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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Nguyễn Phan Quế Mai, avec Pour que chantent les montagnes (Charleston, éditions Leduc), m'a entraîné dans une terrible histoire familiale. Sur les pas de Hương et de sa grand-mère Diệu Lan, j'ai vécu au coeur de l'histoire de ce Việt Nam déchiré par la colonisation puis par les guerres entre pays occidentaux et ceux se réclamant d'un communisme pur et dur tournant vite à la dictature.
Dès le début, je suis plongé dans la terreur apportée par les bombardiers américains sur Hà Nội. Les sirènes, les bombes, une petite-fille et sa grand-mère tentent d'échapper à la mort, à l'horreur.
Cette grand-mère a 52 ans et c'est d'abord Hương (12 ans) qui raconte les abris avec de l'eau jusqu'à la ceinture, les destructions, les cadavres. Une seule solution : fuir Hà Nội. Débute alors un échange entre la petite-fille et sa grand-mère. L'une raconte ce qu'elle vit alors que l'autre rappelle le passé, ce pays occupé par les Français et les Chinois. Commence alors la guérilla contre ces occupants avec le Việt Minh.
Chaque chapitre comporte un titre et des dates pour bien situer la période où nous nous trouvons. Ainsi, j'oscille entre les années 1930 et les années 1970, pour finir en 2017.
C'est une plongée au coeur de la vie des Vietnamiens en suivant les malheurs d'une famille déchirée par tant d'événements qui la dépassent. Il faut préciser que Diệu Lan, la grand-mère, a six enfants qui seront éparpillés au cours d'une fuite pleine de suspense, de douleurs et, quand même, de quelques moments de bonheur.
À Hà Nội, entre 1973 et 1975, il faut se relever pour retomber et surtout trouver à manger. Grâce au récit de celle que sa grand-mère surnomme affectueusement Goyave, j'apprends que cette grand-mère laisse tomber son métier d'enseignante pour le trafic, ce qui apporte une habitation correcte mais aussi nourriture, vêtements et livres. Cela provoque aussitôt la jalousie et la haine des voisins. Si les Américains se sont retirés, c'est maintenant la guerre entre Vietnamiens.
Diệu Lan, la grand-mère, prend alors le relais pour raconter ce que je ressens comme le plus terrible, le plus bouleversant : la course effrénée d'une mère et de ses enfants fuyant l'horreur absolue. C'est cette fameuse réforme agraire qui plonge le pays dans un abîme incroyable. Sous prétexte de partager les richesses, idée honorable en soi, les propriétaires terriens sont pourchassés, torturés, exécutés, les bons comme les mauvais. Nous sommes en 1954, juste après la victoire du Việt Minh sur les Français, à Diện Biên Phủ.
Au passage, je note la volonté de l'autrice, née en 1973 dans un petit village du nord Việt Nam, de transcrire fidèlement les noms avec l'écriture locale – coup de chapeau, au passage à la traductrice, Sarah Tardy. de même, Nguyên Phan Quê Mai note ainsi certaines phrases ou proverbes et cela ne gêne en rien ma lecture. Il serait très intéressant d'entendre ces mots ou ces phrases prononcées dans la langue du pays.
Puisque j'en suis aux remarques, j'apprécie le tableau généalogique inséré en début d'ouvrage. Je m'y suis référé souvent. J'ajoute que la référence à la religion, le bouddhisme, est un peu lassant mais je reconnais que c'est, principalement, pour honorer les ancêtres…
Surtout, il faut décrypter ce titre : Pour que chantent les montagnes. Quand l'oncle Đat remet à Hương cet oiseau sculpté par son père pendant les combats, j'apprends que cet oiseau s'appelle son ca, ce qui signifie « Les montagnes qui chantent », comme le révèle la grand-mère de Hương et donc mère de Hoàng qui ne donne plus signe de vie et que « Goyave » cherche inlassablement.
Tous ces détails du quotidien vécus par les Vietnamiens sont révélateurs des malheurs, des déchirures, des drames subis par un peuple victime d'un bain de sang qui a duré vingt ans. Plus de trois millions de personnes ont été tuées. Ce drame que je me souviens avoir suivi de loin, avec le déroulé de l'actualité et dans ce qu'on voulait bien nous en dire, a fait des millions d'infirmes, de traumatisés, d'exilés. Enfin, s'ajoute une terrible statistique cause de tous ces malheurs : sept millions de tonnes de bombes se sont abattues, durant ces années de guerre, sur le Việt Nam.
La lecture de Pour que chantent les montagnes a été, pour moi, un rappel, une mise au point, une extraordinaire plongée dans la vie quotidienne, au Việt Nam, grâce au talent d'écrivaine de Nguyên Phan Quê Mai. Comme je l'ai constaté souvent, une fiction basée sur la réalité permet le plus souvent d'apprendre, mieux que dans d'austères livres d'Histoire.
Vraiment, je recommande la lecture de Pour que chantent les montagnes et je remercie beaucoup Lecteurs.com et les éditions Leduc / Charleston pour m'avoir permis la découverte d'un livre déjà traduit dans quinze langues différentes.

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Somptueux et douloureux ou encore poignant et incroyable de résilience : essayer de décrire par quelques qualificatifs Pour que chantent les montagnes s'avère une mission impossible, eu égard au foisonnement et à la densité de l'ouvrage de Nguyễn Phan Quế Mai. Deux personnages féminins dominent cette saga familiale vietnamienne, qui; à l'instar d'un roman russe, a nécessité d'y inclure un arbre généalogique. Des années 50 à l'époque récente, le livre narre l'histoire déchirante d'un pays qui a combattu contre les Français, les Japonais, les Américains, sans oublier la guerre civile entre le Nord et le Sud. D'autres épisodes terribles, nettement moins connus, sont également contés : la Grande Famine puis la réforme agraire, laquelle n'a rien eu à envier en férocité à la révolution culturelle chinoise. Cette histoire agitée et atroce, l'autrice nous la rend palpable à travers le destin des membres d'une famille unie mais séparée par les événements. Nguyễn Phan Quế Mai choisi de ne pas suivre la chronologie mais de passer sans cesse d'une période à une autre, confiant le récit à deux héroïnes : une grand-mère et sa petite fille, au gré des souvenirs de l'une et des découvertes de l'autre, dans le chaos de la deuxième partie du 20ème siècle. La narration peut désorienter mais elle fait parfaitement prendre conscience du désordre des existences, face à l'horreur de la guerre, et de l'importance de la transmission. Pour que chantent les montagnes est remplie de scènes inoubliables, décrites dans un style faussement simple, jamais mièvre et sachant contenir l'émotion pour ne pas tomber dans le pathos. S'y ajoute un sens aigu du suspense, dans le sens où le parcours de chacun des personnages, à travers les tempêtes qu'ils traversent, se dévoile peu à peu, entre exodes, séparations et retrouvailles. Un grand livre, au romanesque éblouissant, nourri des témoignages des proches de l'écrivaine, qui dit beaucoup sur les différentes facettes de l'être humain en temps difficiles, de sa cruauté immense comme de sa générosité. le prochain roman de Nguyễn Phan Quế Mai, Dust Child, paraîtra en mars prochain en langue anglaise. Les lecteurs français attendent sa traduction avec déjà une grande impatience.
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Bien sûr, nous connaissons tous une part de l'histoire du Viêt Nam, mais plutôt du côté américain, voire français avec l'Indochine.

Là ? C'est une vietnamienne qui raconte l'histoire de sa famille pendant le 20ème siècle, et les différentes guerres qui ont décimé la population, dont une partie de sa famille.

Au travers du parcours de la grand-mère, retranscrit par sa petite fille Huong, les destins s'entremêlent, le tout parcouru par les adages vietnamiens, de la poésie et une atmosphère sans pareil !

C'est prenant, émouvant, passionnant, et un constat, nous qui vivons encore des guerres de nos jours au 21ème siècle, c'est nos dirigeants qu'il faudrait dégager, car les peuples souhaitent toujours vivre en paix...Quelle que soit l'époque ou l'endroit...

J'ai adoré ce livre, et découvrir la vision d'un Viêt Nam vu de l'intérieur, c'était magique.
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Ce roman nous décrit le Vietnam, pays martyre, du point de vue du Vietnam du nord. C'est pour moi une grande découverte, car j'ai déjà beaucoup lu sur le Vietnam du Sud et l'exode des Boat-People mais pas du tout sur le Vietnam du Nord. L'auteure se sert de l'histoire de sa famille et cela lui donne une base pour une grand fresque historique. La famille Tran est propriétaire d'un grand domaine qu'elle cultive grâce à des paysans qui leur sont très attachés.

Le roman suit plusieurs chronologies, celle de la grand-mère Diêu Lan qui élève sa petite fille Huro'ng, grâce à elle nous revivrons la présence des Français dont les Vietnamiens espèrent bien voir le départ. Hélas, les Japonais vont les remplacer et imposer aux paysans des cultures qui suppriment les traditionnelles cultures vivrières, une terrible famine va en résulter. L'auteure sait parfaitement rendre ce que représente la recherche de nourriture pour un peuple que l'on empêche de cultiver ce qui pourrait éviter à ses habitants de mourir de faim.

Le destin de cette grand-mère est incroyable, elle aurait dû mourir tant de fois : comme fille de propriétaire ennemi du peuple condamnée par les communistes, comme femme se débrouillant seule se heurtant à des brigands, comme mère de six enfants qui doit faire 600 kilomètres à pied pour sauver sa vie et celle de ses petits. Cette traversée du pays est inimaginable, on a vraiment une impression d'une hallucination au milieu de dangers mortels qui s'attaquent à elle et à sa volonté de survivre.

Ses enfants partiront à la guerre pour la réunification du pays, ils reviendront détruits moralement pour la mère de Huro'ng, sans ses deux jambes pour Dat, son fils Tuan est mort, un autre est revenu mais complètement asservi au parti communiste au grand désespoir de sa mère qui a gardé en toute occasion son esprit critique.

Nous suivons aussi le parcours de sa petite fille qui veut retrouver sa mère et son père, celui-ci ne reviendra pas et sa mère restera mutique et brisée jusqu'à ce que sa fille comprenne son drame. Nous la suivrons dans son parcours scolaire et dans son histoire d'amour. donnant lieu un rebondissement un peu trop étonnant (pour moi)

L'auteur utilise souvent le biais de lettres ou de journal intime pour nous donner le récit de différents personnages, par exemple le fils aîné qui a fui les communistes qui ont assassiné son oncle devant ses yeux, dans une grand lettre, il fera comprendre à sa famille ce qu'il a vécu. le journal intime de la mère de Huro'ng qui lui permettra de casser la mutisme de sa mère.

En lisant ce livre, on se rend compte que ce qui a permis aux Vietnamiens de garder une unité morale, c'est la force des liens familiaux, peut-être aussi le culte des morts qui fait que l'on n'oublie pas ceux du passé. Ce lien très fort avec la famille élargie permet de résister aux assauts de la violence mais aussi à l'idéologie communiste. En tout cas c'est le cas de cette famille.

Ensuite, l'auteure a un véritable talent pour nous conduire à travers les différents épisodes du Vietnam et faire comprendre les retombées sur les populations. Il y a peut être un aspect trop « romanesque » dans cette fresque, je pense en particulier à une histoire de bijou perdu et retrouver de façon si miraculeuse pour la jeune fille, mais à la lecture je n'ai pas du tout eu l'impression que c'était trop romanesque, j'ai dévoré tous les épisodes et j'ai tellement admiré cette grand-mère capable de tous les efforts pour que les siens vivent correctement, même faire du marché noir au grand scandale de son fils devenu un membre du parti mais qui accepte quand même ses plats cuisinés avec tant d'amour.



Il me reste une question, ce livre est écrit en anglais, cette auteure vit-elle toujours au Vietnam et son livre est-il traduit en vietnamien ? C'est une telle critique du régime communiste que cela m'étonnerait mais cela me ferait aussi un grand plaisir.


Lien : https://luocine.fr/?p=17868
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Dans son roman « Pour que chantent les montagnes », Phan Quê Mai Nguyễn raconte l'histoire d'une famille vietnamienne de 1930 à 1980 à travers le regard de la petite fille et de sa grand-mère.

Née en 1973 dans un petit village du nord Viêt Nam, Nguyễn Phan Quế Mai est une autrice et poétesse vietnamienne. Best-seller international multiprimé, son premier roman « Pour que chantent les montagnes » a été traduit dans une quinzaine de langues.
Hu'o'ng (surnommée Goyave par son aïeule) voit sa vie basculer lorsque des bombardements américains se déversent sur sa campagne jusque là paisible au coeur du Vietnam. Dès lors, Diệu Lan, sa grand-mère à qui elle voue un respect aussi immense que son amour pour elle va être au coeur de sa vie, et du récit. de 1930 à 1980, vous voilà plongé dans la vie de cette famille vietnamienne, faisant des aller-retours entre les différentes périodes de la vie de Diệu Lan.

Comment survivre quand son pays est déchiré en deux (Nord/Sud) après la Guerre d'Indochine et qu'on subit tour à tour des bombardements américains, l'invasion japonaise et une réforme agraire impitoyable pour les petits paysans ? Véritable pilier pour toute sa famille, la grand-mère va raconter toutes les épreuves, les joies et les peines de chacun de ses 6 enfants pour que sa petite-fille comprenne l'histoire familiale, les conflits qui les dépassent et les choix de chacun. le secret de sa mère, la vie de l'oncle Minh, la famine… Diệu Lan ne renonce jamais et garde toujours espoir même dans les pires situations.

L'autrice a passé sept ans à se documenter sur cette période de la Guerre d'Indochine et de la Guerre du Vietnam, se nourrissant des récits personnels de proches pour écrire ce roman historique. Elle narre avec sincérité l'histoire contemporaine du Vietnam du point de vue de la population, et non des politiques ou hommes de guerre. le propos est rempli d'humanité, de meurtrissures aussi. Et malgré tous les morts et les traumatismes, l'espoir d'une reconstruction et d'une réconciliation possible prennent le dessus.

Une leçon d'Histoire à hauteur de femmes. Gros coup de coeur pour moi !
Lien : https://www.unlivredansmaval..
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Découvrir l'histoire d'un pays à travers une famille est toujours très enrichissant et cela ne rate pas pour Pour que chantent les montagnes.
Dès les premières lignes du roman, Nguyen Phan Que Mai nous plonge au coeur des bombardements lancés sur Hanoi durant la guerre du Vietnam en rencontrant ainsi les deux protagonistes féminins principaux : Dieu Lan et sa petite-fille Huong.

A travers le récit de Dieu Lan, l'autrice nous fait remonter le temps jusqu'à l'occupation japonaise du Vietnam puis la réforme agraire avec le soulèvement de paysans sans terre contre les propriétaires terriens et le déchirement entre le Nord soutenu par les communistes et le Sud soutenir par les américains.
A l'image de ce pays exploité par différentes puissances puis ravagé par une guerre civile, la famille de nos deux héroïnes est aussi frappée par ce conflit comme le furent de nombreuses familles vietnamiennes par la perte d'un fils, d'un mari ou d'un frère partis au front ; par la mort de civils suite aux bombardements et les blessures physiques ou psychiques de personnes.
Un conflit qui divisa aussi les familles en fonction de leurs lieux de vie soit au Nord ou au Sud les obligeant parfois à se retrouver face à face lors des combats.
C'est aussi découvrir l'endoctrinement vécut par les élèves dans les écoles à travers les enseignements, les manuels mais aussi la suppression de romans occidentaux.


Ce roman présente des personnages émouvants et font preuve d'une grande résilience face aux évènements dramatiques qui se dressent devant eux. L'atmosphère, les lieux, la présence de proverbes vietnamiens et leurs transpositions dans l'histoire rendent le roman vivant et réaliste.
Nguyen Phan Que Mai avec Pour que chantent les montagnes a écrit un magnifique roman qui m'a permis de découvrir l'histoire contemporaine du Vietnam à travers le portrait de deux femmes fortes.
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Viet Nam,1972, Huong tente tant bien que mal de comprendre le monde dans laquelle elle vit. Sa mère est allée chercher son père parti au combat, tout comme ses oncles. Elle n'a plus que sa grand-mère Diêu Lan sur qui se reposer, cette femme qui attend des nouvelles de ses six enfants fera tout pour préserver le plus possible sa petite fille. Huong doit faire face au silence de ceux qui reviennent au compte goutte de la guerre, taisant ce qu'ils ont vu et vécu. le poids des secrets s'installe et fait naître beaucoup d'incompréhension.

En alternant passé et présent, nous revenons sur l'histoire tragique de Diêu Lan dont le destin a basculé, des années plus tôt, après la réforme agraire. Elle qui était bien née, connaît du jour au lendemain l'exil, la spoilation et la famine. Armée d'une force et d'un courage incroyables, elle se bat pour rester en vie et sauver ses enfants.

Totalement absorbée par cette fresque familiale, je n'ai vraiment pas vu défiler les pages. S'inspirant de l'histoire de sa propre famille, l'autrice retrace l'histoire du Viet Nam, de la guerre avec les États-Unis à l'occupation française en passant par l'invasion japonaise.
Huong cherche à comprendre les non-dits de sa famille que la guerre a complètement abîmée. Elle comprend peu à peu l'impact des conflits sur les relations des uns et des autres, jalousie, trahison, rancoeur, les séquelles sont nombreuses. le destin de Diêu Lan force respect et admiration tant cette femme a du se battre pour protéger les siens dans un environnement de plus en plus violent. du jour au lendemain, elle n'a pu compter que sur elle même devant se mefier de la trahison de son prochain. Certains passages sont si durs...d'autres si beaux... Preuve de courage et de résilience, ces deux personnages féminins sont terriblement attachants et m'ont fait verser quelques larmes. Ce roman à double temporalité décortiquant un siècle de combats est tout simplement passionnant !
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Pour que chantent les montagnes est une ode à la famille, au pouvoir de la littérature et à la paix.
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Dans ce roman, nous alternons deux narrations : nous suivons Goyave et sa grand-mère à travers les horreurs de la guerre du Vietnam et en parallèle, sa grand-mère nous raconte son histoire et l'histoire de sa famille, de l'époque coloniale à la réunification du pays. Goyave est une petite fille qui devient femme à la fin du récit, on la suit à travers les années, on voit comment elle grandit, les questions qu'elles se posent. On voit à quel point elle lutte contre le silence de ceux qui rentrent de la guerre, comment les secrets familiaux la rongent elle et ses proches. On sent sa solitude, comment les romans sont ses seuls amis, sa lumière au bout de l'obscurité, et comment la lecture change son regard sur l'Autre.
Et de l'autre côté, tel un miroir, on suit le destin de cette petite fille devenue grand-mère de Goyave bien des années plus tard, on admire cette femme forte, courageuse, qui ne baisse jamais les bras devant les horreurs auxquelles elle assiste, les misères qu'on lui fait. Elle garde en elle le courage de pardonner ou la cas échéant de continuer à vivre sans haine.
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Ces deux filles, adolescentes et femmes sont des plus touchantes, de vrais exemples de résilience. Et tous les personnages secondaires qui gravitent autour d'elle donnent une telle ampleur au texte qu'il est impossible d'en décrocher avant de connaître la fin du récit. Les différentes périodes historiques traversées par nos héroïnes nous plongent au coeur de l'histoire du Vietnam, on ne peut qu'être touché par la suite d'événements traumatiques qu'ils ont connus : colonisation, invasion des Japonais, réforme agraire, guerre du Vietnam, guerre fratricide, révolution sociale…
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Et que dire de l'écriture : riche, évocatrice, poétique, rythmée, elle captive le lecteur qui s'imprègne totalement de l'ambiance du roman. Et quel plaisir de voir toutes ces expressions et petits mots conservés en vietnamien, créant une véritable immersion dans la culture vietnamienne.
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Vous l'aurez compris, ce roman a su gagner mon coeur, et quelques larmes se sont même échappées durant ma lecture !
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Connaissez-vous bien l'histoire du Vietnam?



Moi pas et c'est pourquoi ce livre m'avait interpellé et que je souhaitais le lire et…




Ce fut… Une claque magistrale!




Les témoignages transgenerationnel d'une famille paysanne aisée, narrée à travers les voix d'une grand-mère qui témoigne des chamboulements du début du siècle et de sa petite-fille qui elle, raconte la guerre des années 70 et l'après-guerre immédiat.





La narration alternant ainsi deux époques permet de rythmer le récit, de ménager un peu de suspense et de tension, mais surtout de mettre en lumière progressivement les événements du passé qui conduisent aux débordements du présent.




J'ai appris une foultitude de choses sur ce pays, ses us et coutumes et son histoire. L'Histoire tout court d'ailleurs puisque à travers l'histoire du Vietnam c'est aussi un petit bout de l'histoire de plusieurs pays qu'on entrevoit: la France, l'Amérique, le Japon…





Tant de pays qui ont amené ou maintenu la guerre sur ce territoire.





Un roman « magnifique » même si choisir ce terme pour parler d'un livre qui raconte tant d'horreur. Magnifique car au delà des atrocités qu'il met a jour, il y a l'amour filial, l'amour de la terre, le pardon et l'entraide qui tissent le chemin de deux héroïnes magnifiques, entraînées malgré elles dans les horreurs des guerres…





Encore un livre qui m'a fait verser bon nombre de larmes et qui m'a remué les tripes… Un livre inoubliable et que je conseillerai pour compléter la culture occidentale à propos de ce conflit.





Si vous aimez les romans historiques, ajoutez le à votre liste d'achats de la rentrée!!
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Premier livre vietnamien et pas des moindres, ce fut une vraie claque. Evidemment, j'en ai choisit un qui traite de la guerre du Vietnam dans les années 70, mais aussi un peu de la 2nde guerre mondiale.
Il s'agit d'une fresque familiale, un thème que j'aime de plus en plus. Cela promet donc beaucoup d'émotion, pas mal de larmes (ou presque) et une histoire d'une densité peu commune.
Nous suivons donc la famille Tran qui se retrouve après la guerre du Vietnam, avec toutes les conséquences physiques et psychologiques que l'on imagine. La reconstruction après la destruction n'est pas chose aisée, mais la grand-mère Dieu Lan est là pour toute la fratrie, elle est le ciment de cet édifice dont elle met un point d'honneur à remonter pièce par pièce. Avec elle, sa petite fille Huong, qui jongle avec sa vie d'adolescent sous les bombes, son premier amour, et sa situation familiale chaotique.
Le récit est pudique, l'horreur de la guerre nous est racontée sans artifices mais sans que nous détournions les yeux pour autant. La vie de Dieu Lan est difficile, insoutenable pour nous qui vivons dans notre confort. Mais elle est si combative, elle a tellement foi en la vie et en l'espoir de pouvoir un jour retrouver la sérénité, qu'on ne peut que l'admirer. Grand-mère Dieu Lan est l'un des meilleurs personnages écrit que je connaisse.
J'ai adoré ce livre. Et j'ai hâte de lire le prochain livre de Nguyen Phan Quê Mai, Là où fleurissent les cendres.
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