AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Perlaa


Perlaa
05 septembre 2020
Reconvertir un élevage de vaches en un élevage de bisons dans les Grandes Plaines du Dakota. Tel est le défi que doit relever Dan O'Brien pour la survie financière de son ranch. Mais la dimension de ce récit est dans la philosophie présidant au choix, dans la démarche suivie de respect des habitats naturels.
Le ton du récit est celui d'un journal où l'on suit attentif chaque étape, chaque décision, chaque questionnement, chaque achat de bisons, où l'on côtoie chaque partenaire.
Dan O'Brien a dû repartir de zéro, se réinventer, pour employer un terme à la mode, et surtout mettre les mains dans le cambouis. Il nous raconte aussi bien les travaux du ranch, les caractéristiques des animaux que la construction des clôtures, le transport du bétail ou encore les investissements financiers permanents. Calculette en mains il jongle au quotidien avec l'angoisse de ne pas tomber dans le rouge. Ce qui le guide c'est la force de sa conviction et sa passion pour le bison adapté à son milieu.
Biologiste de formation il privilégie le retour à un élevage loin des dérives scientifiques et industrielles de l'agriculture américaine. O'Brien nous fait part de ses incertitudes, de ses découragements, des incompréhensions qu'il rencontre quand le rancher moyen des Grandes Plaines, maillon d'un système, pense plutôt rentabilité et business.
Cette autobiographie étalée sur deux années est écrite avec honnêteté sans langue de bois. Elle n'épargne ni les tenants de l'élevage intensif perçu comme un simple centre de profit, ni le surpâturage destructeur des prairies, ni les erreurs des générations précédentes, ni l'extermination des bisons du siècle précédent et encore moins l'importation de nos valeureuses charolaises ravalées au rang de peintures sur le paysage, indécrottables ongulés incapables de s'acclimater au rigoureux climat des Grandes Plaines.
La commercialisation de la viande de bison est abordée brièvement, non sans gêne, comme une étape incontournable.
Le récit évite l'écueil d'un trop grand professionnalisme. Ce n'est pas un manuel de savoir-faire à l'usage des futurs éleveurs. C'est une oeuvre équilibrée attachante qui suit le rythme des saisons, sans temps mort où la vision d'ensemble et la finalité de l'entreprise l'emportent.
Contrairement à ses congénères de Tom McGuane à Jim Harrison, ayant troqué leur habit de citadin pour le Stetson de l'Ouest américain, Dan O'Brien n'a pas déserté un jour la ville. L'amour de la prairie et la révélation de son choix de vie il les a eus dès l'enfance et l'acte d'écrire a été le corollaire indispensable.
Face à l'échec de l' « autoroute dorée [où] ceux qui possédaient une vache sont venus s'écraser sur le pare-brise de cette économie en roue libre» Bison futé lui a intelligemment conseillé d'emprunter les itinéraires bis.

Commenter  J’apprécie          200



Ont apprécié cette critique (20)voir plus




{* *}