Claire Norton nous raconte dans «
le sens de nos pas » la rencontre peu ordinaire entre un sénior et une adolescente que 70 ans séparent. Cette rencontre va changer leur vie à tous les deux, mais également celle des personnes qu'ils vont croiser au cours de leur périple.
D'abord il y a Auguste, 85 ans au compteur, veuf inconsolable, en phase terminale d'un cancer. Simon, son fils unique de qui il était très proche enfant, s'est éloigné irrémédiablement et ne se préoccupe que peu de son père. Il vient de réintégrer la maison familiale de
Saint-Germain avec son adolescent mutique et son épouse à qui il délègue tout, même le fait de vouloir placer « le vieux » en Ehpad. Parmi sa famille, Auguste se sent pourtant encore plus seul qu'avant, démuni de sa maison, de son jardin, de sa liberté et de sa tranquillité.
Et puis il y a Philomène, surnommée « Mon Phénomène » par Auguste, adolescente de 15 ans, perdue, orpheline de mère à la suite d'un accident de voiture mortelle. Sa douleur est immense au point de vouloir absolument comprendre comment sa mère est morte, ce qu'il s'est réellement passé : accident ou suicide, voir le lieu du drame pour essayer d'accepter l'inéluctable. Elle n'arrive pas à communiquer avec son père que ce drame a aussi rendu solitaire.
De prime abord, rien ne devait mettre en présence ces deux êtres, si ce n'est un lieu d'habitation proche et un banc dans un parc voisin. L'aventure peut commencer. Voilà le pitch de départ de
Claire Norton, le rapprochement de la jeunesse et de la vieillesse, pour le plus grand bien des deux. Ils vont se découvrir, apprendre l'un de l'autre, et un lien très fort, indéfectible, va les unir à jamais, au-delà de la mort.
Claire Norton a l'art de croquer ses personnages avec minutie et humour, et de nous faire entrer dans leur tête. C'est aussi vrai pour les personnages principaux que pour les secondaires comme Benoit, le père de Philomène, ou encore Aurore, la dernière personne à avoir parler à sa mère sur le lieu de l'accident.
Dans ce nouveau roman où on retrouve avec bonheur la verve et l'écriture fluide et coulante de l'autrice,
Claire Norton aborde encore une fois des sujets d'actualité brûlants comme la fin de vie assistée, l'euthanasie, la mort prématurée d'un parent. Ca parle d'amour filial, d'amour avec un grand A, d'adultère, de la famille, d'amitié, de rapport parent/enfant, de la transmission, de la reconnaissance, de la place des jeunes et des vieux dans notre société, de l'effet du confinement. Toujours avec émotion, parfois sur le fil du rasoir, avec douceur ou violence dans certains propos attribués,
Claire Norton nous amène à réfléchir, comme toujours dans ses romans qui ne sont jamais neutres, dont le fond se mélange avec la forme. Il y a de belles pages sur le courage, sur les premières fois, sur les regrets, et une superbe lettre d'adieu d'Auguste à son fils Simon, pleine de vérités, l'émotion est à fleur de peau, il est difficile de retenir ses larmes, on est touché !
Bravo pour ce dernier roman qui rejoint les précédents dans mon coeur, et merci
Claire Norton de nous provoquer autant d'émois à chaque fois.