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Citations sur Hôtel Iris (70)

Derrière moi, il m'observait, les bras croisés. Je sentais son regard perçant sur mes fesses. Il en détaillait les moindres recoins. Il avait une connaissance bien plus profonde que la mienne des nuances de ma peau, son relief, l'emplacement des grains de beauté, les courbes subtiles.
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Pour moi cependant, le moment où, ayant reconnu son écriture, je lisais subrepticement sa lettre dans l'ombre protectrice du comptoir était le plus important de la journée. J'ouvrais l'enveloppe en la découpant avec précaution et lisais la lettre trois ou quatre fois avant de replier soigneusement la feuille de papier dans ses plis.
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J'en suis au point où je suis incapable de faire la différence entre l'envie de te voir au plus vite et celle de continuer à t'attendre indéfiniment.
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Il est arrivé à l'hôtel un peu avant le début de la saison d'été. La pluie qui tombait depuis l'aube n'avait pas cessé de la journée, pour redoubler de violence à la tombée de la nuit. La mer était houleuse et d'une morne couleur grise. A chaque allée et venue des clients, la pluie s'engouffrait en rafales qui venaient mouiller désagréablement le tapis du hall. Toutes les enseignes au néon des magasins du quartier étaient éteintes et il n'y avait personne dans les rues. Lorsque de temps à autre une voiture passait , on distinguait les gouttes de pluie à la lumière des phares.
Je n'allais pas tarder à fermer la caisse, puis éteindre la lumière du hall avant de me retirer. C'est alors qu'un bruit effrayant éclata soudain, comme si quelque chose de lourd venait d'atterrir sur le sol, aussitôt suivi d'un cri de femme.
Ce fut un cri long, interminable. Tellement long qu'on aurait pu penser qu'en réalité elle riait.
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Il ne négligea aucune partie de mon corps. J'ai senti pour la première fois que j'avais des omoplates, des tempes, des chevilles, des lobes aux oreilles et un anus. Il les caressa soigneusement, les mouilla de sa salive, les goûta de ses lèvres.
J'avais fermé les yeux. Parce que ainsi je pouvais sentir beaucoup plus crûment à quel point il me faisait des choses déshonorantes. Le vinyle du sofa me collait désagréablement au dos. J'étais censée frissonner, mais je suais à grosses gouttes.
À un moment, il s'est aventuré au milieu de mes poils pubiens. La seule proximité de son souffle tourmentait mes nerfs. J'étais déchirée entre l'angoisse de savoir ce qu'il avait l'intention de faire et le désir d'être bafouée encore plus impitoyablement. De cette déchirure sourdait comme du sang un flot de plaisir.
Les doigts écartèrent les plis un à un. La langue fit rouler le petit grain se trouvant tout au fond. N'en pouvant plus, j'ai essayé d'y échapper en criant. Mais la langue n'a pas lâché prise. Sur la muqueuse humide, ce petit grain fragile se rétractait, effrayé.
Les doigts se posèrent à tâtons au bord des ténèbres. Nous y arrivions enfin. Tout dans ma toison allait être mis en pièces. J'ai voulu essayer de refermer tant bien que mal tous ces replis, de peur de les voir se désintégrer avant le plaisir. Mais le lien qui serrait mes jambes ne bougea pas d'un millimètre.
Les doigts s'étaient introduits dans le noir. L'homme pénétrait sans hésiter là où moi-même je ne m'étais jamais aventurée. L'extrémité de ses doigts tournait dans l'interstice entre deux parois de chair tiède.
- Arrête ! Ai-je crié pour la première fois de toutes mes forces. Il m'a giflée sur les deux joues. Les résonances de ma voix se sont interrompues, j'ai été assaillie d'une douleur nouvelle. J'ai pensé à Marie dans son écurie. N'était-elle pas elle aussi frappée à coups de cravache ?
L'homme essuyait sur mes joues les doigts qui tout à l'heure encore se trouvaient au cœur des ténèbres. Mon visage était humide de quelque chose de gluant.
- Ça te plaît ? me demanda-t-il. J'ai bougé le menton. Je ne savais même pas si c'était pour acquiescer ou pour nier, et de toute façon, ça m'était égal.
- Ça te plaît, hein ?
Il plongea soudain quatre doigts dans ma bouche. Suffocante, je tentai de réprimer un haut-le-cœur.
- Alors, qu'est-ce que ça a comme goût ?
J'essayais de les repousser avec ma langue. De la salive coulait du bord de mes lèvres.
- C'est si bon que ça te fait saliver ?
J'acquiesçai, avec l'énergie du désespoir.
- Débauchée !
Il me gifla encore une fois.
- Oui, c'est bon. S'il te plaît, continue. Je t'en prie.
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Je trouve que c'est un travail merveilleux de donner un sens à des mots qu'autrement on ne comprendrait pas.
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Je ne me sens pas triste parce que je suis solitaire. J'en ai fini avec la tristesse depuis bien longtemps déjà. Ce n'est pas ça, c'est plutôt la sensation que moi aussi je vais disparaître sans bruit, aspiré par une fissure dans l'atmosphère. A une vitesse ahurissante, à laquelle nul ne pouvait s'opposer. Si l'on y est entraîné, impossible de revenir en arrière. Je le sais bien.
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J'aurais dû avoir mal partout. Cependant je ne sentais rien. Mes nerfs s'étaient désespérement noués quelque part. La douleur qu'il me procurait libérait une douce langueur dès qu'elle franchissait la barrière de ma peau.
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Je me suis dit que je n'avais encore jamais entendu un ordre résonner d'une manière aussi belle. Il en émanait sang-froid, majesté et conviction. Même le mot "putain" avait un accent aimable.
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Mon reflet sur la vitre avait l'apparence d'un insecte en train de mourir. J'étais un poulet accroché dans la chambre froide d'un boucher.
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