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EAN : 9782714305961
155 pages
José Corti (13/12/1996)
3.64/5   7 notes
Résumé :
Lorsqu’on lit la poésie de Silvina Ocampo (Argentine, 1903-1993), on se promène dans le jardin circulaire de son enfance ; c’est le soir, avec ses flammes et ses parfums mêlés qui montent de la terre ; c’est l’amour et la mélancolie ; c’est la rivière et ses timbres, les couleurs qui s’y reflètent, s’y répètent altérées à peine, c’est le silence de la sieste ; c’est une transparence palpable, tiède, sensuelle, matière des rumeurs, de l’air, des ombres. Et en réalité... >Voir plus
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
MÉMOIRE DES PLUIES
     
Combien de fois les pluies de l’aube m’emportèrent
en rêve sur leur chemin lentement et heureuse,
vers le cristal des champs, entre des files de pins,
recherchant les bienfaits d’une lumière étonnante;
     
Combien de fois les ai-je vues revenir aux fenêtres
éteintes, parmi les arbres égarés dans les tumultes
purs de leurs ondes, enlacées aux rubans
du souvenir qui peuple ces murs transparents.
     
Je les entendis, éblouie, frapper sur les lucarnes
avec la suave insistance qui précède les éclairs,
alors que dans le feuillage luisaient les gemmes
liquides où baignent les fleurs et les tiges.
     
Toujours dans ces rumeurs je perçus l’écho d’un piano
qui séduisait le jardin de ses douces distances,
et découvris dans la façon de ces tissages
une profonde serre, bleu ciel en été,
     
Les colonnes et les statues asiatiques d’un temple,
des meutes qui dévalaient au pied d’une pente,
un Mercure entre platanes et senteurs extatiques
qui mouraient en désordre dans la nuit.
     
Je vis dans les trames troubles les déluges antiques
qui enfermaient les arbres, les tours et les hommes,
les villes naissantes et les champs blonds de blé.
dans des tombeaux de boue qui n’avaient pas de noms;
     
Et dans les trames distinctes, seuls, prédestinés,
les noms préférés tournaient en cercle
jusqu’à trouver en dociles mètres amoureux
les vers remémorés, les vers promis.
        
pp. 113-115
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LA BEAUTÉ

Ah, qui pourrait expliquer la beauté !

Secrète dans son enveloppe céleste de cristal,

comme un pendule ou un ange sous un globe

qui brille et spontanément nous offre

le bonheur ou la tristesse.

Expliquer la beauté ! Nue, tremblante et dessinée

sur la poussière ou le marbre du temps que de longues

heures assoiffées contemplent, liment, polissent attentives,

comme la douce pierre où se posent les lèvres

de la mer qui traverse les tempêtes.

Schopenhauer n’a pas su la définir et en vain

Platon dans ses Dialogues l’évoqua tant de fois.

Elle tremble comme dans l’eau que l’obscurité scelle,

le parfait reflet d’une aile ou d’une main

ou d’une ancienne étoile.

Ah ! qui pourrait dire de quelles fébriles substances

elle naît, et à quel moment, avec quelles mesures

furent découverts ses visages si pleins de mystérieuses,

fugaces perfections, à l’image des parfums

infondés d’une fleur.
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Immortalité

Je suis morte tant de fois, o mon aimé,
d’une douleur insolite dans ma poitrine!
Je suis morte tant de fois dans mon lit
d’obscurité, d’amour désespéré,
que peut-être une mort véritable
me méprisera-t-elle comme ce volubilis
qui sans pitié en vain fut anéanti,
et qui resurgit dans la dure solitude
de ses fleurs rouges en détresse,
dans l’ombre furieuse de ses feuilles.
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Si en vain je suis maintenant ce que je fus,
comme le sable souple et persistant
où s’efface le pas qui l’aménage,
je n’ai pas assez souffert, amour, à cause de toi.

Ah, si tu ne n’avais donné que de la peine
et non l’infidèle et intrépide joie,
ta cruauté ne me blesserait pas,
ni à chaîne ne serait capable de m’enchaîner.

Je veux t’aimer, non t’aimer comme je t’aime;
être aussi distante que les roses;
telle que l’arbre aux branches de lumière,

ne pas exiger les joies qu’aujourd’hui je réclame;
m’éloigner, me perdre, t’abandonner,
avec ma trahison, te retrouver.
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À un poète

Ah, que la mémoire serait vaine
s’il n’y avait pas de poèmes pour l’aimer,
si ces lyriques enceintes de gloire
ne brillaient pas afin de le garder.

L’amour serait gris, gris et désert.
Ah, comme on perdrait les heures,
avec quelles tristesses dévastatrices
verrions-nous le soleil, le ciel rigide!

Nos peines ne seraient que des peines,
il n’y aurait pas d’enfer dans notre joie en flammes,
ni de temples et de sirènes surgis
de la fidèle senteur des genêts.
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Video de Silvina Ocampo (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Silvina Ocampo
Un père et son fils traversent l'Argentine par la route, comme en fuite. Où vont-ils ? À qui cherchent-ils à échapper ? le petit garçon s'appelle Gaspar. Sa mère a disparu dans des circonstances étranges. Comme son père, Gaspar a hérité d'un terrible don : il est destiné à devenir médium pour le compte d'une mystérieuse société secrète qui entre en contact avec les Ténèbres pour percer les mystères de la vie éternelle.
Alternant les points de vue, les lieux et les époques, leur périple nous conduit de la dictature militaire argentine des années 1980 au Londres psychédélique des années 1970, d'une évocation du sida à David Bowie, de monstres effrayants en sacrifices humains. Authentique épopée à travers le temps et le monde, où l'Histoire et le fantastique se conjuguent dans une même poésie de l'horreur et du gothique, "Notre part de nuit" est un grand livre, d'une puissance, d'un souffle et d'une originalité renversants. Mariana Enriquez repousse les limites du roman et impose sa voix magistrale, quelque part entre Silvina Ocampo, Cormac McCarthy et Stephen King.
Pour lire les premières pages : https://bit.ly/3fzyoiW
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