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Citations sur Leonora Kean, tome 1 : Chasseuse d'âmes (16)

— Je meurs de faim, c’est quoi ? demanda-t-il avant que je ne pose le plateau devant lui.

— Blanc de poulet et haricots verts.

— Tu veux ma mort ou quoi ?

Ariel n’avait pas peur des nosferatus, des loups géants, des démons, des,Vikaris, des assassins, du noir, d’être blessé, d’être torturé, de mourir, bref, il n’avait pas peur de grand-chose à l’exception des légumes verts. Il avait dû subir un traumatisme dans sa petite enfance, sa mère avait dû le forcer à avaler des épinards, des choux de Bruxelles ou un truc du genre parce qu’il fuyait en courant dès qu’il apercevait l’un d’entre eux.
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— Surveille tes paroles. N’oublie pas où tu te trouves. Tu es dans mon royaume et ta chère Akhmaleone ne peut plus rien pour toi désormais.
— Akhmaleone est partout, me fit-elle remarquer d’un ton acerbe.
Question : est-ce que tous les fanatiques devenaient forcément stupides ou était-ce parce qu’ils étaient stupides qu’ils sombraient aussi facilement dans le fanatisme ? Franchement, je n’en avais aucune idée mais une chose était sûre :

Atyma en tenait une sacrée couche.
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— Leonora ! hurla grand-mère les yeux étincelants de colère en accourant vers moi. Qu’est-ce que tu fais ? Ne me dis pas que…
— C’est elle qui m’a dit de faire un trou ! me défendis-je en pointant Olivia du doigt.
Cette dernière se tenait une trentaine de mètres plus loin, aux côtés des fillettes, et fixait d’un air hébété les dégâts que je venais de causer à leur précieuse forêt.
— Un trou ? Tu appelles ça un trou ?!!!
Je ne savais plus où me mettre. Le village et la forêt avaient beau être protégés par de nombreux sortilèges, ils n’étaient peut-être pas assez puissants pour étouffer totalement le bruit et les dégâts que je venais de provoquer. Or, ce que les Vikaris détestaient par-dessus tout, c’était attirer l’attention des humains.
— Depuis le début, je n’ai cessé de lui répéter que je n’étais pas comme vous, que je n’étais pas une sorcière, que je ne savais pas conjurer la magie de la Terre, mais elle ne m’a pas crue. Tu vois le résultat ?
J’entendis une sorte de grand murmure puis quelques rires fuser parmi les Vikaris qui avaient accompagné grand-mère. Je leur jetai un regard étonné en me demandant ce qu’elles trouvaient de si amusant avant de reporter mon attention sur Anthéa.
— Mamie, je sais que tu m’en veux d’avoir abîmé… enfin d’avoir créé encore des ennuis, mais je ne voulais pas, j’avais dit à Olivia que je n’avais pas assez de pouvoir pour…
— Pas ASSEZ de pouvoir ?! s’égosilla grand-mère au bord de l’apoplexie. Pas ASSEZ de pouvoir ?!
— Oui, enfin, là, j’ai… je ne sais pas trop ce qu’il s’est passé, mais…
J’inspirai profondément et ajoutai en grimaçant :
— Olivia aurait tué l’une des petites si je n’avais pas réussi à faire son machin…
Grand-mère haussa les sourcils.
— Son « machin » ?
— Oui, mais je ne recommencerai plus, promis.
Grand-mère leva les yeux au ciel et se tourna vers Olivia qui s’était discrètement approchée de nous.
— Que s’est-il passé ? Pourquoi ne m’as-tu pas dit que Leonora possédait un tel pouvoir ?
— Mais parce que je l’ignorais jusqu’à aujourd’hui, répondit Olivia.
Grand-mère lui jeta un regard incrédule.
— Comment est-ce possible ?
— Elle avait érigé de solides barrières mentales, Gardienne, expliqua Olivia.
— Aucune barrière ne peut endiguer l’appel d’un élément, lui fit remarquer grand-mère.
— Les siennes le peuvent, affirma Olivia.
Grand-mère me scruta d’un air peu avenant.
— Tu as fait ça, Leonora ?
— Fait quoi ?
— Tu as bloqué l’appel de la magie ?
Je n’avais rien fait de tel. J’avais simplement conditionné mon cerveau depuis l’enfance à ignorer toutes les sensations que je ressentais chaque fois que je touchais de la terre. D’abord, parce que ça provoquait des picotements désagréables sous la langue et ensuite parce que ça me brûlait à l’intérieur et que je n’aimais pas ça. Et elles avaient simplement fini par disparaître.
— Je n’ai rien bloqué du tout. En tout cas, pas volontairement. Et quelle importance ? Ce fichu pouvoir répond une fois sur cent mille, alors… Je te l’ai dit, ne perdez pas votre temps à enseigner la magie élémentaire à quelqu’un comme moi, c’est ridicule.
Grand-mère ferma les yeux comme si elle prenait sur elle pour ne pas hurler.
— Grand-mère ?
Elle inspira profondément et me toisa.
— Tu es stupide ou tu le fais exprès ?
— Quoi ?
— Ta mère est au courant ?
— De quoi ?
— Que tu limites volontairement tes pouvoirs depuis toutes ces années ?
À vrai dire, maman m’avait « testée » quand j’étais enfant et au début de mon adolescence, mais toutes ces tentatives s’étaient révélées infructueuses. Et les deux fois où ça avait marché, j’avais légèrement fait trembler le sol et cassé un vase ou j’avais créé un minuscule éboulement et deux petites pierres étaient tombées sur la voiture. Je m’étais fait sacrément disputer et maman avait dit que j’étais une véritable catastrophe et qu’il valait mieux en rester là. Elle avait sûrement raison puisque le pouvoir ne s’était jamais manifesté depuis.
— Je te l’ai dit, je ne « limite » rien du tout. Je ne suis simplement pas douée, la preuve…
Grand-mère se massa les tempes comme si elle avait la migraine.
— Rentre à la maison.
— Hein ?
— Disparais avant que je ne t’étrangle.
Au vu des circonstances, fuir ne me semblait pas une mauvaise idée mais…
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-Achève-les. 

-Quoi ? 

-Elles ont enfreint les ordres et perdu leur combat, expliqua grand-mère. Or, on ne peut à la fois être indisciplinée et incompétente. Tue-les. 
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— Je n’ai jamais dit que j’étais une sainte, soulignai-je en faisant maladroitement tomber des fragments d’os au sol, je dis simplement que je refuse de devenir un monstre.
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« — Détendez-vous, elle ne va pas vous manger, lui fis-je remarquer, amusée.
Le rouquin regarda grand-mère de biais et grimaça.
— Vous savez, de nombreuses histoires circulent sur le clan de votre grand-mère. L’une d’elles raconte que les Vikaris ont un jour trouvé un sanglier-garou espion sur leur territoire, qu’elles lui ont lancé un sortilège pour l’empêcher de reprendre forme humaine, qu’elles l’ont ensuite fait bouillir comme s’il s’agissait d’un vulgaire animal et qu’elles l’ont ensuite mangé avec une sauce grand veneur.
Je m’esclaffai.
— Vous ne croyez tout de même pas cette histoire ? Je veux dire, elle est…
— Parfaitement exacte, termina grand-mère, à un détail près : il ne s’agissait pas d’une sauce grand veneur mais d’une sauce aux champignons.
J’écarquillai les yeux tandis que le brun musclé accélérait le pas et que le rouquin me lançait un regard qui signifiait : « Voyez, qu’est-ce que je disais ? »
— Au temps pour moi, dis-je au muteur avant de me tourner vers grand-mère. Tu sais, mamie, je pensais à un truc : les chamans organisent des espèces de séminaires super chouettes pour apprendre à gérer ses pulsions violentes, ça te plairait si je te réservais une place pour assister à l’un d’eux ? Je te paie l’avion, le séjour et tout et tout pour ton anniversaire, t’en dis quoi ?
Elle me décocha un regard noir.
— Bon d’accord, pas la peine de t’énerver, je t’offrirais un sac ou un foulard et pis c’est tout.
— Pas de sac, un cabas pour pouvoir y ranger ma laine et mes aiguilles à tricoter, répondit-elle avant de se remettre à marcher.
Le domaine du château était immense, il s’étendait sur deux centaines d’hectares et le pavillon de chasse se trouvait à l’extrémité de ce gigantesque terrain entièrement boisé.
— Mais tu en as déjà plusieurs, lui fis-je remarquer.
—On n’a jamais assez de cabas, rétorqua grand-mère.
Le rouquin haussa les sourcils en me murmurant :
— Elle tricote ? Je veux dire, elle tricote vraiment ?
— Oh, elle égare parfois ses aiguilles dans l’œil ou la tête de quelqu’un mais elle tricote vraiment, ouais, répliquai-je. »
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— On ne t’a jamais dit que c’était pas beau de cafter ?
À ma grande surprise, elle s’esclaffa et répondit avant de s’éloigner :
— Une chef de la garde ne « cafte pas », elle fait son rapport !
— Ouais, ben, c’est pareil ! Elle dut m’entendre parce que j’entendis son rire redoubler d’intensité.
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Si tu n'affrontes pas tes peurs en face, elles finissent toujours par te mordre les fesses
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- Je me suis livrée à une petite expérience...
- Une expérience ?
- Oui, et j'en ai conclu qu'avec ou sans balai, les sorcières ne savent pas voler.
- Ta mère va être furieuse
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- Ça veut dire que tu es un mélange déconcertant de naïveté et de maturité, de douceur et de cruauté, de sensibilité et de froideur. On ne sait jamais sur quel pied danser avec toi, c'est assez déstabilisant.
Je lui décochait un regard noir.
- En gros, tu me dis que je suis atteinte de graves troubles de la personnalité ?
- Léo, tu viens de tuer sept personnes sans tiquer, mais tu sautilles nerveusement d'un pied sur l'autre et tu te mets dans tous tes états parce que tu es terrifiée à l'idée de dîner en tête à tête avec ton père. Crois-moi, mon ange, tu es une véritable énigme, même pour moi.
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