Contrairement à ce qui s'écrit parfois, la littérature d'enfance et de jeunesse n'est pas un genre. Elle ne constitue un genre ni d'un point de vue formel ni d'un point de vue esthétique et thématique. Elle est un champ éditorial qui fédère des formes et des genres autour d'un lectorat dont l'extension et la représentation que l'on s'en fait ont varié au fil du temps.
(A propos de l'album):
Il désigne donc initialement le support mémoriel d'une succession de rencontres, composée par une personne privée qui pouvait mêler sur les pages vierges d'un carnet (de format traditionnellement oblong) de l'écriture et de l'image, du lisible et du visible.
C'est le terme également employé pour le carnet de note et de croquis dont se servent les artistes. (p.117)
Le terme utilisé en français est un héritage de la culture romantique. Il est emprunté à la tradition allemande de l' "album amicorum", "cahier que les étrangers portent en voyage, et sur lequel ils engagent des personnes illustres à écrire leur nom et ordinairement avec une sentence" (p.117)
(Aujourd'hui, il existe un double sens au mot album, ce qui peut être embarrassant ou être source de confusion)
Nous sommes gênés aujourd'hui par la double acception du terme "album". Il désigne l'ensemble des livres pour enfants dans lesquels l'image prime sur le texte, mais également - à l'intérieur de cette désignation éditoriale globale - ces livres dont les effets de sens reposent sur des interactions du texte, de l'image et du support, et qui sont ce que l'on appelle des "iconotextes". (p.118)
(A propos de l'abum qui a aujourd'hui double sens):
Il désigne l'ensemble des livres pour enfants dans lesquels l'image prime sur le texte, mais également - à l'intérieur de cette désignation éditoriale globale - ces livres dont les effets de sens reposent sur des interactions du texte, de l'image et du support, et qui sont ce que l'on appelle des "iconotextes" (Ce terme est est un mot valise regroupant "texte" et "icône" et qui désigne des genres mixtes comme l'album, la BD ou le roman-photo.) (p.118)
PS citation à partir de notes anciennes, je ne retrouve pas le livre pour les vérifier pour l'instant...
Le terme iconotexte, forgé en 1985 par Michael Nerlich, est un mot valise (terme lui-même forgé par Lewis Caroll) d'autant plus satisfaisant qu'il unit "icône" et "texte" d'une manière analogue aux genres mixtes qu'il désigne:
l'album, la bande dessinée, le roman-photo sont des iconotextes. (p.118)
Les éditions illustrées de contes traditionnels ou lettrés relèvent de l'album au sens éditorial du terme. Le conte est un récit qui se suffit à lui-même. L'llustration y ajoute la lecture interprétative de l'artiste. (p.119)
Ce sont ces albums iconotextuels qui sont la grande invention de la littérature d'enfance et de jeunesse. On peut légitimement parler à leur propos d'un genre, apparenté à cet autre genre qu'est la bande dessinée, mais néanmoins distinct. (p.119)
Les albums iconotextuels sont des albums dont les liens entre le texte, l'image et le support sont insécables. Rompre ces liens, comme on le voit fréquemment au cours des rééditions, c'est détruire tout ou partie de l'oeuvre. (p.119)