La chute des temps

et je dis TOI pour désigner en toi
le toi dont tu ne sais rien
l'amour fait de chacun
le revenant de l'autre

mais tu t'en vas les bras chargés
de ma poussière et je ne sais plus si
le regard est fait par le silence
ou la lumière

j'ai seulement rêvé de voir cette chose
aérienne un mot qui s'envole
de ta langue et je verrais enfin
ce qui sous nos yeux échappe à nos yeux

qui
qui donc voudrait
sentir sur la peau de ses yeux
autre chose que le vide du monde
l'aile a le même besoin
d'abîme et nous passons dans
l'air oubliant
que la vérité se tue elle-même

je t'aime
mais l'amour n'est pas
l'amour comme une maison
est une maison

l'idée qui passe
ne fait pas d'ombre
elle est l'oiseau

d'un ciel d'encre
il coule dans nos yeux
il écrit le monde

Ce qui ne laisse pas de trace
sur le miroir
c'est mon visage

dans tes yeux
déjà
la même glace

tout ce que nous disons est l'écho
d'un mot passé d'un mot
qui voudrait achever aujourd'hui même
une chose autrefois commencée

mais qu'est-ce que la poésie?
un doigt sur la peau
pierre du temps
qui mousse

nous sommes une histoire de plus
quelqu'un la raconte
les autres l'oublient