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Critique de mh17


Un roman bien barré
C'est un roman très dérangeant mais parfaitement maîtrisé.
Mari, la narratrice, a dix-sept ans. Elle est réceptionniste à l'hôtel Iris, un établissement miteux situé dans une ville balnéaire. Elle vit avec une mère dépourvue de tendresse, acariâtre, pingre, vulgaire. Sa vie bascule quand un soir, une prostituée sort de la chambre 202 en insultant son client, l'accusant d'être un sale pervers, un vieux salaud. Un vieil homme élégant et distingué sort alors à sa suite en disant " Tais-toi, putain ". La mère le chasse mais Mari, fascinée par son sang-froid, sa majesté et sa conviction décide de le retrouver.
L'histoire parfaitement immorale est racontée dans un style sobre, épuré, sans affect. La narratrice décrit sa passion masochiste sans la remettre en cause, comme si elle était banale. Le vieil homme lui plaît et c'est tout. Ils se voient sur une île et Mari nous rend complices des stratagèmes utilisés pour tromper la vigilance de sa mère et de la femme de ménage, personnages détestés. Elle décrit donc minutieusement les humiliations que le vieux lui a fait subir en y mêlant des réminiscences de moments tendres vécus avec son père des années auparavant. Celui-ci est mort, violemment. Le vieil homme est lui-même un personnage double, tantôt paternel, tendre, affable, maladroit, tantôt effrayant, violent, sadique, morbide.
Est-ce la réalité ? Est-ce un cauchemar ? L'histoire baigne dans une atmosphère de torpeur estivale propice à la fantasmagorie. Des poissons morts par centaines vont venir s'échouer sur la plage, raccourcissant la saison touristique. Les lieux sont eux-mêmes irréels. L'hôtel Iris comme un îlot de vulgarité et l'îlot du vieux pervers, à l'écart des conventions. Au milieu de tout ça un neveu aphasique qui a subi une ablation de la langue...
Une lecture dérangeante, des interrogations, des énigmes, une écriture reconnaissable. De la littérature.
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