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Critique de michfred


On m'avait prévenue.  Tu verras, c'est dur. Attention,  c'est très violent. Accroche toi, ça va secouer. C'est du noir de noir de Norek- une espèce de genitif hébraïque en quelque sorte..

 On m'a dit aussi. C'est le meilleur de Norek. Bouleversant. On reste pétrifié de chagrin, secoué de révolte, retourné par tant d'injustice.

On m'a dit encore. C'est bien plus qu'un polar. Un constat impitoyable. Un réquisitoire social. A moins que ce ne soit l'inverse: un constat social et un réquisitoire impitoyable.  Un apologue humaniste. Une tragédie humanitaire. Une fable politique sur notre monde sans pitié, égoïste et mondialisé.

Tout est vrai.

J'ai commencé ce livre en fin d'après midi. Je l'ai terminé au petit jour, et après je n'ai pu fermer l'oeil.

Il y a tant d'excellentes critiques, que je me vois mal rajouter mon petit  résumé à  moi, ma petite touche d'émotion perso, Mes larmes amères à la von Kant.

 Juste ça, seulement : on croit qu'on est enfermé, qu'on n'a pas le choix.

Que quand on est un tortionnaire, on reste une brute, un animal à sang froid.
Que quand on est un flic,  on est dans un carcan de règles et de lois.
Que quand on est un enfant soldat , on demeure une petite machine à tuer, à obéir aux ordres. 
Que quand on on a des principes moraux, on est voué à les renier ou à passer pour une fiotte.
Que quand on est dépressif,  aucune ouverture aux autres ne vibre plus.
Que quand on est à  Calais, on y reste.
Que quand on est entre deux mondes, on y erre indéfiniment, comme les âmes sans sépulture dans les limbes. Ou les zombies dans la forêt.

Ce qui est bouleversant dans ce livre, c'est que tous ces enfermements,  ces réclusions, ces confinements, quand ils entrent en contact, voire en conflit, font bouger leurs lignes, crèvent les barrières, écartent les barbelés.  Ouvrent les coeurs.

Comme on n'est pas dans un monde de bisounours, on l'a compris, ça fait mal, ça déchire, ça sacrifie, ça tue.

Mais l'humanité soudain réaffleure, fait entendre sa petite musique.

Et ça  réconforte,  bizarrement, ce petit bout de tendresse dans ce monde de brutes, ce petit ciel de liberté dans un univers aussi carcéral, cet éclair de générosité dans l'océan des égoïsmes. 

Olivier Norek ne veut nous dire que cela.

Il évite même le piège du polar-qui-met -en-scene-la traque-d'un -recruteur-de-Daesh. Fausse piste. On botte en touche tres vite. Là n'est pas le sujet. Bravo pour cette rigueur, ce confinement sur l'essentiel.

Focus sur tous ces migrants que nous sommes.

Les vrais, en quête d'une terre d' asile.
Les autres, faux sédentaires, en migration intérieure et qui l'ignorent parfois : en quête d'une terre fraternelle qui leur rende leur honneur perdu.

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