AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de TheWind


J'aime les histoires d'amour impossible. Parce qu'elles sont souvent les plus poignantes, les plus haletantes.
Et c'est ce qui m'a attiré quand j'ai lu la quatrième page de couverture de « Muse ». Molly est pauvre, belle, rebelle et comédienne. Elle n'a que dix-neuf ans. John a trente-sept ans et c'est l'un des plus grands dramaturges irlandais.
Face à eux, l'incompréhension, le dédain....et je cite cette phrase de l'éditeur : «  Leur passion aurait-elle pu résister au poids des conventions à l'hostilité de leurs proches ? »
Une quatrième de couverture bien aguicheuse ! Alors, forcément, la simple et faible lectrice que je suis a plongé !

Ce fut tout d'abord la déroute. L'emploi de la deuxième personne du singulier.
Voici les premières phrases du roman. «  Au dernier étage de la demeure délabrée, de l'autre côté de la petite rue, la lumière a brillé toute la nuit. Tu la voyais depuis ton lit chaque fois que tu te retournais vers la fenêtre pour prendre la bouteille, par terre. »
Mais qui parle à qui ??
Bon, ce n'était pas trop difficile à comprendre finalement. Au bout de deux ou trois pages, j'ai pris mes repères, et j'ai suivi la « voix » de Molly. Car, selon moi, il s'agissait bien de la voix de Molly Allgood, de son nom de scène Maire O'Neill, qui s'adressait à elle-même de façon à la fois caustique et tendre.C'est cette petite voix intérieure qui m'a traînée, emportée, ballottée, remuée et promenée sur les chemins de la vie de John Millington Synge et de sa muse Molly.
J'avoue que j'ai souvent eu le sentiment de m'être perdue. C'est qu'il n'est pas facile à suivre le fil des pensées de l'actrice vieillie, ivrogne et tombée bien bas, cinquante ans après sa rencontre avec Synge. Et si les méandres de ses souvenirs me parurent parfois ardus à suivre, il n'en reste pas moins de jolis instants de poésie. J'ai aimé parcourir le comté de Wicklow, savourant les moments de solitude et d'intimité des deux héros, dans la sauvage campagne irlandaise. J'ai aimé leur doute, leur désarroi, face à cet amour qui ne les mènerait nulle part, mais aussi leurs échanges légers, à la fois courtois, tendres et bourrés d'humour. J'ai aussi aimé le regard que Molly pose sur les gens et sur la vie. Un regard lucide, qui se veut détaché et malicieux, mais qui n'en reste pas moins imprégné de regrets et de tristesse lancinante.

On ne peut pas dire que j'ai eu un réel coup de coeur pour ce roman mais il est une belle surprise, en ce sens où je ne m'attendais pas du tout à ce style d'écriture. J'en ai même oublié le but premier de ma lecture, qui était, je vous le rappelle, de suivre une histoire d'amour impossible. Ce roman est bien plus que cela.. Il est comme un vieux journal intime dont on tourne les pages de façon désordonnée, s'immobilisant sur un passage marquant, puis relevant la tête vers la fenêtre parce qu'il pleut dehors pour finalement écraser une larme, le regard perdu sur les derniers mots.
Commenter  J’apprécie          230



Ont apprécié cette critique (22)voir plus




{* *}