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Critique de Soleney


Ce qui me marque le plus dans les oeuvres d'Amélie Nothomb, ce sont les dialogues. Piquants, pleins d'humour et parfois spirituels, ils sont la grande force de son écriture.
Et justement, dans Hygiène de l'assassin, ils constituent les trois quart du livre. Car Pretextat Tach (mon Dieu, mais où trouve-t-elle ces noms… ?) est un auteur qui subit les interrogatoires de cinq journalistes – normal, donc, que le dialogue soit au centre. Normal, mais quand même un peu lourd. J'aurai aimé avoir un peu plus de narration. Certes, il est très important de jouer sur ses points forts, mais rien n'empêche de renforcer ses points faibles…

Comme souvent, dans les histoires de cette auteure (enfin, souvent… Recontextualisons : je n'ai lu que quatre ou cinq livres d'elle), l'intrigue a pour coeur une opposition entre deux mentalités radicalement différentes, deux protagonistes qui s'affrontent sur un sujet bien particulier (ici, la notion d'assassinat et la perception de la femme par l'homme). le dialogue est donc la trame de l'oeuvre, et les arguments en sont les rebondissements. Dans ce livre s'opposent un écrivain revêche, misanthrope et misogyne qui a des notions pour le moins particulières de vie et de mort, et une journaliste caractérielle qui sait ce qu'elle veut. Un cocktail explosif ! Comme pour tout ce qu'elle a fait, Nothomb nous livre là une oeuvre divertissante et piquante.

Mais même si elle amène des questions très intéressantes sur ces thèmes (ainsi que sur l'acte d'écrire, sur la vérité, sur l'illusion), pour moi elle ne fait pas de la littérature. Trop de théâtre trop de mise en scène, trop peu de personnages, trop peu de descriptions trop peu de finesse dans l'écriture… Tout au plus, c'est du divertissement – mais un bon divertissement qui prête à réfléchir (et la réflexion est même assez poussée).

Les deux personnages principaux sont pour le moins originaux : Pretextat est quelqu'un de très ambigu qui suscite à la fois la sympathie et l'agacement du lecteur. Extrêmement égocentrique, il adapte la vérité et le passé à son avantage, ridiculise les petites gens et s'attend à ce que tout lui tombe du ciel. Ne cherchez pas : il a raison. Quand on rencontre ce genre de personne dans la vraie vie, c'est très agaçant, mais dans la littérature, curieusement, cette dimension culottée donne du charme au personnage. Mais ça, ça n'arrive que dans la fiction…
Nina (oh… un prénom du calendrier), elle, est quelqu'un que je qualifierai de « normal », c'est-à-dire de sain d'esprit. Elle pense à peu près comme vous et moi, mais a un sacré petit caractère ! Ce n'est pas un personnage qui se laisse marcher sur les pieds.
Au final, on peut dire que c'est une opposition entre normalité et anormalité, entre pensées logiques et reconnues et pensées originales et macabres. C'est donc assez restreint, comme oeuvre (beaucoup sont plus riches et mériteraient plus de reconnaissance), mais il faut croire que la recette fonctionne puisque les livres de Nothomb marchent si bien. Pour ma part, j'apprécie mais ce n'est pas un coup de coeur. Trop de choses manquent, j'ai l'impression de rester dans le superficiel.
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