Une ombre attire mon regard : par les grandes baies vitrées, j'aperçois quelqu'un qui nous regarde discrètement. C'est la directrice. Je sais que cela lui arrive souvent. Régulièrement, elle passe et nous observe.
Quelques autres filles l'ont vue aussi. Alors on s'applique encore plus. Ainsi cernées par la professeure et la directrice, je me dis que nous n'avons droit à aucun moment d'inattention, aucun faux pas. Nous sommes jugées en permanence.
Parce que c'est en permanence qu'il faut être parfaites.
A la fin, il n'en restera que quelques-unes. Et je veux être de celles-là.
Amaëlle me ramène à la réalité :
- Et puis ce qui va être bien pour toi, c'est que tu es sûre d'avoir un rôle... Tu n'auras même pas besoin de maquillage.
Elle prend un air faussement gêné. Je ne comprends pas.
- Comment ça ?
- Ben, tu sais bien... Dans la choré, il y a les négrillons.
Nos enseignants ont-ils raison ? Peut-on toujours aller au-delà de ses propres limites ? Toujours un peu plus loin ?