Une jeune femme s'en va, elle traverse en autocar une île méditerranéenne. C'est l'été, elle voyage léger, elle est seule, déterminée, elle veut du silence, « nager longtemps. Regarder longtemps ». Elle n'est pas nommée et sera « l'inconnue » jusqu'à la fin du roman. Elle est déjà venue là, deux ans avant, avec « son ami de l'époque ». Elle veut retrouver la grotte où ils s'étaient installés, au bord de la mer, et s'y retirer. Mais quand elle y arrive, au terme d'une marche éprouvante, elle découvre avec colère que ce refuge est occupé par une très jeune fille, dont on ne connaîtra pas le nom, elle sera « la petite », et par son père, une force de la nature, « le colosse ». L'inconnue se cache et décide d'attendre que les intrus décampent. Une journée passe, une nuit, puis deux, trois. La jeune femme observe en secret et avec un intérêt grandissant ce couple père-fille, qui lui rappelle celui qu'elle formait avec son père : la petite l'intrigue, son comportement est étrange, elle reste de longs moments immobile, le colosse s'occupe d'elle avec attention.
Le quatrième jour, l'inconnue décide de se montrer. A ce moment du roman, personne ne saurait dire ce qui va se jouer entre ces trois-là, sur cette plage isolée et comme coupée du reste de l'île, et jusqu'au dénouement, on reste suspendu dans l'attente de ce qui pourrait arriver. On n'apprendra que des bribes de leur passé, rien de leur avenir ; au lecteur de combler les blancs, les trous. Mais malgré ce flou, le récit des quelques jours qu'ils vont passer ensemble est très incarné. le corps et ses métamorphoses sont au coeur du roman, les sensations sont précises, concrètes, les mots aussi, pour décrire la sensualité et le désir. Les cinq sens sont sollicités, les immortelles ont un parfum de curry, la peau a goût de sel, le sable brûle, « les sauterelles font un bruit de papier froissé », les cailloux roulent sous les pieds.
Dans une langue poétique,
Marie Nimier donne à voir, à sentir, à toucher, et son court roman laisse une empreinte profonde.