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Citations sur Poèmes d'amour désespéré (10)

MÉMOIRE DES PLUIES
     
Combien de fois les pluies de l’aube m’emportèrent
en rêve sur leur chemin lentement et heureuse,
vers le cristal des champs, entre des files de pins,
recherchant les bienfaits d’une lumière étonnante;
     
Combien de fois les ai-je vues revenir aux fenêtres
éteintes, parmi les arbres égarés dans les tumultes
purs de leurs ondes, enlacées aux rubans
du souvenir qui peuple ces murs transparents.
     
Je les entendis, éblouie, frapper sur les lucarnes
avec la suave insistance qui précède les éclairs,
alors que dans le feuillage luisaient les gemmes
liquides où baignent les fleurs et les tiges.
     
Toujours dans ces rumeurs je perçus l’écho d’un piano
qui séduisait le jardin de ses douces distances,
et découvris dans la façon de ces tissages
une profonde serre, bleu ciel en été,
     
Les colonnes et les statues asiatiques d’un temple,
des meutes qui dévalaient au pied d’une pente,
un Mercure entre platanes et senteurs extatiques
qui mouraient en désordre dans la nuit.
     
Je vis dans les trames troubles les déluges antiques
qui enfermaient les arbres, les tours et les hommes,
les villes naissantes et les champs blonds de blé.
dans des tombeaux de boue qui n’avaient pas de noms;
     
Et dans les trames distinctes, seuls, prédestinés,
les noms préférés tournaient en cercle
jusqu’à trouver en dociles mètres amoureux
les vers remémorés, les vers promis.
        
pp. 113-115
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Immortalité

Je suis morte tant de fois, o mon aimé,
d’une douleur insolite dans ma poitrine!
Je suis morte tant de fois dans mon lit
d’obscurité, d’amour désespéré,
que peut-être une mort véritable
me méprisera-t-elle comme ce volubilis
qui sans pitié en vain fut anéanti,
et qui resurgit dans la dure solitude
de ses fleurs rouges en détresse,
dans l’ombre furieuse de ses feuilles.
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Sur le sable

Je voudrais pénétrer dans les profonds reflets,
pénétrer dans la lumière de ces grands miroirs
que la mer forme dans les sables de ses rivages,
et dans leurs profondeurs horizontales, loin,
mourir, vivre à peine.
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LA BEAUTÉ

Ah, qui pourrait expliquer la beauté !

Secrète dans son enveloppe céleste de cristal,

comme un pendule ou un ange sous un globe

qui brille et spontanément nous offre

le bonheur ou la tristesse.

Expliquer la beauté ! Nue, tremblante et dessinée

sur la poussière ou le marbre du temps que de longues

heures assoiffées contemplent, liment, polissent attentives,

comme la douce pierre où se posent les lèvres

de la mer qui traverse les tempêtes.

Schopenhauer n’a pas su la définir et en vain

Platon dans ses Dialogues l’évoqua tant de fois.

Elle tremble comme dans l’eau que l’obscurité scelle,

le parfait reflet d’une aile ou d’une main

ou d’une ancienne étoile.

Ah ! qui pourrait dire de quelles fébriles substances

elle naît, et à quel moment, avec quelles mesures

furent découverts ses visages si pleins de mystérieuses,

fugaces perfections, à l’image des parfums

infondés d’une fleur.
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À un poète

Ah, que la mémoire serait vaine
s’il n’y avait pas de poèmes pour l’aimer,
si ces lyriques enceintes de gloire
ne brillaient pas afin de le garder.

L’amour serait gris, gris et désert.
Ah, comme on perdrait les heures,
avec quelles tristesses dévastatrices
verrions-nous le soleil, le ciel rigide!

Nos peines ne seraient que des peines,
il n’y aurait pas d’enfer dans notre joie en flammes,
ni de temples et de sirènes surgis
de la fidèle senteur des genêts.
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Si en vain je suis maintenant ce que je fus,
comme le sable souple et persistant
où s’efface le pas qui l’aménage,
je n’ai pas assez souffert, amour, à cause de toi.

Ah, si tu ne n’avais donné que de la peine
et non l’infidèle et intrépide joie,
ta cruauté ne me blesserait pas,
ni à chaîne ne serait capable de m’enchaîner.

Je veux t’aimer, non t’aimer comme je t’aime;
être aussi distante que les roses;
telle que l’arbre aux branches de lumière,

ne pas exiger les joies qu’aujourd’hui je réclame;
m’éloigner, me perdre, t’abandonner,
avec ma trahison, te retrouver.
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Anxiété

Ah, je voudrais te voir pour la première fois!
(Comme le ciel se perd entre des rideaux,
des parures, des statues, des vitrines,
dans mon atroce anxiété j’ai peur de te perdre)
Ah, je voudrais te parler pour la première fois
et avec les mêmes délirantes joies,
accourir comme avant, amour, à tes côtés
afin de pouvoir parfaitement t’aimer.
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Tue-moi, splendide et sombre amour,
si tu vois dans mon âme s’égarer l,espérance,
si le cri de douleur en moi se lasse,
comme dans mes mains succombe cette fleur.

Dans l’abîme de mon cœur
tu trouvas un espace digne de ton attente,
en vain de ton ciel tu m’éloignas
laissant en flammes ma désolation.

Contemple la misère, la richesse
de qui connaît toute la joie.
Contemple mon hypnotique tristesse.

Ô toi qui me fis don de l’harmonie!
Je crois sans espérance en ta promesse.
Amour contemple-moi, dans tes bras, prisonnière.
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Prière du rêve

O rêve qui me dérobes tant de vie!
Qui me dérobes un temps si aimé!
Rêve qui m’enchantes, que j’ai cherché
au réveil, que mon amour n’oublie pas.

Hisse très doucement tes rideaux :
dans les jardins de ton obscurité
ne m’intimide pas avec la clarté
d’autres mondes qui brillent dans l’espace.

Ton bonheur est antérieur à tes amours.
Le futur et le passé se rapprochent
sans étonnement dans le temps entrelacé
aux rochers et aux fleurs des déserts.

Avec quelle fidèle sagesse tu conçois
ton magique et inédit argument,
cette essence de vie, ce fragment!
Avec quel amour dans tes chemins tu me reçois!
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Vœu

Je veux d’autres ombres d’or, d’autres palmiers,
d’autres vols d’oiseaux étrangers,
je veux des rues distinctes, dans la neige,
une boue différente lorsqu’il pleut;
je veux l’ardente odeur d’autres bois;
je veux un feu aux flammes singulières,
d’autres chansons, d’autres aspérités,
qui ne sauraient rien de mes tristesses.
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