie envers ceux qui les affichaient. Des êtres à part, qui tenaient les cordons de la bourse, au sommet de l'organigramme. Des producteurs suffisants, qui aimaient frôler, la flamme créative, ne manquaient pas une occasion de souligner leur propre "créativité et, ce faisant, vidaient ce mot de son sens. L'expérience lui avait appris à la dure qu'ils ne reculaient devant rien pour s'approprier le travail d'autrui. Sous-estimer leur intelligence sournoise constituait une grave erreur dans ce métier.
A cause de types de ce genre, il avait commencé à autofinancer ses films, à s'endetter personnellement dans des proportions colossales... Il avait du mal à respirer rien que d'y songer.
Elle était aussi damnée qu'un fantôme s'apprêtant à quitter définitivement ce monde. Un spectre qui ne règne plus que sur les quelques pièces vides d'une existence dépeuplée. Une ombre qui observe, plus tout à fait ici, pas encore ailleurs, qui écoute le son de toutes les voix joviales et claires, mais n'offre jamais la sienne.
Les tyrans s'appuient sur l'espérance des peuples. (p.401)