Citations sur Secondes chances (18)
Et puis ce monde tranquille a volé en éclats. J'entends encore les branchages craquer. Je sens l'impact. Il est inscrit en moi, cet instant où le corps de mon bébé a heurté le sol. Le choc a fait trembler la maison, il a fait trembler les collines, il a fait trembler le ciel. Je me suis précipitée en bas de l'escalier comme si je pouvais prendre de vitesse cette impossible horreur.
Une forme inanimée gisait sous le citronnier. Une petite masse sombre dans le jardin de la maison de mes rêves. J'ai cru que mon fils était mort. J'ai touché son visage livide, et j'ai senti le miracle de son pouls qui battait encore, implorant un Dieu auquel je n'avais jamais cru - vous ferez comme moi, vous verrez, si un jour le pire vous arrive : vous prierez de tout votre cœur, de toute votre âme avec cette partie de votre cerveau dont vous ne soupçonniez même pas l'existence. Croyez-moi, vous prierez : dans ces moments-là, l'athéisme est un luxe qu'on ne peut pas se permettre.
J'ai cru que mon fils était mort. J'ai touché son visage livide, et j'ai senti le miracle de son pouls qui battait encore, implorant un Dieu auquel je n'avais jamais cru - vous ferez comme moi, vous verrez, si un jour le pire vous arrive : vous prierez de tout votre cœur, de toute votre âme avec cette partie de votre cerveau dont vous ne soupçonniez même pas l'existence. Croyez-moi, vous prierez : dans ces moments-là, l'athéisme est un luxe qu'on ne peut pas se permettre.
Mon fils a plongé la tête la première dans le vide, ses petites mains tendues pour essayer de se rattraper en vain, sans pousser un cri. Je vois encore son pyjama disparaitre dans la gueule de la nuit.
Sa capacité à reconnaître ses faiblesses était sa plus grande force. Une qualité beaucoup plus appréciable que le contrôle de soi, ou le courage, ou le stoïcisme.
L’idée de vivre toute sa vie et de mourir dans le même endroit lui faisait horreur. Il refusait d’être un numéro dans la ligne de succession et de n’être connu que comme le fils de son père. Alors il était parti pour entrer dans une école d’art à Dublin, où il s’était marié, puis il avait déménagé à Londres, où sa femme l’avait presque aussitôt quitté.
C’est vrai que ma sœur avait tendance à être un peu rancunière. Elle a changé son testament plus souvent qu’elle ne changeait de culotte.
L’anglais de mon voisin était grammaticalement irréprochable, beaucoup plus correct que le mien. Il parlait de façon mesurée et parfaitement maîtrisée. Je fus tentée d’essayer mon français de lycéenne, mais je préférai m’abstenir.
Les ultimes adieux. Les plus déchirants. Les garçons étaient comme des piles électriques. Ils couraient dans tout le terminal comme s’ils avaient bu dix litres de Coca chacun. Mes intrépides petits explorateurs avaient eu l’autorisation d’emporter dans la cabine leur trésor le plus précieux. Bob le boucanier voyageait donc dans le sac à dos de Finn, sa tête en tricot dépassant de la fermeture Éclair pour qu’il puisse voir ce qui se passait.
Ma mère est vraiment en train de foutre ma vie en l’air. Elle se moque complètement de ce que je veux. Elle sacrifie mon bonheur pour poursuivre un rêve. Moi, je fais juste partie des bagages.Elle a l’air de croire que je suis jalouse de Kit et des garçons, mais c’est faux. Je n’ai rien contre mon beau-père. Kit n’est pas parfait, et il me fait peur parfois quand il boit, mais nous nous entendons très bien. Il a le chic pour raconter des choses carrément drôles qui me font mourir de rire, tout en restant sérieux.
Le problème, c’est que ma mère n’a aucune modestie. Elle se croit parfaite. Les gens ne s’en rendent pas compte, mais c’est pourtant clair. Quand on est petit, on prend sa mère pour une déesse. En grandissant, on se rend compte à quel point on s’est trompé. Mes amis la trouvent cool. Les garçons disent même qu’elle est canon, ce que je trouve dégoûtant. Les gens imaginent que c’est une femme très humaine et très simple parce qu’elle plaisante sur ses jambes et sur son double menton. Mais elle n’a aucun mérite, puisque ses jambes et son menton sont très bien. C’est facile de se moquer de faux défauts. Ce qu’elle ne tourne pas en dérision, ce sont tous les vrais crimes qu’elle commet. Comme de sacrifier sa fille sur l’autel de son grand projet d’émigration !!