Ça ne sert à rien de s’énerver et on perd un temps précieux ici. En suivant le sentier, on fera au moins quelque chose d’utile. S’il ne mène nulle part, on prendra une décision : soit couper vers le sud à travers toute cette merde, soit tenter de rebrousser chemin en empruntant l’itinéraire par lequel on est entrés dans cette forêt.
Même l’air noir et froid semblait animé d’une vie propre.
C’était stupide et irrationnel de sa part de penser cela, mais son imagination soupçonnait la maison d’abriter une créature qui n’avait pas besoin d’yeux pour voir. Ils étaient invulnérables et fragiles ici.
Le diable est un bon moyen pour commencer, Luke. Le début pour devenir vraiment mauvais. Pour dire : « J’emmerde la morale. Je suis malfaisant. Je suis un sataniste. Je profane, je brûle, je tue. » Pour nous distinguer du reste du troupeau, des moutons.
Rien ne comptait, à part le fait d’être là. Lui-même. Il restait de la vie en lui. Son cœur battait. L’air entrait et sortait de ses poumons. Un pied suivait l’autre. Sachant à quel point, dans cet univers indifférent à ceux qui y vivaient, à ceux qui viendraient après eux et à ceux qui étaient déjà partis, la vie pouvait être retirée subitement et la mort frapper sans prévenir, il se sentit libéré. Seul, mais libre. Libre de tout. Libre des autres. Pour un moment du moins. Et c’était vraiment tout ce que tout le monde avait, décida-t-il : un moment.
On s’éclate quand on fait des trucs aussi malfaisants, je t’assure, mais c’est pas… c’est pas… Merde ! Les mots, ces putains de mots ! Original ! Ce n’est pas original.
Le diable est un bon moyen pour commencer, Luke. Le début pour devenir vraiment mauvais. Pour dire : « J’emmerde la morale. Je suis malfaisant. Je suis un sataniste. Je profane, je brûle, je tue. » Pour nous distinguer du reste du troupeau, des moutons.
J’avais la belle vie, mais je n’ai pas appris à l’apprécier. Maintenant, je sais que je n’ai jamais été mis à l’épreuve. Pas réellement. Jusqu’à aujourd’hui. Je n’ai pas cessé d’être un fardeau pour moi-même et de rouspéter.
Tout ce qui compte vraiment, c’est d’être capable de survivre. Certains s’en sortent mieux que d’autres.
On n’est plus les mêmes. Le temps a passé. Les gens évoluent. Pas de quoi en faire tout un plat
Apparemment, on est tous programmés à un niveau primitif, dans notre cerveau reptilien, pour avoir peur des bois. Mais ça va au-delà. Depuis qu’on est entrés dans cette forêt, j’ai le sentiment que cette peur n’est pas injustifiée.