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Quand on referme ce livre et qu'on le range dans sa bibliothèque, on se demande à quel point notre passé est ancré en nous.

Bien entendu, nous avons tous et toutes entendu parler de cette génération qui est revenue du Vietnam... de l'horreur qui leur collait à la peau comme le napalm brûlait celle des Viets..

Ces horreurs commises sur des civils, hantant nuits et jours ces jeunes qui, pour la plupart, ont trouvé comme l'absolu "effacement des péchés" dans des drogues aussi dures que cet enfer..

Certains se réfugièrent dans la politique...autre miroir menteur et tout aussi superficiel que ces paradis infernaux.
Le mensonge n'est jamais loin.
Et quand la défaite arrive et que le decorum n'est plus, apparaît alors, dans la pire nudité, la triste réalité et la réelle tristesse...
Le passé jamais oublié mais juste enfoui, refait surface..

O'Brien nous livre, brutalement, une histoire d'une génération qui avait tout pour être heureux que certaines personnes ont envoyé à la boucherie et dont , ces mêmes personnes bien pensantes, ont dénigré à leur retour.

La mère patrie est une tueuse d'enfants. Ne l'oublions pas.
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John et Kate Wade se mettent au vert, au lac des Bois, après une déconfiture de monsieur aux sénatoriales : une affaire plus que troublante a été mise au jour peu de temps avant les élections, ruinant toutes les chances du jeune parlementaire aux dents longues de réaliser son désir d'ascension jusqu'aux présidentielles. Peu de jours après leur arrivée, John se retrouve seul dans le chalet qu'ils ont loué, Kate ayant disparu dans des circonstances tout aussi troublantes. Les recherches se mettent en place, mais elles piétinent : où est passé Kate ? Et qui est vraiment John ?

Par l'intermédiaire d'un retour dans le passé parfaitement mené, nous pénétrons dans les méandres de la vie des Wade, John en tête, sans pour autant réussir à parvenir à avoir des réponses fiables à toutes les questions que l'on peut se poser sur lui, tout comme celles que l'on peut se poser au sujet de la disparition de sa femme : d'hypothèses en hypothèses, de sous-entendus en sous-entendus, de citations en citations, réelles ou imaginaires, censément faire partie de l'enquête, nous sommes noyés sous les informations proposées par le narrateur/enquêteur de ce récit, complètement menés par le bout du nez, ce jusqu'au dénouement franchement ouvert qui ouvre la voie à de multiples embranchements plus ou moins optimistes quant au destin du couple.

Sous couvert de cette enquête policière, qui tend à nous donner des réponses sur la disparition de Kate, Tim O'Brien signe finalement un roman dont la toile de fond, la guerre du Vietnam, d'abord subtilement évoquée, devient le véritable sujet de l'ensemble : traumatismes causés sur ceux qui en sont revenus, exactions qui y ont été faites, l'auteur met en avant deux de ses chevaux de bataille, lui-même vétéran de cette guerre ayant été victime de de ces traumas et spectateur de ces exactions. C'est un roman brillant, qui nous mène vraiment là où l'on ne l'attend pas, mais que l'on suit malgré tout bien volontiers.
Lien : https://www.aubonheurdesmots..
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Un couple, John et Kathie Wade passent quelques jours de vacances dans un coin perdu du Minnesota au bord d'un lac . John, gouverneur du Minnesota tente de se remettre de sa lourde défaite électorale après la révélation d'événements qui l'ont fait perdre alors que sa victoire était assurée : Ancien soldat ayant combattu au Vietnam, il a fait partie d'une compagnie qui a exterminé sauvagement des villageois, cet épisode a été soigneusement tu.

Au bout de plusieurs jours tranquilles, Kathy disparait, le bateau de la villa n'est plus dans le hangar et tout porte à croire quelle s'est perdue dans le dédale des lacs.

Deux récits s'entremêlent, on pourrait même dire s'entrechoquent : celui des recherches de Kathie et celui beaucoup plus torturé des pensées et des souvenirs de John.

"Parmi les disparus, comme parmi les morts, il n'y a que la fluctuation du possible .
Peut-être un paradis, peut-être pas."

Cet homme est foncièrement un manipulateur très doué , ne dit-il pas en parlant de politique où il excellait :
"La politique , c'était de la manipulation. Comme un spectacle de magie: ficelles invisibles et trappaes secrètes."
Manipulation aussi lorsqu'il évoque ses souvenirs de guerre ? le lecteur est laissé maitre de croire ou pas son récit . Il oscille entre les vérités , des demi-mots esquissés, une tromperie habilement montée ...
C'est très habile de la part de l'écrivain mais laisse un sentiment de malaise d'autant plus que Tim O'Brien est un vétéran de la guerre du Vietnam et que on ne sait jamais quelle part de son expérience intervient dans ce récit.

Assez glaçant en vérité !
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Grâce à un impur hasard, j'ai commencé la lecture de Au lac des bois comme je terminais de regarder sur Arte les 9 volets de la plus passionnante, complète et pédagogique fresque documentaire jamais réalisée sur la guerre du Vietnam, due à Kenn Burns et Lynn Novick, dans laquelle Tim O'Brien intervient pour témoigner sur des images d'archives où on le voit, lui et tous ses frères d'armes au combat.


Dans le roman, John Wade, après son retour du bourbier, un homme en ruines ayant perdu le contact avec une partie déterminante de lui-même, absent, ni là ni ailleurs, s'engage en politique après avoir achevé ses études d'avocat. Il est élu sénateur du Minnesota pour ne pas ressembler à de nombreux vétérans clochardisés qui dorment sous les ponts, méprisés par leurs compatriotes, oubliés du pouvoir, gommés de l'Histoire. Mais lors de sa réélection, il est balayé par l'opinion publique sous le choc de la révélation du massacre de My Lay perpétré par la Compagnie Charlie, le 16 mars 1968, au cours duquel entre 200 à 500 civils selon les sources, vieillards, femmes, enfants, bébés, ont été égorgés, sodomisés, violés, éventrés, énucléés, scalpés, abattus comme les chiens, veaux, vaches, poulets de la pauvre communauté... Or John Wade/Tim O'Brien, dans la vie comme dans le roman était là, témoin des exactions. Voilà sa réputation politique flinguée, sa carrière foutue. Avec sa femme Kathy, avec qui il a cru pouvoir construire un bonheur post-traumatique, il se réfugie au bord du Lac des Bois. Mais un matin, Kathy disparaît, le bateau n'est plus amarré au ponton...


Il s'agit d'un roman d'une puissance exceptionnelle, dans lequel la part de fiction rend la réalité de la guerre plus grave, horrible, lui donne une netteté saillante, vivante. En alternance, John Wade parle de son enfance, il voulait être magicien, prestidigitateur ; il évoque sa vie sentimentale ; il incruste des citations d'écrivains ; des extraits authentiques de dépositions faites en cour martiale, qui après des bruits d'enquête, des blagues inquiètes et des rires forcés n'a retenu comme seul coupable du massacre, que William Calley, condamné à trois ans d'assignation à résidence.


Qu'est-il arrivé à Kathy ? Que s'est-il passé ? Qui le saura jamais ? En tout cas, comme prévient l'auteur, si l'on veut connaître la vérité, il faut lire un autre roman. Ici, plusieurs hypothèses sont émises par un homme en pleine confusion mentale et délitement moral, une âme perdue, brouillée avec la réalité du monde. Il porte des fardeaux, se mure dans le silence, cache une histoire démoniaque aux autres et à lui-même, escamote, verrouille et truque sa vie. Il cherche l'oubli ou trahit le présent à chaque bouffée d'air tirée de la bulle d'un passé pourri. N'est-il plus qu'un esprit serpentant à travers le dernier mécanisme d'une dernière illusion magistrale pour s'auto-persuader que cela n'a pas existé, comme un magicien fin manipulateur sait tromper son public. Et si la vérité était inaccessible ? Et si tous les secrets ne menaient qu'à l'obscurité, et si au-delà de l'obscurité, il n'y avait que des peut-être ? L'épilogue est d'une beauté à couper le souffle.
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Au lac des bois.
Tim O'Brien (traduction Rémy Lambrechts)

Au lac des bois dans le Minnesota il fait bon se baigner, prendre un apéritif sur la terrasse, boire un café en lisant le journal.
Au lac des bois il fait bon vivre.
Surtout après l'échec cuisant de John Wade aux élections sénatoriales…
C'est dans ce paisible endroit qu'il compte reprendre des forces avec sa femme.
En profiter pour se redécouvrir, redevenir amoureux l'un de l'autre.
Mais un drame survient qui leur ôtera toutes possibilités : au petit matin Kathy à disparu ainsi que le bateau dans la grange.
Pendant des mois les autorités, la famille et John vont chercher Kathy encore et encore ne trouvant aucun indice.
Que s'est-il donc passé au lac des bois ?
Le sauront nous jamais ?

Un roman très étrange qui oscille en permanence entre la vie réelle au lac et les souvenirs d'enfance et surtout de guerre du Vietnam de Wade.
Je reconnais bien dans ce roman les « obsessions » de Tim O'Brien découvertes dans « Ce qu'ils emportaient ».
John Wade s'est enfermé à double tour dans ses souvenirs les plus horribles et il a jeté la clé.
Le style est particulier car on trouve des articles de journaux, des témoignages de personnes qui l'ont connu enfant puis des camarades de l'époque du Vietnam.
Petit à petit j'ai compris que je ne comprendrais pas tout de ce roman.
Beaucoup d'hypothèses et au final c'est à nous de choisir celle qui nous convient le mieux.

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Roman d'analyse psychologique mais celle-ci ne conduit pas ici à la clarté; au contraire; le mental en déséquilibre est un dédale semé de gouffres. le personnage central de cette histoire d'amour et de mort, un politicien avide de pouvoir et dont la carrière se trouve soudain brisée, tente de s'expliquer à lui-même, de découvrir sa propre identité, et ne débouche que sur la démence. Sa femme l'a-t-elle quitté? S'est-elle suicidée? L'a-t-il assassinée? Au réalisme simpliste de ces questions se substituent les méandres de l'incompréhension. Roman puissant, insolite, plein de fièvre.
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Après sa lourde défaite électorale, John Wade part avec sa femme dans un coin perdu du Minnesota pour se remettre de l'épreuve.

John, Kate, leur couple, chacun s'enferme dans un silence, une volonté d'oubli, pour tenir et faire face. L'oubli c'est la technique de John depuis son enfance pour faire face à l'adversité . Seulement l'oubli ne fonctionne qu'un temps et ces élections ont fait remonté à la surface les drames de la guerre du Vietnam où John fut soldat.

Et puis un jour Kate disparait, fuite, meurtre, suicide, on ne sait et l'auteur nous promène d'une théorie à une autre.

En général j'apprécie moyennement les romans à plusieurs voix, ceux mêlant des documents et encore moins ceux dont la fin n'est pas "terminée" et ici il y a tout! J'aurais du détester ce roman, ce n'est pas le cas car tout est bien dosé, le suspens savamment maintenu et entretenu.

Un roman étrange et prenant
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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J'ai beaucoup aimé ce roman et l'ai dévoré quasi d'une traite !
Le roman alterne entre les souvenirs, abominables, terrifiants, du "héros", John, de sa Guerre du Vietnam; et la disparition de sa femme, Kathy, au bord du lac des Bois à la frontière entre le Minnesota, le Manitoba et l'Ontario.

Ambiance bizarre. Envoutante.

Superbe roman, à l'écriture assez originale.
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Au lac des bois de Tim O'Brien
Paru chez Gallmeister

Premières phrases : « En septembre, après la primaire, ils louèrent un vieux cottage jaune dans la forêt au bord du lac des Bois …'

Peu après sa cuisante défaite aux élections sénatoriales, John propose à Kathy sa femme de s'éloigner un peu de la vie publique et de se reconstruire petit à petit dans un endroit calme et isolé perdu au bord du lac des Bois dans le Minnesota.
Ils reprennent pied tout doucement, se ré-apprivoisant et envisageant un avenir différent, lorsqu'un matin au réveil John constate l'absence de Kathy et de leur petit bateau, il l'attendra des heures … en vain.
S'est-elle perdue ?
S'est-elle noyée ?
L'a-t-elle quitté ?
Voisins, policiers, famille mèneront l'enquête, ratissant le lac et ses alentours, fouillant dans chaque bras formés par les eaux, sur chaque ilots,…
Au fond … qui est vraiment John dont le passé choquant a refait surface …
Un roman mystérieux, où les pistes se multiplient, se croisent pour mieux nous perdre.

Attention lecteur, certains passages de texte sont difficiles à lire non par la forme mais par le fond.

Emma aime :
-Comme toujours l'ambiance des textes publiés chez Gallmeister
-le mélange des genres
- ce questionnement permanent.


Lien : https://www.instagram.com/le..
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Il s'agit, à première vue, d'une histoire simple : John voit sa carrière politique brisée, définitivement. Lui et sa femme, qui lui a tout sacrifié, ont eu besoin de se mettre au vert, au fin fond de l'état dont il voulait être le sénateur. Ils sont tous les deux dans un endroit isolé, près d'un lac : de nombreux locataires sont venus se reposer en ces lieux. Mais, un matin, un après-midi, au beau milieu de la nuit, on ne sait pas au juste tant John a mis du temps à s'apercevoir que Kathy n'était pas simplement partie en promenade, Kathy disparaît. Un bateau a disparu avec elle. L'a-t-elle pris ? Si oui, où peut-elle être ?
Le récit est rétrospectif, et c'est un narrateur anonyme, à la première personne, qui semble enquêter quelques temps après. Il recueille les confidences de la famille, des proches, des témoins aussi. L'un des enquêteurs a une certitude, se fiant à son intuition, ses impressions. Les autres aussi ont leur idée sur la question, qu'ils s'appuient sur les circonstances de la disparition de Kathy, sur ce qui s'est passé après, ou sur leur connaissance du passé de John.
Le sujet principal de ce livre, outre la soif de se réaliser à travers la politique, est la guerre du Vietnam, cette guerre dont on a besoin de parler, qu'il ne faut pas oublier. Déjà, à l'époque, les Etats-Unis se voulaient les sauveurs du monde et envoyaient au Vietnam des jeunes gens qui en sont revenus irrémédiablement changés – quand ils en sont revenus. Pas de romantisme, pas de sensationnalisme non plus : le récit est au plus près des faits, comme un reportage journalistique. C'est d'ailleurs ce que semble être le narrateur, qui est passé par les mêmes lieux que John, un an après les faits. Les faits ? le massacre de deux cents à cinq cents civils à My Lay, par la compagnie Charlie, compagnie à laquelle appartenait John.
John, depuis sa jeunesse, se tient sur un fil ténu. Il a fait avec, avec un père alcoolique, déprimé, qui passait le plus clair de son temps à le rabaisser. Il a fait avec une femme qu'il aimait – Kathy – dont il n'a jamais respecté les désirs. Il a fait avec ce qui s'est passé au Vietnam, qu'il a fait disparaître de son esprit, comme si, tant que l'on n'en parlait pas, cela n'avait jamais existé. Il a passé tant de temps à concilier sa réalité avec la réalité qu'il ne sait même plus lui-même ce qui s'est passé au lac des bois, pas plus que le lecteur ne saura réellement ce qui s'est passé. A lui, parmi toutes les versions qui sont proposées, toutes les pistes qui ont été suivis, de choisir celle qui lui convient le mieux, entre noirceur et espoir mince.
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