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EAN : 9782072843136
192 pages
Gallimard (07/03/2019)
3.28/5   151 notes
Résumé :
Dans un appartement vide, meublé de deux chaises, une table et un immense philodendron, Marie recueille, les yeux bandés, des confidences. Les candidats se sont inscrits anonymement. Ils prennent place sur la chaise libre et racontent ce qu'ils ont choisi de partager, souvent pour la première fois. Remords, regrets, culpabilité, mais aussi désirs, rêves, fantasmes se dévoilent ; les confidences se succèdent, toujours plus troublantes.
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Critiques, Analyses et Avis (29) Voir plus Ajouter une critique
3,28

sur 151 notes
Les meilleurs recettes comportent souvent peu d'ingrédients, et Marie Nimier s'en est rappelé pour la rédaction de son ouvrage « Les confidences » : une table, deux chaises, un philodendron, des confidences et c'est tout !

Pour obtenir ce matériau indispensable, Marie Nimier a affiché des annonces aux points stratégiques d'une ville de France pour que les gens prennent rendez-vous avec elle, dans un appartement que la mairie lui a prêté, et mis en ligne un site internet pour recueillir de manière complémentaires les mots anonymes d'étrangers rebutés par la perspective de lui parler directement. Les histoires seront écoutées avec les yeux bandés, afin qu'elle ne soit pas perturbée par un quelconque jugement.

« Les confidences » constitue donc le recueil de ces histoires entendues de parfaits inconnus, après que l'autrice les a restituées à sa manière. Si elles sont racontées telles quelles, parfois Marie Nimier intervient pour raconter certaines circonstances sur leur auteur ou leur narration, la perception qu'elle en a eue, l'effet qu'elles ont pu produire sur elle. le résultat de cette idée très originale est un ouvrage aux histoires hétéroclites, certaines courtes, d'autres longues, certaines bizarres, d'autres touchantes (certaines sont d'ailleurs tellement incroyables qu'on pourrait les croire inventées !). Mais curieusement, toujours empreintes de gravité, et jamais très gaies ou drôles. Peut-être parce la plupart des gens semblent confondre confidence (un secret qu'on révèle à quelqu'un) et confession (un acte blâmable que l'on avoue), comme si Marie Nimier, avec son écoute aveugle, était une sorte de prêtresse d'un culte, ou plus prosaïquement, un déversoir. J'ai lu d'une traite ce court ouvrage et je ne sais si je l'ai aimé ou pas, le détachement de l'autrice dans son effort de rester en dehors des histoires, ou le plus possible, faisant écran entre le texte et mon ressenti.

Toutefois, la lecture de ces textes se révèle ainsi assez troublante, en ce qu'elle offre dans un premier temps un divertissement (que se cache-t-il dans le cerveau d'une personne lambda ?) puis passée la curiosité, un condensé de l'âme humaine souvent peu reluisant, et de ses secrets inavouables. Marie Nimier elle-même, malgré sa position surplombante, ne restera pas insensible à cette avalanche, et se réservera d'ailleurs la dernière confidence, assez significative d'ailleurs.

Je ne sais pas pour ma part si je serais allée rencontrer Marie Nimier pour lui faire ma confidence… Mais vous, y seriez-vous allé ?
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La Feuille Volante n° 1364 – Juillet 2019.

Les confidences – Marie Nimier – Gallimard.

L'univers créatif d'un écrivain s'inscrit soit dans la fiction, soit dans l'autobiographie. La fiction est du domaine de l'imaginaire qui, soit fonctionne et emmène son lecteur consentant dans un ailleurs inattendu, soit dérape complètement, le dépaysement n'est pas au rendez-vous et on passe complètement à côté. Avec l'autobiographie, l'auteur puise dans sa propre vie la nourriture de son oeuvre et cela peut tourner facilement au solipsisme. Restent les témoignages des autres. Ici ils sont recueillis anonymement par l'auteure et forment 48 petits récits. A la suite d'une séries de petites annonces judicieusement placées, la population d'une ville est informée qu'une romancière recueillera des « confidences » intimes de ceux qui le souhaitent en vue de la rédaction éventuelle d'une oeuvre. Pour que l'anonymat soit respecté, les interventions se feront sur un site dédié ou sur rendez-vous dans un appartement meublé très sommairement et prêté par la mairie où, pour préserver l'anonymat, la femme écoutera, les yeux bandés, le récit des intervenants qui se présenteront. L'idée est plutôt originale et Marie Nimier n'intervient pas directement, se contentant d'être « La reine du silence » en écoutant dans la solitude du lieu et au hasard ceux qui lui parlent soit d'une blessure d'enfance, d'un traumatisme assez profond pour qu'il leur pourrisse la vie, soit évoquent des mots qui leur ont échappés ou qu'ils n'ont pas su ou pas oser dire au bon moment, des obsessions, des regrets, des remords, des mensonges, des fantasmes, des échecs non assumés, des obs intimes qu'on ne confie que dans l'anonymat, de petits affronts ou de grandes trahisons qu'on ne pardonnera ou ne se pardonnera jamais, des amours avortées, jamais oubliées, toujours regrettées, autant d'étapes ordinaires dans leur vie, autant de moments de cet écume des jours qui parfois provoquent le vertige quand on les évoque et qui donnent la mesure du temps qui passe. Cette expérience, qui n'est pour elle pas sans danger, peut provoquer des rencontres inattendues ou improbables, la plupart de ces gens ordinaires livrent avec une grande économie de mots une parcelle de leur existence, des choses simples mais qui les obsèdent parce nous avons tous notre croix à porter. Parfois on s'excuse pour le dérangement, parfois il se trouve des gens pour tourner en dérision cette expérimentation qui pourtant déplace des patients d'un jour qui la vivent comme un appel au secours ou une bouteille lancée à la mer. Cela tient, si l'on veut, de la confession qui allège l'âme, mais sans la dimension religieuse du pardon divin. Cette ouverture sur un autre monde met aussi en évidence pour elle la réalité de son impuissance, de sa désolation de son malaise face à une brûlante, à une détresse.
Qu'en reste-t-il pour les intervenants ? Nous n'en savons que peu de choses puisqu'il n'y a que peu de commentaires de la part de l'auteure, cette dernière faisant confiance à sa mémoire se contentant d'un rôle de scribe qui ne juge personne. Sont-ils apaisés, satisfaits de s'être débarrasser d'une obsession, contents d‘avoir rencontrer un auteur connu, même s'ils ne repartent pas avec un de ses ouvrages dédicacé et fiers peut-être de l'éventuel espoir de se retrouver dans un futur roman et ainsi d' avoir contribué ne serait-ce qu'un peu, à la création d'une oeuvre d'art ? Parviennent-ils réellement à se délivrer par la parole d'autant plus anonyme que celle qui la recueille a les yeux bandés? Après un drame il est d'usage de consulter un psychiatre ou de mettre en place des cellules psychologiques pour aider ceux qui ont été traumatisés à se libérer. C'est un peu la même démarche sauf qu'ici, le traumatisme peut remonter à des années et gangrener la vie de celui qu'il hante. Ces gens viennent spontanément se confier à cette femme dont ils ignorent tout, ce qui donne la mesure de la condition humaine mais surtout celle de la solitude de la société dans laquelle nous vivons. Cela peut tenir du soliloque et la puissance cathartique des mots peut agir comme une soupape de sûreté qui sauvegarde la vie ou la rend plus acceptable malgré la honte, le dégoût ou le mépris de soi.
Les interventions dont elle a eu connaissance étaient pour la plupart orales mais c'est une confession écrite, emprisonnée dans un cahier à spirale, gouvernée par la présence tutélaire paternelle et dont nous ne saurons rien, et d'autant plus étrange qu'elle est agressive et assortie d'une proposition inattendue qui, pour elle, va bouleverser l'ordre des choses. Dès lors l'auteure ne se contente pas de rendre compte de toutes ces témoignages anonymes, elle y va aussi de sa propre confidence, comme portée par tout ce qu'elle vient d'entendre et évoque son père, l'écrivain Roger Nimier, mort à l'âge de 36 ans alors qu'elle n'est elle-même qu'une enfant de 5 ans. Elle en parle comme d'un absent définitivement silencieux, une énigme, évoque le vide que sa disparition brutale a creusé en elle, comme d'un étranger aussi. Il est celui qu'on attend mais qui ne viendra pas. Dès lors l'écriture pour elle reprend sa fonction exploratrice du souvenir, s'impose comme un exorcisme à la fois créateur et libérateur. Peut-être ou peut-être pas !
©Hervé Gautier.http:// hervegautier.e-monsite.com




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Marie Nimier, Les confidences - 2019

L'intention de départ me plaît : une écrivaine met de petites annonces un peu partout pour recueillir des confidences qui serviront de points de départ pour une oeuvre. Il y a des réponses bizarres, inattendues, d'autres vraiment touchantes... On se surprend à penser que la moindre parcelle de vie, la plus anodine parfois, peut rester gravée en nous et nous marquer pour longtemps, pour toujours. Mais pourquoi ce besoin tout à coup de la raconter à une inconnue ? Pour la voir là peut-être se détacher de nous et vivre dans un livre ?
Et vous que retiendriez-vous, quel instant inoubliable qui vous a fait et vous fait encore ?

Le style est simple, distancié. La narratrice se pose en observatrice. Nous faisons de même. Est-ce pour cela que les confidences glissent sur nous comme une eau tranquille ? Il y en a tant qu'on ne sait laquelle retenir, mais se lève parfois en nous comme un écho de nos propres souvenirs. Je retiendrai les dernières interventions et cette image tendre tout droit sortie d'un rêve d'enfance de Marie Nimier, un manque, comme quoi ce qui ne s'est pas produit peut faire aussi l'objet d'une confidence. J'ai aimé que la parole soit donnée à des gens anonymes.
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Une écrivaine, après avoir laissé des petites annonces à différents endroits stratégiques d'une ville, recueille des confidences, les yeux bandés, dans un appartement occupé juste pour l'occasion et sommairement meublé.

✒️J'avoue que le projet m'a sans doute plus intrigué que le contenu lui-même. Ces courtes confidences s'apparentent à des nouvelles et je suis peu adepte de ce genre littéraire (à part celle de Lionel Shriver dans Propriétés privées mais probablement parce qu'elles ont un long format).

✒️Par contre je me suis demandée si comme Sophie Calle, Marie Nimier avait réellement reçu des volontaires, un bandeau sur les yeux et si elle avait "magnifié" leur récit ou si cela était aussi pure fiction

✒️Je me suis rendue compte aussi que les nouvelles qui me plaisaient le plus étaient celles où l'écrivaine se mettait en scène, intervenait d'une façon ou d'une autre.

Par ricochets, j'ai pensé à Philippe Jaeanada et ses enquêtes pleines de digressions que j'affectionne tant alors que le dernier livre de Florence Aubenas dans lequel elle fait le choix de ne pas du tout apparaître m'a laissé de marbre.

J'ai pensé aussi aux biographies où l'auteur est présent (par exemple le très réussi Balzac et moi de Titiou Lecoq )
Mais ce CONFIDENCE POUR CONFIDENCE de Marie Nimier reste toutefois aussi ambitieux qu'étonnant !
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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"Touchant" est le premier mot qui me vient à l'esprit après cette lecture conseillée par mon amie libraire. Marie écoute les confidences d'anonymes qui viennent raconter une histoire, une anecdote, un secret, un péché, une trahison, un amour ... Touchant parce qu'il s'agit d'une confidence, d'un aveu face à une personne qui entend mais ne voit pas (Marie a volontairement les yeux bandés). Du coup, on se confie plus aisément, sans crainte du regard de l'autre et cela donne à chaque petit récit une intensité incroyable. C'est à la fois pudique et impudique, fascinant et parfaitement juste.
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critiques presse (3)
Bibliobs
12 août 2019
A en juger par ce livre à la fois cocasse, drôle, effrayant, la récolte de confidences fut exceptionnelle. Femmes et hommes se bousculent pour évoquer le moment qui les a le plus marqués.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Lexpress
25 avril 2019
Historiettes, confessions, aveux, fantasmes... les confidences se succèdent au fil des chapitres plus ou moins longs et finissent par constituer un étonnant kaléidoscope sur la nature humaine. Un roman singulier, qui passionne ou désarçonne.
Lire la critique sur le site : Lexpress
LeFigaro
15 mars 2019
La romancière a recueilli des confidences d'anonymes qui sont autant de tranches de vies. Fascinant [...] C'est littérairement réussi, humainement émouvant, intellectuellement stimulant.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Il faut vous imaginer la campagne au printemps, une petite campagne avec des boutons d'or et des haies et des villages et une maison couverte de glycine. Au bout d'un jardin, il y a un rideau de peupliers, et au centre du rideau, il y en a un plus grand que les autres dans lequel je grimpe.
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J'ai aussi lu des bouquins sur la passion, la jalousie, c'est comme ça que je suis tombée sur "L'Occupation" , le livre d'Annie Ernaux.
Punaise ! Elle n'y va pas avec le dos de la cuillère, Annie Ernaux, mais dans ce texte, elle écrit qu'elle s'est interdit ça, les fétiches, les mauvais sorts. Elle avait été tentée, mais elle avait résisté. Elle ne voulait pas s'abaisser jusque-là, elle trouvait ça crétin, ou débile, je ne sais plus, alors je me suis ressaisie. J'ai recopié plusieurs fois le passage en question, comme si le stylo pouvait remplacer les aiguilles à tapisserie. A la fin, j'étais décidée.
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...celui qu'on attend, les yeux fermés, celui qui ne viendra pas. Celui qui manque, qui a toujours manqué. Celui qu'on a perdu, mais pas seulement de vue. Perdu tout court. Celui dont on aimerait partager ne serait ce qu'un secret , avec son papa, pour en finir avec le silence.
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Vous trouverez peut-être que ça n'est pas une confidence, cette question de milieu, parce que ça concerne tout le monde, mais justement, pour moi, une confidence, c'est une histoire que l'on garde pour soi parce qu'elle concerne tout le monde. Si elle ne concernait pas tout le monde, on n'aurait pas besoin de la garder pour soi.
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J'aimais beaucoup ma grand-mère. A la fin de sa vie, elle était très malade, mais elle refusait obstinément qu'on l'hospitalise. elle disait qu'elle ne voulait pas creuser le trou de la Sécurité sociale. Sa tombe, c'était suffisant.
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Videos de Marie Nimier (25) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Marie Nimier
Lecture par l'auteure accompagnée de Karinn Helbert (Orgue de cristal) Festival Paris en toutes lettres
Elle a perdu son frère mais n'a pas réussi à se rendre à l'enterrement. Elle est effondrée et décide de s'exiler au bord d'un fleuve pour écrire un livre sur lui. Elle garde l'appartement d'un inconnu en échange de deux services : nourrir le chat et les plantes carnivores. Sauf que le chat n'apparaît jamais et que le récit de son histoire fraternelle et de cet amour fusionnel prend peu à peu une tonalité très dérangeante… Marie Nimier lit des extraits de son roman, accompagnée par Karinn Helbert qui fait entendre un instrument aussi singulier que l'est Petite soeur : un orgue de cristal.
À lire – Marie Nimier, Petite soeur, Gallimard, 2022.
Lumière par Patrice Lecadre, son par François Turpin
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