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Critique de LadyDoubleH


La nouvelle n'est pas mon format de prédilection – mais en fait je crois que c'est un peu comme pour les artichauts : quand j'en mange je me régale, mais spontanément je n'ai jamais envie d'en manger.

Du coup, lorsque les blogueuses Hop sous la couette ! et The flying Electra ont proposé un challenge « Mai en nouvelles » (#maiennouvelles sur instagram), j'ai sauté sur l'occasion. Bon, résultat, je publie ma première chronique le 4 juin… hum hum. Mon mois de mai ne m'a pas laissé faire exactement ce que je voulais.

Les âmes égarées comporte sept nouvelles et une novella. Je préfère le titre original, Where have you been ?, plus fidèle au contenu je trouve, moins pompeux peut-être, plus en prise avec l'autre, l'absence, le manque. L'Irlande est au coeur de chacun de ces textes. Plutôt Dublin, voire même le petit port de Dun Laoghaire. Si elles ne s'y situent pas, elles mettent en scène, à Londres (Le feu de la jeunesse) ou à New-York (le très émouvant Orchard Street, à l'aube), des émigrés irlandais. Certains des textes ont été publiés précédemment ailleurs, et retravaillés pour ce recueil-ci, par exemple Couleur octobre, dans laquelle j'ai immédiatement reconnu un des chapitres de Finbar's Hotel.

Autre constante, les personnages abîmés, les séparations, les pertes, les désillusions. Des morts aussi parfois, effectives, annoncées, programmées… Certes, il vaut mieux ne pas avoir trop le moral en berne pour plonger dans ce recueil, mais Joseph O'Connor ne tombe jamais à plat dans l'abîme. Avec ce style qu'il partage avec les plus grands, il pose habilement chaque histoire, le décor et les personnages, en seulement quelques coups de plume. Des êtres toujours ancrés dans un contexte humain précis, si ce n'est historique. Puis il raconte, le banquier interné en hôpital psychiatrique pour dépression aggravée pendant la crise financière (Un garçon bien-aimé), un match de foot mémorable entre Angleterre et Irlande commenté pendant un mariage anglo-irlandais (Le feu de la jeunesse), l'homme dont le grand-père a travaillé sur le chantier de construction de la digue de Dune Laoghaire (Wexford Girl). Souvent ces nouvelles ont même plusieurs axes qui s'articulent pour nous surprendre. du côté sombre, la maladie, la mort, l'exil, la crise. du côté de lumière, les même parfois (je pense à l'amour et la famille), d'autres aussi, l'espoir, l'amitié, le choix, la famille. Des histoires percutantes.

Deux seulement de ces nouvelles m'ont laissé sur le côté, je n'ai pas bien saisi où il voulait en venir, le figurant sur la photo et Deux petits nuages. Cette dernière étant écrite en miroir d'Un petit nuage de Joyce, il faudrait que je la relise peut-être pour comprendre.

Sinon, toutes m'ont plu. Je me souviendrai particulièrement du côté trash du feu de la jeunesse, dont j'ai trouvé intéressant le contraste des points de vue de la jeunesse irlandaise d'aujourd'hui sur la question de l'IRA. Mort d'un serviteur de l'état est admirablement construite et plutôt glaçante. Couleur octobre nous propose un très beau portrait de femme. Orchard Street, à l'aube, entre glas de la vie et des espoirs déçus. Wexford Girl, quand l'amour fait mal mais n'empêche pas de rire, et la novella Un garçon bien-aimé m'a agrippée jusqu'au bout.

Un recueil à découvrir !

« Un mot peut vous transpercer le coeur comme une balle. Mais une balle vous traverse, alors que le mot reste. Il demeure dans votre coeur jusqu'à le faire tourner à l'aigre. »

(et au fait, il y a aussi de l'humour, dans ce recueil !
« — Comment dit-on « espèce de gros connard », en gaélique ?
— Oh ça, c'est facile : « Anglais » »)
Lien : https://lettresdirlandeetdai..
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