AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782867441158
184 pages
P.O.L. (01/01/1988)
4.31/5   8 notes
Résumé :
Entre la réalité et nos yeux, toujours du vocabulaire s’interpose : nous croyons voir mais ne faisons que lire. D’ailleurs le regard en lui-même n’est pas cet instrument d’information et de constat qu’il nous semble : il n’est pas qu’un aller et retour, c’est un espace, un espace sensible qui s’emplit du sentiment d’un toucher visuel.
Le Journal du regard est donc un travail sur le regard, que l’auteur a commencé en 1970, la peinture y est souvent présente, l... >Voir plus
Que lire après Journal du regardVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Un ensemble de notes sur le regard qui forme un essai. Profondeur et pénétration du regard de Bernard Noël. le texte progresse comme une extension de lui-même. Forte densité de l'approche des espaces. ce que nous fait sentir cette approche du regard, c'est sa "mentalité charnelle". L'association de l'espace charnel dans sa dimension physique et mentale. Pas d'intellectualité déshydratante de l'écriture, ni de corps exsangue mais un alliage vertueux trouvant son expression dans le regard. Une recherche de dénuement, de profondeur du regard et de don de soi. Qualités rendues sensibles par le regard.
Commenter  J’apprécie          20

Citations et extraits (5) Ajouter une citation
     
Le regard monte vers la crête que dentelle la cime des arbres. Et soudain, cette ligne brisée est une présence. J’en suis tout ému. Mais de quoi ? me dis-je bientôt.
Ce doute ramène le regard dans mes yeux. Pourtant, alors même qu’il se retrousse, voilà qu’il se prend aux branches nues d’un arbre tout proche : branches hérissées de fines brindilles.
Si peu de temps dure cela.
Et parmi les nervures, je vois le bleu du ciel.
     
Le bleu. Le bleu. Le bleu.
     
Le bleu est ce qui touche à tout.
En lui, chaque chose est à la fois dans son isolement et dans l’intimité de toutes les autres. …
     
Comme s’il y avait sous la peau le bleu du ciel.
Sous la peau, sa claire substance, et le monde au milieu, et le regard partout.
     
(La pensée des yeux)
Commenter  J’apprécie          170
Chaque chose peinte est faite d'une image et d'un espace. L'image n'a besoin que de rappeler son origine ; l'espace, lui, porte la réflexion. Et par là même, il est le jamais vu dans lequel le peintre plonge le déjà vu, qui est le matériau de son travail. Figurer consiste à croiser le déjà vu et le jamais vu de telle sorte que ce dernier nous ouvre les yeux.
Il s'agit de déranger le fonctionnement mécanique du regard pour qu'il voit enfin ce qui d'ordinaire lui échappe. Un arbre reste un arbre, et même un visage un visage : la seule chose qui puisse les changer en eux-mêmes dans nos yeux, c'est le surgissement à l'intérieur de leur image, et donc du regard, d'une relation qui modifie la consistance de la vue. (p. 106)
Commenter  J’apprécie          30
Grand arbre blanc

à l’Orient vieilli
la ruche est morte
le ciel n’est plus que cire sèche

sous la paille noircie
l’or s’est couvert de mousse

les dieux mourants
ont mangé leur regard
puis la clef

il a fait froid

il a fait froid
et sur le temps droit comme un j
un œil rond a gelé

grand arbre
nous n’avons plus de branches
ni de Levant ni de Couchant
le sommeil s’est tué à l’Ouest
avec l’idée de jour grand arbre
nous voici verticaux sous l’étoile

et la beauté nous a blanchis

mais si creuse est la nuit
que l’on voudrait grandir
grandir
jusqu’à remplir ce regard

sans paupière grand arbre
l’espace est rond
et nous sommes
Nord-Sud
l’éventail replié des saisons
le cri sans bouche
la pile de vertèbres grand arbre
le temps n’a plus de feuilles
la mort a mis un baiser blanc
sur chaque souvenir
mais notre chair
est aussi pierre qui pousse
et sève de la roue

grand arbre
l’ombre a séché au pied du sel
l’écorce n’a plus d’âge
et notre cour est nu
grand arbre

l’œil est sur notre front
nous avons mangé la mousse
et jeté l’or pourtant
le chant des signes
ranime au fond de l’air

d’atroces armes blanches qui tue
qui parle le sang
le sang n’est que sens de l’absence
et il fait froid grand arbre
il fait froid
et c’est la vanité du vent

morte l’abeille
sa pensée nous fait ruche
les mots
les mots déjà
butinent dans la gorge

grand arbre
blanc debout
nos feuilles sont dedans
et la mort nous lèche
est la seule bouche du savoir
Commenter  J’apprécie          00
L'invisible commence dans l'oeil. Il contient le pendant de l'espace extérieur, c'est-à-dire notre espace intérieur. De l'un à l'autre, le regard se fait passeur.
Commenter  J’apprécie          60
L’invisible est derrière les yeux, c’est l’épaisseur du corps.
Jamais assez de peau voyante sur nos yeux »... Les pieds, la bouche, le sexe participe(raie)nt à cette transe du regard extasié... On n’en finirait pas, dans cette patiente méditation de l’œil dans tous ses états, de parcourir, d’un livre l’autre, ce que vous nommez significativement « un circuit d’échange entre la chair du corps et l’air du monde.
Pour voir, il faut faire retour vers le corps .
Commenter  J’apprécie          00

Videos de Bernard Noël (23) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Bernard Noël
Jean Frémon La Blancheur de la baleine éditions P.O.L où Jean Frémon tente de dire de quoi et comment est composé son nouveau livre "La Blancheur de la baleine" à l'occasion de sa parution aux éditions P.O.L et où il est notamment question de Michel Leiris, David Hockney, Emmanuel Hocquard, Bernard Noël, Alain Veinstein, Etel Adnan, Louise Bourgeois, Jannis Kounelis, Jacques Dupin, Claude Esteban, Samuel Beckett, Marcel Cohen, Jean- Claude Hemery, Jean- Louis Schefer, David Sylvester, Edmond Jabès à Paris le 2 février 2023
"Ce sont des écrivains, des peintres, des sculpteurs.
Aventuriers de l'impossible. Ce sont des bribes de leurs vies. Tous des chercheurs davantage que des trouveurs. J'ai eu le privilège de les côtoyer. Ce qu'ils poursuivent est ce qui toujours se dérobe. La grâce est une fieffée baleine blanche."
+ Lire la suite
autres livres classés : perceptionsVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (22) Voir plus



Quiz Voir plus

Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

Paris
Marseille
Bruxelles
Londres

10 questions
1223 lecteurs ont répondu
Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

{* *}