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Critique de cuisineetlectures


L'écriture envoutante de Joyce Carol Oates ne laisse pas de répit au lecteur, "Les chutes" est le portrait d'Ariah qui semble sortir d'un tableau de Modigliani, avec sa silhouette longiligne et ses cheveux roux tenus en un chignon fragile. Mais ne vous y trompez pas, c'est un solide bambou déguisé en coquelicot balloté par le vent. On découvre Ariah dans les années cinquante, à trente ans, le lendemain matin de sa nuit de noces. Elle s'est mariée ainsi que son mari pour plaire à leurs parents. Lui n'a pas pu supporter plus longtemps cette situation et il s'est jeté dans les chutes du Niagara.

Durant une semaine, hagarde et foudroyée par le malheur elle attend avec obstination que l'on retrouve le corps de son mari. Dick Burnaby, un avocat, complètement fasciné par cette femme surnommée « la veuve blanche » par la presse, va la demander en mariage. L'ex vieille fille mal dans sa peau et le play-boy, riche héritier, forment un drôle de couple !

Le début de leur union sera passionné. Mais Ariah croit porter en elle une malédiction. Dès lors, elle s'enferme dans une certitude qui lui tient lieu de religion avec son cortège d'interdits qu'elle s'impose à elle-même comme à ses enfants. C'est une femme intransigeante, tout à la fois manipulatrice et faible.
Elle vit dans une bulle et ne veut pas voir le monde extérieur, ne pas perdre la face. Elle semble vivre dans une sorte de torpeur, elle piétine son bonheur la tête haute, seule la musique et son piano lui permettent de se relâcher un peu, si peu…

Ses sentiments sont ambigus, c'est une mère castratrice et c'est la maitrise de son image qui dicte en permanence son comportement…pour conjurer le mauvais sort. Pourtant, Dick Burnaby, son second mari est un homme attachant, complexe lui aussi, qui mènera un combat admirable mais voué à l'échec. Ariah n'a pas appris à aimer. Ni lui, ni leurs trois enfants.

Joyce Carol Oates nous fait rentrer dans l'intimité psychologique des personnages grâce à des descriptions physiques et psychologiques troublantes. On pénètre l'âme tourmentée des personnages tout au long de leurs chutes vertigineuses jusqu'à une possible renaissance…

Un roman saisissant.
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